Entretiens politiques et litteraires - anno II - n. 11 - 1 febbraio 1891

DEUXIÈME ANNl~E. - VOL. 11 PR.IX VINGT-CINQ CEN'l'UIES ENTRETIENS POLITIQUES & LI'ITitRAIRES SOMMAIRE: J. - Henri de RÉGNJEn. - A Propos des Mémoires <l'un homme de qualité. 11. - Alphonse GERMAIN. - Aux Intellectuels. III. - Paul ADAM. - Au Vieillard ... IV. - Erlmond CouSTU!UER. - La Paix chez soi et :.\ 1'1•).• térieur. V. - Bernard L,\.ZARE.-Les Fleurs. VI. - Francis VIEL&-GnIFFIN. - Le Banquet (l'hiel'. Vll. - Notes et Notules. PARIS 28, HUE DE BRUXELLÈS; 28 Le 1'lr Février 1891

ENTRETIENS POLI'l'IQUES E'l' Ll'l"l'l<:RAIRES Paraissant chaque mois. Abonnçment : UN A.."I. • • • • • o francs. (Tirage restreint sur Hollande 20 fnlncs) Pour abonneme~•ts., dépôts, etc ••• , s'adresser directement à 1\1. Berna.rd La.~a.••e, 28, rue dt, Bruxelles. En vènte au numh ·o cite;· : ED,MOND BA.ILL y MAR.PON et FLAMMARION id. id. DENl'U • LÉON VAN[ER $ÉVIN TRESSE et Smcl< ,BRASSEUR" SAVINE : L03R.\.IRlEDUMERVElLLEUX: L), Ghauss6e d'Antin. ,Boulevard d~s Italiens. Rue Auber. Avenue de !'Opéra. 19, Quai Saint-Michel. Boulevard des Italiens. Galerie du Théâtre-Frauçais. Galeries de l'Odéon. 12, Rue des Pyramides. 29, Rue de Tré1·isé. E1' ..à. BORDEAUX à Nn.œs à la Librairie lllustrée de la Gironde. chez A. Catelân, rue Thoumayne. à BRUXELLES à LŒGE chez Lacomblez, rue des Paroissiens. aux.bureaux de la \Vallonie, 8, rue St• Adalbert.

A PROPODSES)LŒNIOIRES u-o:-,;- 1-10:mm DE (JC.-\.Ll'l'I~ :\f. de Goncourt est certainement un << homme de qualité)), un peu comme l'était au XYH" siècle Gédéon Tallemanl des Héaux et comme le devint, plus t.1rd, par ses rxcellcntcs fréquentations, cc petit hütard d'nn chanoine de la Sainle Chapelle, Sébasticn-l{och-:J\icolas, qui fut :\f. de Chamfort. Le terme d'homme de (1ualilé n'a de sens, ,l nos jours, que si l'on entend par là un peu antre chose que ce qu'il rt,1it coutume jadis d'appeler ainsi. On peut, je crnis, l'appliquer it quiconque dont la naissance (sans rntérêt pour la manie des généalogistes qui ne s'en prennent qu','t des minuties de filiations vériiiées et sont plus soucieux de !"ancienneté des origines que des mérites de l'hoir qui les rnntinuc.1 n·a rien de médiocre sans aYoir quoi que ce soit Lli' li ustre. L'homme cle qualité moderne est simplement celui qui est né en des conditions favorables it le faire participer à rr1tains aYantages sociaux et ù (les prérogatives dont jouirent, par hérilage ou par acquisition personnelle, ceux que l"ont engendré. Autrement dit : de quelque notoriété ou d'un état d'ttisance dùs il des évènements préalables dont il profite, le jeune homme obtient à son entrée dans la vie une place to11te faite dans un milieu déterminé qui l'enregistre pour l'un des siens ct lui facilile, par une sorte de connivence r{·gulière, rétablissement ordinaire de sa destinée et en assure le déYeloppement normàl. De plus, il a quelquP- chance cl'aYoir hérité d'une disposition natl\·c ù culti rnrcertaines nuances de caractère où se BibliotecaGino Bianco

- 31, - retronYe la trace du milieu l'légant, intelligent ou lionnèle croù il proYient. JI arrive ainsi dans le 111onclemuni crun petit pécule de goùts distingués et même dïiabiluclcs pliy:;iquc~ qui lui renùcnt vite ai'éc la pratique de la politess(', du :,aYoir Yinc et de quelques antre riens qni plairont potirrn qu'ils soient aidés c1·unetournure de corps satisfaisante et iuclispensable ù faire Yaloi1·lcs bonnes manières et ·crds <les quelque agréments de l'esprit par où l'on s·attire l'approbation de se:; semblables clans lelll' commerce quotidien. li y a as e;r. loin cr<'-lrecela - qui peut ~·acquérir en .·omme et où il n'est rien dont·on ne puisse St passer aYec un peu de génie, ou de l'impe1-tinence - .'.tcc que j'appellerais un« homme de race. » Celui-ci est un personnage particulier qui a comme une cons,iienc,: historique de sa filiation illustre on inconnue, qui sent surùvre en lui le legs lles Yieux figes ou des époques innommées et se sait appelé à .réaliser en lui quelque gloire sec1ète dont l'obligation est venue jusqu'.t lui. Jl agit au nom d'êtres disparus dont il suit la tradition muette ou notoire en les fastes des Temps. Ce fut CMteaubriancl par exemple ou \ïllien,,ùe l'Isle-Adam qui, par une illusion prodigieuse et sublime, s'incarna ce qu'il se croyait de toute la force de sa royale ima<rination. Cc sont encore certaines personnalités respectaJ_;jcs mais un peu maniaques par qui finissent, en de Yieux et massifs hôtels, entre cour et jardin, parmi cette époque qui les nie, les plus hautes et les plus ducales maisons. De ravis de tout ceux qui l'ont approché et du sien. ::\I. de Goncourt est un homme de qualité. Plusieurs foi~ au cours de ses écrits il re,·endique celle disposition d'esprit et de mœurs, parfois, pour s'en féliciter sinon_pour y attribuer certains déboires. La man mise issue qu'eût, une première fois, it la scène, Hemiette Maréchal fut motiYée selon l'auteur par une suspicion cl'aristocratisme. Ce mot : nous sommes des aristocrates, :M. de Goncourt le prononce souvent et en particulier lorsqu'il constate la répugnance de son goùt d'homme bien élevé pour des recherches locales que nécessitent les lines qu'il Bibhoteca Gino Bianco

