Entretiens politiques et litteraires - anno II - n. 11 - 1 febbraio 1891

- 56 :-- sayant de percer les éprüsscurs glauques qui détenaient les corps pollués et ravis; ceux-ci suppliaient les mortes, ils leurs parlaient corrnne autrefois, s'arrêtant ponr entendre les réponses qui résonnaient en eux, reprenant ensuite l'imaginaire dialogue; et quelques uns, moins pudiques, accablaient les cieux d'injures et de menaces, épuisant Jeur chagrin en convulsifs mouvements. Debout, sur la colline, l'ascète haut dressé dans sa robe de laine étendait les mains au-dessus cl es eaux fonéraires,éployant des bénédictions, invoquant les dieux que les déYouées avaient préservé des insultes. « Très grand, disait-il, que s'aLteste votre puissance en l'honneur des pures servantes, cléYotes à Yos temples. Lorsque affolés, aux bras de YOSprêtres, vous requériez l'asile protecteur, elles vinrent \·ers les hordes assaillantes et leurs frêles gorges forent pour Yons préservatrices, plus que les remparts surannés.ImpaYides ! Yonsconnùtes la penr des injures c1uevons {·pargnèrent les doux flancs offerts; attestez votre gloire et Yotre clémence, ,faites reYivre les chastes qui mournrent de Yous sauver. Aux prièrnsde l'ascete, les éphèbes mêlaient le cltœu,· de leurs supplications. Soudain, à la surface du Jac, comme de mille somces saillissantes, surgirent des gouttes de sang; elles s'étalaient , pourpres pétales issues de plantes i1wisibles, et ces pét 4les se sillèl'ent de veines, ils s'élal'girent et des flenrs naquirent, illuminant l'air de leurs étranges splencleurs. Calices, dont la nacl'e évoquait les chairs absentes, lryalines corolles dont le parfum suscitait les baumes enfuis. Elles vivaient les fleurs surnaturelles, dressant leurs pistils cimès d'or, et leurs tiges s'agitaient ainsi que so ployent des bras amis. Agenouillés, les jeunes hommes les appelaient, proférant avec instance les noms chéris des amantes, et les fleurs se murent aux mots entendus. Lentement, abaissant leurs rameanx pareils aux cols des cygnes, elles s'avançaient, .onduleuses et souples, vers les adorants cxstasiés. Beaucoup, que poussait leur impatiente tendresse, entraient dans les flots, et ceux-là les fleurs les saisirent, les entraînant pamés et ravis au fond du lac nuptial; les autres tendaient leurs mains que les fleurs venaient joindre, ils les prenaient, et sur leur BibliotecaGino Bianco

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