Entretiens politiques et litteraires - anno I - n. 5 - 1 agosto 1890

ENTRETIENS POLITIQCES & LI'l'Tl~HAIRES , SOMMAIRE: l. - f.:mile Uet:i,E\r. - L'l11<liYit:nali,-,111e. JI. - l'aul AJJA)r -l,èmat·q11"" ,nr Jalil,.:ralion <lu lerriluin ]JI. - Ferdinand IIJ'.:L\OLD. - Bi,rlioz. IV. - Jean 1·'.. ScHmTT. ~ L'IncliYi<ln et l'Fm11loyé. V. - Georgc>sVA~OR.- Où aller? VI. - Franci,; YIEL'f:-GRIFFI~. . Les ((Fort,;"· VII. - ~OlC'S et )/ulule~. LIBH.A.HUEDR L'ART IKDÉt<t:.:XDAXT 11, rue de la Chaussée d'Antin, 11 Le 1er Août 1890 f , r 1tecc Li l<\O B,anc.o

ENTRETIEl"~S POLITIQUES E'l' LITTllRAlHES Paraissant le 1er du mois. Abonnements : six mois 3 fr.; - un an: 5 franc:::. Pour nbonn<-1nents, tlépôh,, ,,ente a.u num,1•1•a, etc .. a, s'a«h•csse1• dh•ecte1nent ft Ji. l~d.i:nond Dailly, J. J, rue de la OhauJi!iSt'e-,l' Ani in. 2'ou..tabonnement non vcrp,t dt,·ectem,cnt par ..Ji. Bailly n'est vas ,:alalJ/c. DES FLEURSDE BONNEYOLONTÉ Œuvre posthume de Jules LAFORGUE En souscriptio11, the.;,)!. E. DuJarûin, 11} rue Le Pelctiei' E, lia ca •~1ro b, 1rit )

L'IXDIYJD(ALlS1IE ., Les ,::col<'slittéraires. dont le nomhr<' dcwnait récllclcmcnl i1H1uiétant ponr le,; rnllectionneurs c-onsciencicux. -;ont. sinon mortes. au moins enterrées mom<'nlanérncnt. .\près une pluie de manif('sl<'s, qni a dur{, cinquant<' ,tns, après le dN11gr de <-<'Sdix d('rnii!res anné<'s. il s·<'sl f,lit un calme ,;11hit, dont nous somrn<'s pcnt-êt1·<' 1·cclcYahles ,'t !'Exposition L'niY('r,;cllc et ,\ la Tour Eiffrl. On cnl<'nd bi<'n de ci de lù quclqu<'s eris Yagues, plusieurs intrn·ie,,·s éclatent encor<'; mais allribuons-lcs ù des manifestes mal ensevelis, <111simplement récalritrent. On po11rrnit déj,i élabli1· 1111 hilan rnpidr (le toutes les Ecoles littéraires, el ,·itc pas::;cr A proJits el pertes les résultats. Tel ll·est pas le sujet de ect artitlc. Il snflit de rappeler qu·après son triomphe définitif, le romantisme se dispersa aussitôt en ordres orthodoxes. <'t rn sec-tes héréliqnrs, que la grande c-athédrnle d1Iugo se diYisa en mennrschapelles où des prêtres conYaincus dùrent officier dcrnnt les apôtres et les saints clr la récente création. Cela dura jnsq11·ù la fin de l'Empire. \'ers le eommcncement de la troisième Hépuhliq11<'. deux grandes églises se partageaient le domaine artistic111c: les Parnassiens cl les :'.\aturalistcs, les uns gardant la poésie, le:; autres tenani la prose. Elles se chamaillaient un p<'u. comme le font les Carmes et le::; .J ésnites; mai::;,parec que leurs terrains étaient parfaitement distincts, que la nature de leurs ofJices, et la qualité de leur clientèle dcYenaicnl très différentes, lenrs querelles de lutrin n'aboutirait point à la guerre ouYertc ni aux excommunications majeures. Seulement, et ainsi se démontre la fatale étroitesse de BibliotecaGino Bianco