- 35 -- COlllpOseet pour lesqucb il a besoin de« mouclrnrder la Yérité. )) Pour se ùéla. ser de cc mélier, si on r.n sent les inconYénients, to11s les mo~·cns sont bons. Les Goncourt en choisirent un cxqui,;. En un temps d'histoire confornwù leur goùt et d'où lelll' esprit semble dater, il;; se bàlircnt un paYillon rn un parc paré, parmi des bo,-;quets ilcuris, :sous un ci<'l pornpJnn(•. EL Jù, en une sorte de boudoir inlcJJectueJ, ib s·exilèrcnt an pays cl'A:1gola, .\ Paris ils se créèrent un lieu analogue embelli de toutes les ressource,; de la curiosité et, parmi des mobilier,; et des étoffes assortis it l'époque de son Yisagc, on aime ù :se figurer :\I. de Goncourt comme une sorte d·ascète du bibelot, en une solitude ornée. a,·ec cet air d'enseigne de rnisseau du temps du Grand-Hailly <1uiaurait 1rn,·igué au Japon. Le Yisagc connu du célèbre,écrivain donne assez lïmprcssion de quelqu'un de l'autre siècle qui e,;t beaucoup du nôtre, de toute la perspicacité de se,; yenx aigüs et scrnta1eur:s. Et, clans l'allure il y a je ne sai,; quoi de hardi et de brisé qui Je fait re::;,;embler à quelque parent qu·on aurait en d'émigré et qui aurait trop longtemps séjourné ;i Coblence. · La Yic de :\L de Goncourt manque d'anecdotes. Elle o::;t trb simple, toute do trasail et de célébrité acquise laborieusement, tra,·crséc d'un deuil irréparable devant lequel on ,;'incline. Comment se fait-il que l'opinion d'aujourd'bui soit .-i sévère à :\I. de Goncourt. Xon point, lant l'opinion qui discute les œuvrc:; (encore qu'elle commence à revirer quelque peu), mais l'opinion qui commente les fails et qui s'e:;t émue ù l'excès du Journal. Comment cet écri- ,·ain de bonne éducation intellectuelle et sociale a-t-il pu encotnir le reproche d'aYoir manqué de tact et ù ces petit:; dc,·oit·s <le courtoisie qL1'impose la conternporaineLé envers les personnes aYec qui nous arnns l'honneur d'être en rnème temps sur la tene. Les Goncourt n'eurcHt guère dïmagination, du moin,; créatrice. Ce qu'ils en montrèreHt fut plutôt une faculté E hint c Gino E~1 r

- 36 - coordinatrice et minutieuse, une certaine habileté ,l faire ,-aloir et à mettre en œuvre les matériaux que des yenx aYides à tout saï ir des aspecls cxtfrieurs et des oreilles Yi1·es ù retenir et it bien entendre les f)l'opos de la rue, des salons rt du fumoir et it en garder a tournure caractéristique leur procur:ti('nt. La littérature où ils aboutirent après aYoir rôdé autour de la peinture leur apprit ù déYelopper cl ;'t raffiner ces dons perceptifs. De lit ils se firent une manière d'écrire très-Yirnnlc el épidermique et une fa('on de penser par petites formules condensées. Négligeant de ::;e trop préoccuper de la ((phrase» qui est sYnthélique et absorbe beaucoup d'éléments pour sa nutrition producliYe, ils s'ingi•nièrent ù souder les mots en « expressions n e1 y excellèrent. Leurs romans sont fhahillage pittoresque et ingéni('ux toujours de carcasses bien choisies et agencées avec soin et ils y eurent une réussite, un tour de main, un chiffonn(, exquis. Par la qualité et la finesse du détail ils redonnèrent de la nouveauté, de racl ualité p:;ychologique à des personnages sans beaucoup d'invention, et, d'obserrnLions multiples et un peu disparates mais ordonnéi·s aYecun flair délicat ils établirent des psychologies presque plus olfactives que rationnelles. Cette conformation d'esprit, inquiété, tracassière et peu réfléchie demandait ,'t êtrû alimentée perpétuellement par le contact journalier des êtres et des choses. La petite note quotidienne clans le souvenir ou sur un coin de calepin en fut le moyen. Elle eut lieu patiemment, forma des cahien, des Yolumes, devint un livre. Le joumal de üoncourt est une pièce unique dans la littérature. li y avait le journal de .Dangeau mais il n'était que compendieux. Il y eut les Mémoires de Saint-Simon qui disaient tout d'une époque à la fois décorative, et obscène, avec pompe et crudité mais avec une telle tournure historique, une BibliotecaGinoBianco

- 37 - lclld suite en leur rédaction hautaine, rancunière et contournée quïls déconcertent le commentllire. Il y eut les confcs ion,; de Housseau, f1pre,;, circonstanciées et sophisti<1ues et rœnn-e crun homme clïmagina.Liondespotique acharné sur lui-même. Mai,; 1·oic:ique le .Journal des Gonc·ourt est des constata.Lion;;immédiates, en Loule la fraicheur de leur nolation au jour lcjonr, à la. fois l'C'lrospectiYeset présent.es, J"œn- \'l'Ccrun Yivant sur des Yinrnls on sur des morts que ecrtains ne se sonYicnncnt plus a1·oir oublié pour e croire le d1·oitde les défendre. L'a1·enturc, celle foi', c t bien nouvoile et un peu périlleuse surtout si l'on songe que l'autcul' est un homme tl'obscn·ation peu imagina.tif et qui ne YCutpoint l'être du tout. Celui ,1ui est ainsi constitué risque fort de manquer dïndnlgencc car on com·iendm quïl faut un pen d'imagination aJin de juger les hommes a ·sez a.utrrs qu'ils ne sont pour les croire ce quïl::; cle1Taient être. Comment monsieur de Goncourt s·csl-il comporlé cnYCrsles choses, erwer: lui-même, erwcr:; aut.rui? Envers les chose,; : les paysages de te1Tc,de mer et ck ciel sont charmants au cours de cc line. La ma.nie discriplisc cle !"époque y a. trou 1·éson maitre. La Yerdure verdoie, l'eau miroite, le ciel se nuance aux épithètes précises et inattendues. Le mot fixe souvent de l'indéfinissable, il prend la forme de l'objet, le contient, l'environne, se l'appropie et en est la reprrsentation exacte. , 11y a.pour dire tout des trouvailles ingénieuses et nes syntaxes dont le jeu excite un plaisir à le voir équivaloir it coup sùr aux exigences les plus imprévues. Envers soi-même : Lù, en tout ce qui concerne le soi, le fondamental, le secret cle l'être, .existe une singulière parcimonie psycholooique. Il y a des confidences d'écrivain,jamais d'homme. Du reste la rédaction par deux auteurs, si conjoints, si identiques, si jumeaux qu'ils aient été, interdisait l'ex pression d'investigations qui eurent lieu peut-être. B1bliotecaGinoBianco

- :18ll n'y,, de m 1.nifestc en cc oagc;; que l'opinion littéraire que qaelcp,·un peut a,·oir â\·oi1· de soi-m.}me et en Je tas cette opinion est c,u·ieuse lù, assez juste en somme, Hn peu complaisante. Certaines idées auxquelles les aulclll's attacha.ient sans donte une importance ont rHJtu la forme anonyme de la maxime. Elle sont intéressantes, cncora quïl faille se méfier en cesspirituellesbontaclcs de ce qu·clJcs ont d'artificiel et qu'elles ne• soient d11es au S'.)llCic1·a1·oirpensé brill,1rnm0 ntù la Chamfort plutùt qu'.'1. 1.rn rnC' ·oun·i d'opinions personnelles. En rnrs les au tl'es : 0:1 ne p:ln t pa.c; cl ire qf1e :.'IL cl~ G1ncou rt ait j ug.'.l ses e:rntemrorains. Excepté pour Flaubert dont il Yoit a1·et_; inrrniélude h manière de trnrnil, d(, :-:i:ünte-Beu1·e (fUÏl r:3p1·ésente cJmme un godelul'eau de Port-lloyal, de :-;,1.intYictor quïl S'lmble haïl' ;tvec rnison, de :.'IL Renan qu'il trou1·c trnp pen,u1" et de BJ.tudelairc qui l'horripila il se contente de les cn1yonncr et de les laisser parler ... C" sont ces phonographics qui soule1·èrent tant de mécontcnlem nt parmi ceux qui Cl'tll'CntaYoirùs·en plaindre et cJux <fllicroient quïls 1ùHHont pas ;'1. s·en louer. fi~- eut des r.'.:clamation p:1bliques; il y a des r.:criminal.ion tacites. Je crois qu'on a été bien loin en tentant de faire de monsieur de Goncourt une sorle de d'faleur, un \ïeil- ~:1stel, artiste. 11 y a plut:)t inopportunitc qu·autre chose, si toutefois, comm on Rime à le croire, et comme M. de Goncourt le dit« le souci de ]a vérité >) est la raison de tout cela; mais si, c:rn1me quelques personnes lïnsinuent, il n'y a au fond de cc.~tehàte ,·t faire une publication prématul'ée qu·un a son ci de scandale» ce dont on aime à douter, le tort serait grn,e. . ~e serait-il pas plus simple de supposer que i\I. de Goncourt a 03cillé entre ces deux remarques de Chamfort: Qui cl it quelque pa.rt: « Ce qui c,-t vrai, ce qui est instrucLif c·est cc que la conscience a·un honnêtr. homme qui a beaucoup ,u et hi"en rn dit ù son ami au coin dn feu. Quelques-unes de ces conversations-là m·ont plus instrnit que tous les livres. )> Bibliotera C1 o

