Entretiens politiques et litteraires - anno II - n. 11 - 1 febbraio 1891

- 54L:i nuit arrêta le mauYais œu\Te, le ciel se couvrit cl( la silencieuse meute des nn(es noires, et la paix des ténèbres prostra sur Je sol les mùles assouYis. L'aube sanglante des batailles étendit sa simarre sur les palais mornes et sur la Yil!e semblable ù un jardin qu'endeuille le trépas des candides rosi.ers; la jonchée des corps déflorés pùlissait le pasé des carrefours et des places, et les sacerdotes qui snivaient les conquérants, crièrent cl'honeur devant le sacrilège. Leurs théories purificatrices varcoururent les rues et les portiques, et les durs miliciens mêlaient leurs Yoixrepentantes aux chants des hiérodoules qui Mjouaient par leurs incantations les calamités vengeresses. Des bûchers de santal imprégnés de baumes proi)ices brillèrent tout le jour, pénétrant l'air d'émanations lustrales , préparant les rites expiatoires, et la veillée des mortes fut faite pal" les chefs les plus Yaillants qui, ceints de leurs armes, restèrent prosternés la nuit entière, pendant que les cavaliers des légions sacrées sonnaient clnnsles buccins cl'airain,la gloire des immolées et le remords des meurLriers. Le lendemain, les Yierges furent placées sur des brancards fleuris de scabieuses, on les avait parées de colliers d'améthystes et chacune d'elles au front portait une opalr dont s'ouvrait l'ocelle froid. On les porta au traYers des brasiers cin0raires, hors des remparts, et le cortège se di_riîcrevaers un la~ consacré q~1eles prêtres avaie~1tchoisi. La, es cadavres furent charges de pesantes charnes d'or, et les bienveillantes mains des ellnuques les enseYelirent dans les flots qui s'ouvrirent avec de mystérieux bruits accueillan t.s. Le soir, les dévastateurs brillèrent la Yil1e, et,àla clarté du colossal flambeau qui lançait vers les astres des flammeséperclues,ils s'éloignèrent empo1·tant ave(' eux le somptueux bu Lin qui s'amoncelait sur les chariot$. Quand seuls, furent aperçus dans le lointain les derniers étendards, flottant ,i l'horizon, tels des oiseaux am. chatoyantes plllmes, les rnincus descendirent les cbllines, d'où èachés parmi les chênes, ils avaient assisté aux viols et ît l'incendie suprême. Sur les tolonnes noircies, sur les vantails rompus des portes de bronze, ils assi1ent lellr •gémissant désespofr et la tacite douleur des marbres abolis s'harmoniaient ù leur angoisse. Il~ pleuBibliotecaGino Bianco

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