- HO -- P,nmi brnt dïsmes hérétic1ues. les chefs d'E('o]e enxmf>mes, les grnnds lhé'ologien:; littétaires arri,·aient ù se tromper, si hien qn'un cert,tin dé:;,\rroi se manifc,;ta chrns Je:; doelrine:; les mieux établies et anciennes, si hien que des prêtres affolés couraient officier tl,m:; d<•:; chapelles <l'un rite étranger an leur, it la stupeur des paroissiens. Tandi:-; que Catulle :.Iendès énintit d'exquis romans parisirns et naturafo,lcs, %ola rrntrnit dans le romantisme pur et glissait au symholisme, rt l'on attendait. de minute en minntr. J'annonce de qurlqur roman moderniste et lloulernnlicr, signé : Lrconte dr Lisle. li n·y aY,üt pl1ts d"é('oles, mais S('UIC'111r1d1ets Yacances. Eeole signifie groupe d"cnscignemenl. et ('hrf cl'Eeolc Yeut dire professent·. En litlémture, c·om111eaillrurs. le maitre initie, les élèYes écontent. Or, ù l'henrr actuelle, rn poé,-ic et en prose, tout. le monde parle ù la. fois. pérort' et formule des üoclrines; per:;onnc plu:; ne prètc rorcille ù ce con('ert saurnge. A ,·ingt ans, ehacnn pos,;;i•dc sa doctrine, fond et forme, anal,·se et synthèse: le Mbutant qui pénètre dans une librairie. un manuscrit sous Ir hras, rnche un drapeau dans sa poche, aYet un heau titre philosophifJUe, retentissant. Ce serait lui faire un piètre doge que clr lui dirr: Ceci est <lu hon %ola! ou: Yoil.'t de rexccllcnt :\falhwné ! li se récriernit : c·csl du moi ! Et rnici qu'il amait parfaitement raison. li ne s·agit plus. en effet. d"écrire comme tel on lei. fùl-il exc-ellenl. ni dr suiue la hannièr<' c1·un illu,;lre maitre. On Yeutêtre :;oi, :se dégager cle tonte influence, S<'m0tlre en face de Lt Yie, prendre position dans le champ des idée,;, 011 portant des couleurs per:;onnelle:;, un style spécial. adhérent à ck précieuses et originales con('eptions, si Dieu le permet, ou si le Diable y autorise. - Jeune littérateur. où Yas-tu :1 - Je Yais it l'LnM11rnclancc. Parmi une société cataloguée, dans cette compagnie de discipline qu·on appelle la Yie démocratique, plus hiérarchisée mille foi· par la Politique, l'Argent et la G-uene, que ne peut l'être rexistencr <"hinoise, j"entre en littérature, comme les moines tl"Egyple couraient Yct·s la Thébaïde. BibliotecaGino Bianco

- Hl - • El il raisonne juste. :--i lrs moines ont formé ensuite iles soc;iétés c;o1wcnturllcs. ib conunrncèrcnl par mériter leur nom qui Ycut dirr :--eu!. L,'t, où il aurait tort, ec serait <le chrrche1· ù rnrégimenter ù son tom qni qui:- ce soit, le jcnne liltérnteur. Quïl tire de sa po('hf' son drapraudestiné .'L le faire reconnaitre dans la llagarrr philosophique, mais qu'il n·rssaie point dr lï111poscr .'L d'autres; tJllÏI reste te ,11oùte do son idt'C, et ne fonde pa. d"éc;olo. Quïl montr sur lr trél<',lll commun dr la librniri<' 011 du journal. h,1rang11clrs roulrs; mais quïl 1ùssaie point cl"cndodriner. ni de con1·r1·tir srs confrères. li'" échouerait. Chacun tt·eux porlr égalrmrnt son drapeau· grnnd ou petit, l>rillant ou t<'rne. soie on coton. et c·c,:;t pourquoi les éc-olos sont mortes, les manifestes enterrés. et qu'il ya seulemrnt des indiYidns plus ou moins géniaux ou nuls s·actrrssautaux multitudes, auxqucllrs on YÎ<'JÜdïnoculer Je terril1le Jicsoin de lirE'. aux J,arharrs plus ou moins affinés. aux hourgeois, aux paysans, aux soldats, aux magistrats, aux harnruiers, aux mu~icicns et aux femnws. Les écoles littérilires ont pn naguère offrir tl'i n11nensrs aYanbtgcs pour les gt'néralions que le classicismo uniYrrsitairc en,·rloppait do langes; mais maintrnant qur, gràcc au romanlismr. au naturalisme, au parnassianisme, ù la ps)·chologie, ,t lïntuiti\·ismc, rtc., etc., l'instrnelion générale est établie, de lcllr sorte que le Mlmtnnt s·a,·i·re excrssi\·oment informé dès sa rhétoriqur: il tronYera clone son chemin sans maitre, saura s·arnner tout srul, an contact de la Yie, ll"une faç:on originale. Lr Jloi, émancipé, auclacirux, ponna fonder, sur ht rnine des Ecolrs défuntes, lïncli\"Ïdualisme. Dans un grand jardin, dont le maitre est absent, Ir poirier dit aux fraisiers : - La poire rst supérieure, clic dure toute Lrnnéc. <"·e:st presque une immortelle. De plus rlle partage, a,·ec le fromage, J"honnenr de symboliser le dessert, cette poésie du rcpa:s. Yous, pan nos éphémères, YOUS fugitiYez <·ommcles BibliotecaGino Bianco