- 39 - .Et ciui quelques lignes plus haut disait: « Ce qui se dit dans les cercles, dans les salons, dans les soupers, dans les livres, même ceux qui ont pour objet de faire connaitre la société, tout cela est faux ou insuffisant».· Si le journal des G011court est souYent cette conYersation dont parle Chamfort, il est aussi, et un peu trop souYent, ces propos de salo11set de soupers que l'aYisé moraliste avait en si juste suspicion. Henri de Hf:C:,:smu. Bibl,otecaG1roB1drco

AUX lNTELLECTUELS L'Etat po11r1·ait s,itder i<• lah'nl, r·,111111~ il solde la Baïo11ncltc: m:1i~ il ll'Cll1l,t,, d',~1,,,.ll'ompi• J)Hl' lï1olllllll' dïntclligcncr c')ntm<' si l'on pouy;1il lon~li•1np:--<·011t1•pfair1' l" ~t•ni1·. lfonor(• d,• B,11.z.,c. En perdant la Foi, une l'ace perd la notion clr l'Art et du Beau, l'.wènement nu pouYoir de la bourgeoisie YOltairienne avait matérialis( J'e,;;prit, la laîcisalion de l'en::;eignement a prosarsé les ùmes, l'enYahisscm1ent des termites de la médiocrité achè1·c de me. quiniser les senlimcnls cons:'qnence logique: l'intclleclnel mis au b,lll de la société. li :seLrourn des vésanique::; pour doler lïnstilul <le prix oiseux et un Villier::; de l'lsle-.\.dam meurt clans l'incli· gence. La i:;ociNé se pulrélie d'une telle i:;yphillis morale qu'elle n'a même pas la crùnerie de s'aYouer se::;haines, elle se Jes dissimule sou::; des euphémismes et n'en mord qu'avec plus de hargne. Le fait-divers, les courses, Jes exhibitions cle femmes, voiUl ce qni passionne l'opinion publique; est dédaigné le livre nouveau s'il ne parle ù hl bète ou ne scantlalise, et, sans Je rire des sots, l'œuvre d'art ne se remarque mie. Aussi, l'f-poque s·jlmbête de 1ùt1·oir en guise de Paraclet que le joumal d'informations, la coulpe entraine lè dégoùt de soi-mème, le spleen et l'abrutissement cortègent le scepticisme. ll faut visite1· les Mandres et la Hollande pour se rendre compte de la quiétude, du bonheur d'un pays aimant son art; Amsterdam a le culte de Hem bran dl, Anvers celui de Rubens; en France, la classe supérieure dresse des autels ù la fille bête, la classe inférieure au litre. BibliotecaGino Bianco

-- li.l -- .A Paris, on n·en est encore CJLÙt l'i1~différence, mais ù une indifférence prodrome de l'hostilité, il suffit d'une œuHe pour inoculer it la capi talc la haî ne féroce de la province contre toute créatlll'c d'exception. Toléré aujourd'lrni, qu'a cl viendra-t-il ù lï ntellectualismc demain? Gràce ù un électorat lcurrnble autant qu'un Géronte, la i\1é>diocrité gagne du terrain, si rien n'arrrte so11érnsion, - et. pour sanver un peuple de cette sphacèle, il font un miracle, le règne se changera Yite en tyrannie, l'inlellectuophobie sé\'ira chrns ton te sa fureur. î--os ancêtres les Celtes, honorant les Bardes comme une des trois colonnes de la nation, leur confiaient la mission sacrée d'entretenir la vertn guerrière; les Bardes de ce siècle, on les enâgimcnte au nom du progrès, il ne sont plus une lyre mais un malricnle, et leur qualiti~ ne sert qu'ù les cl{,signet· ù la pluricité des humiliations. Nos artistes, l'aclminislration le,- t1aile un peu moins poliment que ses garç-ons de bueeau; quand aux hommes d'état improvisrs par le parlementarisme, aucun d'eux 11·0:3erait imposer le Génie à la conlemporanéilé, ainsi que firent Louis II ponr Wagner et Î\ apoléon III pour Cnrpeanx. Et ne nous plaignons pas trop, malgré l'antériorité de si nombreux rnnclali:3mes, les propriétaires dirigeants n'ont pas encore osé transformer l\otl'e-Dame en maison de rapport. Ah! les prolétaires des usines ne sont pas les seuls damnés de 1.'ordre social, le sort de l'intellectuel sans fortune est autrement plus terrible. Trouvant toutes portes fermées au cléjncher des écolesspéciales, honni partout, vilipendé par tous, il ne peut ni tirer parti de son sarnir, ni se lancer dans une autrr carrière. Le YoilAmartyr livré sans défense anx fauycs. A.lors commence la course ù remploi don teux, aux inréYables besognes; la méchanceté soumoisc l'accable de vexations et d'avanies. il lui fant subir les commisérations fielleuses des bêlitres et les morgues hyperméprisantes des plus Yils drôles, ... chance inespérée s'il parvient it troquer sa dignité contre un morceau de pain. Un intellectuel it humilier! c·est, pour le Yulgair·e, jouissance de peau-rouge insultant son prisonnier au poteau du supplice. Ali! tu représentes le Beau et te réclame:3 de l' Art, ah! tn refuses le salut an casque ù mèche d'HoBibliotecaGino Bianco

