Entretiens politiques et litteraires - anno II - n. 11 - 1 febbraio 1891

AUVIEILLAHD! Songes-tu parfois au passé de tes ans parcourus, ... - décoré certes, le col doctrinaire, le sourire de barbe blanche affable comme si tu n'avais pas consumé ta vie à piétiner l'honneur de la race et à offrir le sang du peuple en sacrifice au veau d'or. Rappelle-toi un peu,bon Yieillard litho~_raphique. Laisse un instant la prose de Francisque Sarcey que tu Mgustes avec une si fine gourmandise, enfoncé clans le fauteuil du cercle dont le veloms rouge ù crépines d'or symbolise enfin le sacre de tes idées triomphantes. Rappelle-toi la gloire de fénicr 184.8, où tu coutribuas, polytechnicien peut-être, étudiant chevelu sans doute, armant de cocardes les bonnets des grisettes pour conspuer le parapluie vert de Louis Philippe Roi. Acclamastu avec virulence la cravate de Lamartine et les épaulettes de Cavaignac! Et, pour mieux tromper le naïf prolétaire que tu envoyais dépave1· les rnes aJîn de te gagner une situation dans un gom·ernement neuf, comme tu fraternisas avec les mains calleuses et t'enivras d'absinthe humble, dans les cabarets du faubourg Saint-Jacques! Mais lui, moins bête que l'espérait ton ambition d'alors, te brûla la politesse bien avant le 2 décembre. En vain, essayas-tu de l'exciter contre l'énergie du Bonaparte installé. L'appel au Peuple démentit la valeur de tes déclamations. Il te fallut retourner la casaque, applaudir, pour le bien de ton avenir, à l'expédition d'Italie, aux excursions de Chine et du Mexique, vilipender la verve des pamphlétaires, invoquer l'ordre, la morale, tandis qu'au fond de toi, tu applaudissais Flourens fauteur d'émeutes, renversant les voitures de vidange dans les carrefours, et, cachais sous les piles de mouchoirs la Lanterne de RocheBibliotecaGino Bianco

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