• -142 - roses. Cessez de produil'e des fraises, dforccz-Yous <Ir donner des poires. Le poirier tient cc même discours aux abricotiers, an:x. pruniers, aux pPchcrs. U croit peut-être, aYCC une honne foi nahe, que seule la poire eontient c·e qu'il y a de plus gustuellernent admirable ici-has, et c1ue son maitre lui saura grr de multiplier nn prnduit de telle s,wem. :\fais les pêchers, pruniers et abricotiers ne se lai.s,;cnt point dauber, sachant c·crtcs que leur naturr s'oppose it cette transformation, et c1ue le maître aime ht rnriN{· sur sa table. De même, en sauYegardant l'IncliYidualismc, on i-eclonne aux lcdeurs, épris de belle pot'sie et de grande prose. bt sensation de la ,,1riété qui chasse tout dégout. C'nebibliothèque doit posséder toutes sorte,; de frnits. C"est encore L1meilleure façon d·aimer la littérature que de multiplier les saYeurs qu·eue peut offrir. Soyons camarades sur ce terrain. au lieu de nons dispute,~ ftprement sur clc-s thèses d'Ecolc, et dïmite1· les Yalet,; de cirque qui se gourmen t, deYant lïndifférence des chenms: et des hottes de foin. E~n.LE GocoE.\G BibliotecaGino Bianco

RE.\IARDQES SCH LA LIBl~RATIO~ DU TERRITOIHE .Je ne sais plus quel stratégislc du Premier Empicc aimait dire : Tout général qui enlend rarl de la guerre doit di\"iscr son artillerie en deux parts: rune affligcr;t l'ennemi. rautre mise en résenc derrièt-c les lignes, c,tno1111era sans miséricorde ::;es propres halaillons dès quïl [enteront la retraite .• \ Yec cola on tient la Yictoirc; car rien n'excite plus au courage que la certitude de la mort. C'est p;u•ceque los c,1pitaines dr 1870 nrgligi'rent ce précepte. qur. :.Ionsicur Thiers put en 18îl acheter la présillrnce de la llrpuhlir1uc, mo~·cnnant L\!sace, la Lonainc, et C'inq Ill illiards li \Tés aux germains. Car <Jui nierait qu·une semblable mesure appfüp1éc pendant le siège de 1>aris n'eùt transformé en héros nos mobiles~ Xaguère les tirailleurs tonkinois placés entre lr feu des Chinois ;'t Yaincrc cl celui de notre infanterie de Jllarinc prèle ù les exterminer dès la panique, deYinrcnt crassez hons lllilieiens. li 11·cst gni'rc cl"exemple, qu'une armée refusant de ([Uilter ses positions cl aYançant malgré ses pcrtrs 11esoit p,H'\·enuc it vaincre. Arcole. A Sedan 80.000 hommes se rendent, mais quelques régiments, a_qult Youlu passer, tra\·ersent malgré tout les lignc's allemandes cl ·un élan. Si soixante autres les C'Ussenl imités, ~eclan dénommerait une défaite de rennemi. Ce n·est point tant L\llemagne qui ninquit en 18î0 que nos généraux décrét,rnt ct·eux-mêmcs la déroute par hl sollc nHrnie de commander la retrnilc, toujours la retraite. UraYelottc et Saint-Quentin pourraient, sans cela, marBibliotecaGino Bianco