- '1'2mais, ce Ge3sler n1J:lerne, et tu \·iens, li Hé par la malefaim, te mettre entre m:is griffes, p:.tr los droits de l'homme! no~1sallons rire . L'l.3 tot·tnre3 m'.)rale3 con~omitant la boulimie, conçoiton pires affres? et, lequel souffre le plus, de l'ounier qu·un chêllnrtga mom3ntan~ force lui et los siens aux privations matérielles, ou de l'intellectuel, serré d'espérance, qu'emp}che le <.l"nùm3nt d'enfanter ou de publier l'œunr lon); 1cnnnt caressé:f? Toat ètre d'élite, to:it idéiste Yoyant au-dell de son éporruc, là m1sse l'englobe sous cc mot : po8te, terme en sa b'.).1chcdu plus intense mépris; po}te ! l'adipeux boursier it sènsorium de gorille le baxe en guise de suprdme dédain; il n'e3t pas jusqu'ù. la progéniture du dernier des loquete:n. qui ne grim:.tc3 mY1ueusement lorsque ce vocable, [)'.)~te,fr,tpp3 son oro'.)illo de et c"mmineuse. Sans l'fnt llectif, une n:.ttion se nihiliserait dans l'his- !oiro des siècles, - bah! qu'ont à s'inrruiéter de pat·eillo v~tille le., incon~eptuels de toute infinitude. Vine pour et par lèipoésie! est-ce qu'.l le, dyscœliens de l'économie polilique peu\·ent adm3ttre un9 aussi alnsive prétention! Quelle force-teavail cela repûsente-t-il les rythmes'? et que serrnnt les r~veJ.r.s au roJ.aJe c1·une société pratique et utilitaire? ... D'.)nc, ils 1B comptent pas. N,üi\·em,mt 1n:.1.lérnle,le public de\·ient cmel, sans le frein d'une ci·oy,tnce ..... Oh' surpronche l'inattingible, obliger it ramper ce qui ascensionnait! Joie bien douce it no.:; incultes, ces sanva:~e.3 c1 s ci\·ilis,ltions. Tonte ftme basse est poss~dée du désir destrudenr des belles choses, e,t ht l'·gan·le inite ceux qJ.i ne raspectent pins la vérité. C')mine le gll'nement livré à lui-même se plait à mutiler l'insecte diapré, parce que joli et faible; de même la multitude ignarn, garnement grandi, se complait ù briser les ailes de l'[déal, heureuse de déparer la pulchritnde; - dilettantisme de triballe encoura 6 é par ces éducateurs des bas-fonds, les fils de Tribulat Bonhomet, q,li, s'ils trouvaient le cadavre d'un nouvel Orphée, lui ouvriraient le cœur pour y chercher l'lnscrutable. Le populaire, (j'en tend; bourgeoisie aussi bien que prolétariat, leur intellection s'identisant par la même grossièreté atavique) le populaire a le sens du grotesque, il voit BibliotecaGinoBianco

-- Li3charge et le Beau J'offusque: rnvicux de 1oute supél'ioriU'. morale ou ,piriluclle, e"est aYec lïmmondc assou,·i sement clu rustaud profanant l"au tel, ou du soudard polluant réphèlw, qu'il s·éwrlue fr cra<11er sur l'Aèdc. Capilafü.tes ou prolétaires au pouYoir, cc sera loujoms un gom·ernement haïs,cur de lïn1ellec1ualiH; au fond, rien n'est plus bourgeois qu ·un ~ocialiste, sa doc tri ne tient tout entière en la ocialisation des moyens de procluc 1ion et cc~se son alti uirn1e aux confins de rnn intéret imrnédia.L Si encore la démocratie ne songeait qu·.-i:catisfaiie ses appétits Lru taux de Yentre et de b<1s-wn1re, rm· rnalh< ur, ~e,- courtil:'ans l'ont tellement eno1gueillie de sa ~ouYe1ainelé qu·ellea pris son rôle royal an sérieux: JJosrnseet ia·seusr, elle nfficlrn Mjà lïnsolence du pan-enu et, en progn.mmant liberté elle rê\"el'ahsolufünie <lu t·:11·. Hien ne l'exacerbe ccmmc cc qui s·élèYe rnr la i::eulc puiss3ncc du talent, J"hyper~cricn outr::ige sa 1uipitude, raristique ~a triYialité, et le lettré qu·elle igno1e, elle le susrcclc, le déteste, le consiclè1c ~on Em1011i..... ne ra êlH: ccn.me les au Ires! irrémissilJ!e a1tein1c ,\ H gali1arü me. Et l'Eglise qui cnroie bien loin ses missionnaires cali'- chiser, au l)éril de leur Yic, des reuplaclfs incapables de saisir le. cnseigncrnenls du thristianhrne, l'Egii~e 1ù1pa:-; cru deYoir se donner la peine de rnoiafüer nos fauLcurgs, de di~puter le pria :rn 1;oli1icicn. Ah! il a beau jen le rat{• qui s·rn rn qu{rnander les suffrages de déshérités et il 1~rnl, ftns que rien ne le gfn(\ · paro;xyrn1er leurs pica,, tcl.oLer le u1s ]mine. et tra, ailler à 1ransmuer la Frnnce en maladrerie poli1ique. Ah! ils ,P moqurnt un ]'EU les d{molcthoc-les de nrngni1ucfüer J;i plèbe; cabolins insc1 u1 uleliX. jalcux c1 ccntrn1p1(ll!S de tout mérite, sopl1is1es inaperceptirs ou ::mbi1icux ap1è1es. ils ont jugé que Je meilleur moyrn de faire ]nu. aflilire,.- était de cliJ'iger celles de leur pays, el le pa)"S les lais~ agir, car, rnérl'trice cl u suffrnge uniYersel, au( un aYilisscrnent ne leur coùle. Quelle pi1ié ! Qu'ai tendre de ces impuissants it faire grand dans le mal ainsi que dans le bien. sinon les tracasseries, la pe1~écution, exu1oire ù leurs laideurs, contre les champions du Yerbe. Cela semhle hyprrbolique, mais le présrnt nïncile-t-H pas aux plus sombres conjectures? L'intellectuel, (artiste BibliotecaGino Bianco

ou écriYain) obligé de trasailler dix ans pour le. autres, (:'1 quoi't et dans quelles conditions!) a,·ant d'œuuer ponr l'Art, aurait-il une Yieplus lamentable sïl était captif chez les Patagons? s'il ani\·e it Yi He de sa production, n'est-il pas exploité par les intermédiaires plus rnpacement que l'ouvrier ne .l'est.par son patron? Et qui s·en préoccnpe? Le politicien n'a cnre de celte non-Yaleu1· Heclor,1le, le sociologue n'a cl"yeux que pour!e producteur manuel, et le mécène qui .1giote sur la célébrité lai:,se sans re1Hords creYer en leur aire les miséreux fiers et dignes. Ne serait-il r•as temps, en Yérité, que les intellectuels se préoccupassent de se défendre el contre ranlipalhie ambiante et contre .l'exploitation. Pourquoi, en dehors de tout cénacle, ne formeraient-ils pas une solide alli,rnce, quelque chose c·omme une ligne harn;ratiqnr:' .\lphonse (JJ.:1rn.,1x. BibliotecaGino Bianco

AUVIEILLAHD! Songes-tu parfois au passé de tes ans parcourus, ... - décoré certes, le col doctrinaire, le sourire de barbe blanche affable comme si tu n'avais pas consumé ta vie à piétiner l'honneur de la race et à offrir le sang du peuple en sacrifice au veau d'or. Rappelle-toi un peu,bon Yieillard litho~_raphique. Laisse un instant la prose de Francisque Sarcey que tu Mgustes avec une si fine gourmandise, enfoncé clans le fauteuil du cercle dont le veloms rouge ù crépines d'or symbolise enfin le sacre de tes idées triomphantes. Rappelle-toi la gloire de fénicr 184.8, où tu coutribuas, polytechnicien peut-être, étudiant chevelu sans doute, armant de cocardes les bonnets des grisettes pour conspuer le parapluie vert de Louis Philippe Roi. Acclamastu avec virulence la cravate de Lamartine et les épaulettes de Cavaignac! Et, pour mieux tromper le naïf prolétaire que tu envoyais dépave1· les rnes aJîn de te gagner une situation dans un gom·ernement neuf, comme tu fraternisas avec les mains calleuses et t'enivras d'absinthe humble, dans les cabarets du faubourg Saint-Jacques! Mais lui, moins bête que l'espérait ton ambition d'alors, te brûla la politesse bien avant le 2 décembre. En vain, essayas-tu de l'exciter contre l'énergie du Bonaparte installé. L'appel au Peuple démentit la valeur de tes déclamations. Il te fallut retourner la casaque, applaudir, pour le bien de ton avenir, à l'expédition d'Italie, aux excursions de Chine et du Mexique, vilipender la verve des pamphlétaires, invoquer l'ordre, la morale, tandis qu'au fond de toi, tu applaudissais Flourens fauteur d'émeutes, renversant les voitures de vidange dans les carrefours, et, cachais sous les piles de mouchoirs la Lanterne de RocheBibliotecaGino Bianco

- li6 - fort et te Dirtùle ri quatre. Ce qni ne t'empêchait pas d"ailleurs, aux jours de plébiscite de Yoter oui clans la penr que ton sentiment déYoilé ne fil perdre la sinécure dont se flattait ta famille. Entre temps tu soudoyai;; de lm1.Yosinf,\mes Lüroce immoralité de !:t liltératme icléalistc, lïdé,d, l-tant selon toi. la glori ficalion de l'ad nllèrn, (les amon rs ill{·giti mes, rabaissement du noble pal' les mcssieur,; Poirier de rn,=;\'.•,; dramaturges, etl'exaltation de la courtisane mourant d'amour pur sur la syntaxe naïYe cl"unbâtard de lettres. Les Feuillet. les Cberhnliez, les .\_ugicr, les Dunrns besognèrent ponr déi11er tes plus ignobles instincts, clrnnter ln gloire de la gouje et lln noceur. et implanter la suprématie du Tra11c en rninant les IJelles erreurs de la Force, de la Loyauté et des Trnclition~. Tn t'indignais h rapparition de .Maclame Bor(l1·?J, ,·l la publication des F'teiws cru mal, ;'1. cela sen! de beau et de sincère qu'enfantaient clans l'~pre douleur les génies méconnus de ton Temps. Et ta sottise s'extasiait de,·mü une plastique aussi misérable que la littérature de tes goùts. Tu consacrais les Boug11ereau, les Cabanel, les :.\Ieissonnier, et toute cette inrnge.1ie de boltes it confitures qui charma les fabricants de conserves de l'Amérique et leur fit décorer leurs demeures comme des btttons de sucre de pomme ou des carafons de parfumerie. En même temps, pour acquérir tessuffrnges ettes sous, la presse se transformait. Au lieu de conduire ton opinion Yers l'éclat magique cle la Yêrité, elle chanta les louanges de tes abominables préférences. Il lui plut de dire que tu n'errais point, que ta sentence préconisait sans faillir les hommes de renommée éternelle. Elle se Yendit à tes appétits. Elle inaugura une esthétique de contrebande et, par elle, promnlga la supériorité de rlmitation sur la Création. Comme au Sabbat des sorcières il fallut penser :1. rebonrs, sanctifier.le mensonge et la hideur au-dessus dn Vrai et cl n Beau, l' Argent an-dessus del a Force, la Médiocrité au-dessus clela Vertu. Ta tâche s'accomplit grâce è'.t lïnconcevahle mollesse de rEmpercur, dont l'entourage .tremblait sottement aux diatribes de tes tribuns, ceux qui ayant perdu tout espoir BibliotecaGino Bianco

- 47 - de sinécure, continüaient dans leurs feuilles publiques, les propos de taverne entrepris derrière l'Odéon, après des pile;; de soucoupes à l'œil. Au nom de cette entité indéfinissable Libàtè! ils attaquèrent la gloire des batailles, le-luxe et la prospérité du règne, ref'u":-;èrent,en pressant l'opinion, qu'on levàt les impôts utiles à la réfection des armées, et préparèrent avec un soinjaloux,la déchéance de la patrie où ils comptaient se créei' °Lrnesitna!ion, en se proclamant sauveurs. Comprends-tu, vieillard an visage béat, comme tu trempas dans toutes ces bonte,s, conune tn te saiis ù tous ces crimes! Frais et rose cependani-, tu allunies un c:gare et demandes a1'ec inqniétude au ,·a let quel est le menu du ·sq_iret si Lt petite Clara ne t'a point lais~é de lettre au salon d'attente. · · Ce cl rap fin dont tu te pares, cet or que tn caresses d'un doigt ridé dans le. fond du gousset, cet énorme chronomètre que tLt exhibes pour forcer l'admiration Je l'interlocuteur, ne sont vois-tu, que les sùrs stigmates de taperversité. K'étais-tn pas de ceux qni fJroclamaient Lio-érateur clu ler-r-Uoir·e l'odieux Adolphe Thiers, livrant deux provinces et cinq milliards pour succéder ù Bonaparte et s'asseoir· sur le tl'ône de France: Tu applaudis certainement aux massaeres de Sa.tory et déclamas contre les curés, et son tins l'arLiele 7, effaçant des cervelles humaines la t1ossibilité de croire à quelqu'UN qui fùt, plus que toi, éternel et puissant. Maintenant. il_ t'arrive encore de trembler quand le souffle du peuple passe avec le drapeau des grères et le cri de la douleur sociale. Tu feins de t'étonner que ce peuple indignement trompé à ton profit après 48, saigné - par tes ordres en 1871, affamé depuis par l'avarice du capital que tu confirmes malgré toutes les prnmesses de tes programmes - tu feins de t'étonner quand il gronde et grince. Lui ayant ôté tout espoir dans le présent. et détruit sa croyance «nFutnr, tu comptais qu'il se r~signerait enfin au désespoir absolu, uniquement désireux de nourrir ta quiétude, de peüier dans le bagne, d'attendre la mort dans le travail, puisqu'il lui répugne de sortir de la vie avant l'heure naturelle. Or rien ue se passe selon que tu le voulus et le préparas. Bibl'otecaGinoBianco

- li8 - Le·monde que tu ceignis de ton fort égoïsme fait craqnei· partout la ceinture. La critique démasque la pa.uvretô de ton jugement, et les écrivains documentaires hnrcèlent l'hypocrisie de ta pudeur; et dnns les faubourgs des grandes villes la réYolution lentement se prépare q11i détruira ce que tu as amassé. Le mal de ton œune n'a même pas l'excuse hanalè èlu succès .. Et tn vas, satisfait pourtant dans les rues, occupant de ton catarrhe la largeur du trottoir, opposant ta. goutte il la. marche ·des passants, et spécula.nt sur la couleur de ton poil déteint ponr imposer ù la foule, aYecun respect indù, ton égoïsme insatiable. Tu vas, chaudement emmaillotté dans ta. pelisse, calme et grognon sans voir l'immense dégoût que soulève au passage la puanteur de ton ùrne qui sue le crime du siècle moribond. BibliotecaGino Bianco

IA PAIXCHESZOEI 'fA J/EX'l11fürnun L'autre mardi j'avais voué rna soiree à noircir des feuilles pour les lecteurs de ceci. Dùment installé, les regards rivés à quelque tare rompant la monotonie du plafond, je tentais de retrom·cr certaines idées générales exigibles avant toute lettre, encore que moins pressantes it divulguer que celles ci-dessous, quand en un logis contigu au mien, ce furent des bruits caducs de Yaisselles heurté.es, un tintement clair d'argenterie, des dialogues de Yoixmâles que coupaient d'aigres filets féminins, des grincements de chaises éraillant Je parquet, un impérieux rogomme aussitôt conspué par des oh soutenus confinant it l'indignation : cris convertis en rires, et rires en autant de tumultueuses voix. Puis, dans l'escalier, d'hésitants pas sur les marches, le coup bref d'un timbre, et une porte ouverte à quelques grégoires de renfort hnés en chœur sur leur tard venue ..... C'était le.viol d'une liberté.sous-entendue, paraît-il, clans le contrat qui m'oblige à dè.bourser trimestriellement. quelques louis d'or. En attendant, je devais renoncer à toute écriture on aller ailleurs que che;r,moi garder mon silence. · Sur le point de me résoudre à ce dernier parti, j'acquis biei1 vite la 1)éniblecertitude que je ne découvrirais dans Paris,dèshui theures du soir,un seul réduit meublé des outils nécessaires ù l'écri vain et,~ l'abri des rumeurs aclven- _tices. Certes, payer d'une ind1scrétion et aussi d'un atten tat mon vif clésir cle-travaillel', et frapper à une porte amiétait malséant outre que de résultat problèmatique. BibliotecaGino Bianco

Je dns donc malgré ma r~pugnance, suivre de l'ouïe toules les étapes d'une. inesse qui chez mes voisins se poursui\·itjusqn'an sommet de l'échelle. Je dus entendre des clameurs soulignant sans cloute l'apparition de mets ou plutôt de bouteilles e.Jiffées et maudire un damnable fausset de femme qui fu.-;:1it inopinément sul' un concert de rnix mariées sans dominante. Parfois, je t1essaillais ù des cri::; de stupeur su1Yis de silence morne, comme si, pensais-je, la Mort arnit figé sur le masque de l'un une grimace esquisée dans ua chant; mais cc calme imprévu Nait tôt souligné d'un égrènement de rires, rires sans fin que les femmes Yeillaient ù perler. Puis à mesure qu~ se hùtait l'heure et s'allongeaient les verres, les hurlements succédaient aux chansons et le chahut aux danses. J c pus trou YCL' dans la fuite un salut immédiat mais relalit' <!arcelle désertion fut le prétexte de den x péchés mor-tels - confirmation nou velte accord(e ù la sagesse du du grand poète scolaire <1uiaJexandrina le - sou,·ent la peur d'un mal etc... · Ainsi faut-il déplorer c1u·ennotre viile archiséculaire et fameuse dernnt le globe poul" son aptitude it senir générale111ent tous no::;sens, il n'existe hOI's quelque::; hôtels •édifiés au centre de jardins, uniques apanages des gens puissamment riches, aucun quarlier, ni rue, rnelle, ni même nne sente maison aménagée avec intelligence et louée selon des principes contraignant chaque locataire à respecter comme il co1wic11t,avec bénéfice de retour, une ·<lélicatesse de. méats a udilifs que tout YOisin p,rn 1Tait revendiquer. Si j'admets que l'infortune contée plus haut, peut frapper seulement de loin en loin tel ou tel autre qne moimème, quel Pat'isicr\ ne s'attriste parfois d'uh piauo, d'un -chien, d'un perroquet, d'une flùte ou d'un nouveau-né, pour ne pas énumérer les bruits de la cour et les bruits <le la rue? Et s'il est un penseur actuellement maitre de son ouïe chez lui, quelle garantie de cette paix nous donnera-t-il? car il faut tabler ,rnr l'avenir! BibliotecaGino Bianco

51 Que l'on serassnre. De mes louables récriminations, j'en'inclnirai pas qne les poètes sont rare:;, que les chefs d'œnvres sont courts. Mais combien clésil'erais-je qu'nne société d'entreprisepùt constrnire ou aménager aans qnclques quartiers de la YiUe point trop excentriques, de ces agglomérations dïrnmeubles dites eités ..des cités closes en cul-de-sac par une rangée de bf1Lmi ents parallèles à une rne. Les chauss{-es. et les trottoirs seraient paYés en bois. Aux maisons de hautes fenêtres et des windows. Dans les appartement;;:, partout et en toute saison d'épais tapis; les escaliers aussi, on les tn agrémenterait, rnnis lit 1ml bruyant asccnsem·_ Point de locaux aménagés pour boutiques, éc-uries, magasins. Et surtout, ô félicité, nulle loge de concierge : aux quatre points e-xtrêmes de la ci té, qnMre paYillons - asse;1,semblables aux postrs d'aiguilleurs sui· les YOÜ'Sferrées - qu'occuperaient jour et nuit des sun·cillants. honorables, célibataires et cornplaisanls. Ces serYiteurs se chargeraient de distribuer aux locataires tons objets it eux destinés, dès leur remise. Pom la facilité de cc service, des boîtes aux lettres seraient pratiquées dans c·hacune des portes s'ouvrant sur paliers. La nuit, des snrveillan ts de rechange munis de clefs el toujours aux aguets, om-riraient l'hnisaux attardés. Il va sans dire que toute occupation bruyante à domicile serait défendue, comme toute intrusion d'animaux fussent.-ils chanteurs. Au surplus les plaint.es portées contre un voisin par au moins trois locatairAs et enrAgistrées sur un cahier de réclamations déposé che;1,les fonctionnaires-sun·Aillants, suffiraient ù. moliYer le congé immédiat dudit. Quant à la question des nouYeaux-nés et des jeunes· enfants, ferments notoires de tumulte diurne et nocturne, - placé que je suis entre un farour,he clésü clans l'accomplissement rigoureux de mon programme, et mon souhait très-sincère pour la perpétuation d'une race d'intellectuel;;;, véhicules espérés des idées que je pi:éconise, - on me permettra de la résoudre par un moyen terme. BibliotecaGino Bianco

- 52 - Que les jeunes pères de famille amis de la paix se satisfassent en notre cité modèle aYecun cabinet de travail, quittes à loger les leurs et eux-mêmes dans un quartier YOisin. En attendant, qu'ils songent à entretenir quelques capitalistes intéressés, de ces projets très réalisables, car,en Yérité, nous n'avons en l'an 1890 qu'une idée très fansse du bien-être chez soi; oui, malgré l'importation des portières d'Ouchack et de Koula, malgré que nous exposions pompeusement sous vitrines les mouchettes de nos aïenx et des rouleaux de pâtissier. BibliotecaGinoBianco

LESFLEURS ..l -'iluw·t Jie,·ril. Et je r'ga1·d,ti hi p1·,>fondt'lt1' tlu lac ]Xli:;iblc. $111,:u.E,. Pendant des semaines,et des mois,et des années, l'armée ennemie avait investi la ville que la Yaillance d'intrépides capitaines défendait. -Puis, nn matin, les troupes obsiclionales,décimées pat· les assauts nrnltip:iés et les sorties infructueuses, affaiblies par les priYations, avaient failli. Malgré de fabuleux héroïsmes, des dévouements et des sacrifices surhumains, les murailles avaient chù, sous le choc des bêliers irrésistibles, et, la brèQhe étant faite, les cohortes hostiles arnient envahi les remparts; les frondeurs et les archers, maitres désormais des tours, avaient fait pleuvoir sur la cohue lenrs flêches et leurs pierres, et le lendemain, les hoplites, porteurs de piques, s'étaient répandus dans les rues de la cité, qu'ébranlaient les chevaux-des lourds cataphractaires. Rendus furieux par leur longue attente, les envabisseu1·s se ruaient avec des cris farouches, en le désir exaspéré de l'or, du meurtre et des palpitantes femmes. Pour préserver les dieux familiers, que les prêtres emportaient loin du carnage, les vierges étaient descendues sur le seuil des portes, et pâles, en longs habits blancs d'épousées, elles offraient les lys agonisants de leur chair au rut des soldats qu'affolaient les continences anciennes. Bientôt, dans le sang des virginités défuntes, les jeunes filles râlèrent, mêlant leurs affres a11xspasmes dominateurs; bientôt elles moururent au seuil des portes,autels choisis, et la mort même ne les libéra pas des étreintes inexorables. BibliotecaGino Bianco

- 54L:i nuit arrêta le mauYais œu\Te, le ciel se couvrit cl( la silencieuse meute des nn(es noires, et la paix des ténèbres prostra sur Je sol les mùles assouYis. L'aube sanglante des batailles étendit sa simarre sur les palais mornes et sur la Yil!e semblable ù un jardin qu'endeuille le trépas des candides rosi.ers; la jonchée des corps déflorés pùlissait le pasé des carrefours et des places, et les sacerdotes qui snivaient les conquérants, crièrent cl'honeur devant le sacrilège. Leurs théories purificatrices varcoururent les rues et les portiques, et les durs miliciens mêlaient leurs Yoixrepentantes aux chants des hiérodoules qui Mjouaient par leurs incantations les calamités vengeresses. Des bûchers de santal imprégnés de baumes proi)ices brillèrent tout le jour, pénétrant l'air d'émanations lustrales , préparant les rites expiatoires, et la veillée des mortes fut faite pal" les chefs les plus Yaillants qui, ceints de leurs armes, restèrent prosternés la nuit entière, pendant que les cavaliers des légions sacrées sonnaient clnnsles buccins cl'airain,la gloire des immolées et le remords des meurLriers. Le lendemain, les Yierges furent placées sur des brancards fleuris de scabieuses, on les avait parées de colliers d'améthystes et chacune d'elles au front portait une opalr dont s'ouvrait l'ocelle froid. On les porta au traYers des brasiers cin0raires, hors des remparts, et le cortège se di_riîcrevaers un la~ consacré q~1eles prêtres avaie~1tchoisi. La, es cadavres furent charges de pesantes charnes d'or, et les bienveillantes mains des ellnuques les enseYelirent dans les flots qui s'ouvrirent avec de mystérieux bruits accueillan t.s. Le soir, les dévastateurs brillèrent la Yil1e, et,àla clarté du colossal flambeau qui lançait vers les astres des flammeséperclues,ils s'éloignèrent empo1·tant ave(' eux le somptueux bu Lin qui s'amoncelait sur les chariot$. Quand seuls, furent aperçus dans le lointain les derniers étendards, flottant ,i l'horizon, tels des oiseaux am. chatoyantes plllmes, les rnincus descendirent les cbllines, d'où èachés parmi les chênes, ils avaient assisté aux viols et ît l'incendie suprême. Sur les tolonnes noircies, sur les vantails rompus des portes de bronze, ils assi1ent lellr •gémissant désespofr et la tacite douleur des marbres abolis s'harmoniaient ù leur angoisse. Il~ pleuBibliotecaGino Bianco

.j.j raient sur les dieux insultés et réelnits ù la fuite, eux les puissants pareils ù cles enfants débiles qu'emportent les nourrices; ils pleuraient sur les foyers saccagés, pri ,·és des chers bijoux et des ataYiqnes richesses dont le destin frustrait leur;, hoirs. mais quand ils songèrent aux belles Yierges qui avaient fait l'offrande de leurs prémices, momant sans connaître l'amour élu, la clameur des sanglots épandit sur la plaine et jusqu'aux hois proches le clenil cles ùn1es. · . Le sou Yenir des soirs, où les tendres colloques et les aYeuxfnrti f,,s·égrnnaientle long des sentes, p~nétrait d'nne plus in.;;parable tristesse les éphèbes, et lelll'::,cœues désormais vides, clamaient d'inutile:, appels. 0 la syhe amicale, qui se peuplait des eonples attentifs; les brnmes violettes des crépuscules Yiendraient seule,, maintenant rappeler le.s présences anciennes, seuls les fülèles échos répéle1,tient les syllabes jadis ouies, mais le miroir des font,lines ne refléterait plus les visages aim{·s et les guil'- lancles cléfle:uies, appendues aux cipes agreste.; YOués ù la cl"esse p8rpétueraient de leur témoignage les regrets. 01\ un ascète v.:n.à~ qui arnit accompag11'.Jles funérailles, Yint près des jeunes hommes, et s'olfrit il les conduire rers celles enseveli<::sau tombeau des oncles par les violateurs repentants. Ils le sui Yirent par les chemins qu'avaient éYentr~·s les roues des chariots de guerre; ça et là, en le creux des ornières, gisaient de prt:cieux objets écirnppés aux prédateurs que l'amas des dépouilles opulentes rendait sans cloute inattentifs, et c'étaient des ostensoirs gemmés, des coffrets aux stries·smaragclines, des a.mulette,. ornée;; d'inestimables joyaux. :.\fais les pie-1s des amants Yeufs heurtaient avec inclifférerfoe les coffrets, les ostensoirs et les amulettes, et nul d'entre eux ne pouvait compatir ù, l'abandon des choses, car le flux de3 pleurs salés noyait leurs prunelles et la griffe des hoquets étreignait leur poitrine. Sur un tertte dominant-le lac, le guide s'ari êta; tandis que les désolés descendaient vers les berges dénuées de roseaux. Contre ~e sol, ils se couchèrent et de leurs fronts penchés ils effleuraient le froid métal des flots : Les uns, immobiles,les paupières closes,paraissaient é_couter d'illusoires ;_voix: les autres dilataient leurs yeux hagards, esBibliotecaGino Bianco

- 56 :-- sayant de percer les éprüsscurs glauques qui détenaient les corps pollués et ravis; ceux-ci suppliaient les mortes, ils leurs parlaient corrnne autrefois, s'arrêtant ponr entendre les réponses qui résonnaient en eux, reprenant ensuite l'imaginaire dialogue; et quelques uns, moins pudiques, accablaient les cieux d'injures et de menaces, épuisant Jeur chagrin en convulsifs mouvements. Debout, sur la colline, l'ascète haut dressé dans sa robe de laine étendait les mains au-dessus cl es eaux fonéraires,éployant des bénédictions, invoquant les dieux que les déYouées avaient préservé des insultes. « Très grand, disait-il, que s'aLteste votre puissance en l'honneur des pures servantes, cléYotes à Yos temples. Lorsque affolés, aux bras de YOSprêtres, vous requériez l'asile protecteur, elles vinrent \·ers les hordes assaillantes et leurs frêles gorges forent pour Yons préservatrices, plus que les remparts surannés.ImpaYides ! Yonsconnùtes la penr des injures c1uevons {·pargnèrent les doux flancs offerts; attestez votre gloire et Yotre clémence, ,faites reYivre les chastes qui mournrent de Yous sauver. Aux prièrnsde l'ascete, les éphèbes mêlaient le cltœu,· de leurs supplications. Soudain, à la surface du Jac, comme de mille somces saillissantes, surgirent des gouttes de sang; elles s'étalaient , pourpres pétales issues de plantes i1wisibles, et ces pét 4les se sillèl'ent de veines, ils s'élal'girent et des flenrs naquirent, illuminant l'air de leurs étranges splencleurs. Calices, dont la nacl'e évoquait les chairs absentes, lryalines corolles dont le parfum suscitait les baumes enfuis. Elles vivaient les fleurs surnaturelles, dressant leurs pistils cimès d'or, et leurs tiges s'agitaient ainsi que so ployent des bras amis. Agenouillés, les jeunes hommes les appelaient, proférant avec instance les noms chéris des amantes, et les fleurs se murent aux mots entendus. Lentement, abaissant leurs rameanx pareils aux cols des cygnes, elles s'avançaient, .onduleuses et souples, vers les adorants cxstasiés. Beaucoup, que poussait leur impatiente tendresse, entraient dans les flots, et ceux-là les fleurs les saisirent, les entraînant pamés et ravis au fond du lac nuptial; les autres tendaient leurs mains que les fleurs venaient joindre, ils les prenaient, et sur leur BibliotecaGino Bianco

57 ..:_ sein elles grandissaient, s,1 mulLiplianl, Jes enivrant d'odcms ineffables, emplissant leur ccn·eau de vibrations d'amour. Mais aux doigts de quelque. uns les calices se flétrirent, dessèchés et mo·rose::;,etlouss'enfuircnl clans la campagne, gardant le tr<'-sor acqui,-, ou . c lamentant sm l'espoir déçu; et près des eaux de 11ou1·cauimpas ·iblcs, seul, demeura Je solitaire, haut dre;;sé dans sa robe de laine, éployant les bénédictions, remcrciail les dieux que les dévouées avaient J)l'éscn·é des injures, elles les pnrcs cl les chastes qui n\out't11·cntde les saurer. BibliotecaGino Bianco

LE BANQUETD'HIER Injustifü1ble,si l'on n'y aYait clù YOirque la consécration d'une personnalité, cebanquet., auquel p1usienrs s·étaient rendus, le sourire aux lèvres, a pris, dè:,;J"ahord, le c;:ira<;- tère incontestable et, nous <lirons ù bon droit, r·eligiei,o:-. d'une mani festat.ion de solidarité- en le culte de Cela Yers quoi tendent toutes paroles humaines, depuis le vagissement de l'en fa.nt jusqu'à l'article de:VLSarcey, de Cela en quoi cette parole ( si vaine hélas! que le silence est une vertu) trouve son aboutissantet sa jusl.ification: La Poésie. Au champagne, quelques toasts ont été portés- en voici le texte : ,IO~SIEUH STJ~PHAlŒ )L\LLAlüll:: : « A Jean Moréas « Qui, le premier, a fait d'un repas la conséquence d'un « livre de vers (favorable présa~e) et uni, pour fêler le « Pélerin f•assionné, toute u11eJetrnesse aurorale,à quelcc ques ancêtres, cc Ce toast cc Au nom du cher absent Verlaine, des Arts camarades cc et de plusieurs de la Presse, au mien, de grand cœur. » Monsieur JEAXi\fonf:Asréplique : « Seul, un silence ému saurait signifier combien je « garderai doux le souvenir de cette fête. Je me tairai clone <t mais non avant. d'avoir porté la santé de Paul Verlaine» A son tour MoNsmun HENRI DE RtGNIER se lève : cc Je veux tout d'abord remercier les personnes qui sont Biblioteca Gino Bianco

09 - « ici de là faveur avec laquelle ell<:lsontacweilli l'iJwitation « qui leur a été envoyée et particulièrement Stéphane (( :.\falhtrmé, qui a bien Youlu, en acceptant de présider <( cette réunion, l'honorer de l'autorité de sa présence. << D'autres, parmi qui je nommerai : Théodore de Ban- « ,·ille, Sully Prudhomme, Dierx, de Héréclia, Andr() de « Guerne, Philippe Gille, Fn.1.ncis Poietevin, A rmancl Sil- « Yestre ont notifié leur ab.,en::;e pJr les lP.ttres les plus ((~~~~- . « .Te bois aux uns et aux autres et it Leconte de Lisle, « le doven des lettres francaises et aussi ù notre ami Jean « Moréas. >> • De l'autre bout de la table la ,·oix de :.\Ionsieur :.\Iau.rice Barrès porte la santé de Baudelaire. Immé:lùttement riposte Vanor: « ·J'ai cru qu·en évoquant le sourenir cl'un clt'funt << :.\1. BatTè:; albüt proclamer un autre nom : J nies I~afor- « gue. C'est donc ,i. la brill,tnte sant'> de cette mémoire que (( je lève mon vene. A Jules L'.1.forgue ! » . Les organisatenrs sont enst1ite remerciés par Monsieur Albert Saint P<1.ut,et :.\fonsienr Charles l\forice lit les Yers que voici : .-\ J1-:Ax ::\Ionbs . .La belle fille sans souci qtli laissait YOir En dansant le secret blanc de sa gorge pure, 'l'otite folle qu'elle partit de sa parure, Avait pourtant comme des plcul's dans ses y.:-ux noir5 Vartificc joli d°Lrnléger désespoir! Le jeu plaisant de la bonne et màle aYenttu·o ! J·oyaux joyeux d'cntrechoqt1or lettrs bigarnu-cs' Chanson d'aube où déjà Yibre un reflet de soit· ! C'estdans ton âme, Leau cl,anteur, qu'elle dansait Scion des rites inco111rnscncJrc - et c·cst Elle pom· muse que tes rimes ont choisie: Car a YCC ses façons d'un notffel autrefois, )lymphe de Seine arnc l'arc de Diane an Bois, L:1 belle fille était comme ta fantaisie. B1bliotecaGino Bianco

- 60 - Le toast suirnnt est alors impro,·isé pat· i\lI. Bemarcl Lazare: « Après avoil' bu à Jean i\Ioréas, il me paraît légitime élene point oublier celui qui le premier annonça aux foules le poète que nous connaissions. ,Je bois donc ù. .M. Anatole France, au tl'ès habile écl'i,·,ün, au plus autorisé représentant de la Cl'ilique Pal'isienne, cette ct'itique toujours enthousiaste du beau, toujout'S bien,·eïllantc poul' la jeune littérature, cette crititILlCpont· laquelle nous avons tous la stricte reconnaissance due it tant de si généreuse et vail-· Jante bonne foi. Je bois donc ù. .:VI. Anatole France. » i\J. Delaroche : « Je bois à. laPoësie :::iymboliste ù et ~t son représentant << le plus éminenL qui nous préside: Stéphane Mallarmé». Ce toast est souligné d'unanimes applaudissements. Suivent des paroles de M. Dauphin Meunier saluant << les arts camamdes »; de beaux vers de:.'llf.Duplessis. Et 1\1. Geo1·ges'Lecomte lè,·e son Yene c< au Pauvre, qui ne mange pas». Les applaudissements éclatent de nouveau. :'\ous reproduisons les ,·ers de :.'l'I. Clovis Hugues : .fo bois aux rê\'eur;: ingénu~, Aux poètes qui sont ,·enu!' P,11·les sentiers blancs de colomhes, Qnand les gloires en chc"euK blancs Descendaient la côte it pas lents, Dans lù smgissemcnt des tombes. lis ont. ces pèlerfos dt1 Vet·s, J,e mème droit aux latu·ie1·s vel'ls Plaqués en cercle at1toU1d· es tempes, J>nisqu'ils agonisent. aussi De vot1·emystique souci, 0 ,fronts plissés dans les estampes Le "'énic est un !leu,·e : il sourd De Îa montagne du bois sourd, De tous les sols de la p~trie. Nargue aux vils jouem·s de pipeau, Qui s'en Yont clamant en tt·oupeau Que la grande source est tarie. B1bliotecaGino Bianco

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