- H11 - qurr des fastes de victoire. - l\Iarengo, Solférino, b,1tailles perdues c1·ahord, puis gagnées parce qu ·au lieu de partir, les soldats rnincusa,,uici'rcnt. li faut se rner qnantl mêrnr. J:arlillrl'ir 1·isc mal une troupe qui charge rt se mrnt. Lr tir dérimc fac-ilcmrnt lrs lignes fixes. :--;011;; sonunrs, tles soldats <l'otrc>sniYC<1urle rrpos ou la rc>rtai te démoralisant aussitôt. >:e pas a,·anccr nous Yain<· plus ffllC' rardeur d"tm rnncmi tc>naccet la plus affreuse mitraillaclr. La manir dr la retraite rt, l'épolll,llltahlr, la c-riminelle con1pélitio11 des générnnx pins sonc-i<'UXdr Jaissrr hallre lrur collègue afin d<' Ir déconsidérrr et d'emporter son grade, qne clr gagner a,·rc lui une Yictoire dont rJ1onnrur ,;r parlagrmit: - voilit les lc<;ons trrrihlcs <[lt<' nous lègue le sou YCnir dr l8i0. LI Y a,·ait cnlrr c-cs hommes commantlanl l'armér tle Frn,i'cr des riYalités dr <·our. qui oc<.:upaient tout leur rsprit panlessus le palriot,isrnr cl le rcs1c. Ils chrrd1èr<>nt moins ,'t triompher qu·,'t préparer la défaite c1·un émule t1angcrcux. Pourquoi citer les noms:> Tous ne sont-il:; pas également coupables, ceux qui commirent Je C'rime rl C-PllX qui nr s·y opposèrent point. La France rut la Yictimc ensanglantée . .\YCCles hommes du gotl\·ernement de Tours. le drnmc changea de face. Les g('nérau:-- évincés p,ll' les fal'Oris de l'empire, ceux qui comptaient sr faire pa~·er largement leur adhésion au régime républicain ou re,·endrc ('her plus tard leur trahison, cenx-lù se groupèrent autour de Uaml>eLta. tentèrent alors de sanYer le pa_l's. Trop tard. La manie de la retraite était Yenue en habitude, et l'odieux g110111(cllli veillait l'agonie de la pairie, se frottait lrs m,lins de cr:; efforts inutiles qui lassaient la patience des trafiquants. (Jnand il Yit la chosr il point. <1uandil consulta l'opinion et sentit (fn'elle n'rn ponYait pins, :.\[onsirur Thiers se leYa, et dit : je conquerrai la gloi1c de la paix. 11 lalil ù tout prix., parce qu'.'t tout prix il Youlait ù cette époque ramener la famille d'Orléans et gouverner pour elle, sous son prestige . . Les marchands affolés de la guerre, quand il connurent qu'enfin l'Allemagne cesserait ses incursions, couronnèrent BibliotecaGino Bianco

- 14.5d(' leur C'Stimecelui qui rounait les houtiqn<'s. Thiers fnt sacré le Libérateur du Territoire, et pour remercier le commerce de sa hi<'m·eillance, il extermina p,lt' de longs massacres, aYec une crnautr asiatiqu<', Je peuple de Paris qui depuis longtemps <'ffrayait les chcrnli<'rs du comptoir. ~ùr de ses amis. il congédia, les cl"Orléans, renia ses maitres et régna seul, étonné de la b?tisc de ses cont<'mporains dont le moindre eut bien pu comme lui. signer un papier ,1ui sonctionnùt. la rnlonté alleman<lr, sans obtenir pour cela la gloire d"un homme d"état, <l'un diplomate, d"un patriotr, et son effigie en bronze .'t la frontière! li ne garda point longtrmps le pouYoir parer <1u'il le Youlait absolu et que les factions politiques riYalrs de la sienne, ayant repris l'espri 1. le laissèrrnt donner s:t démission, hirn quïl comptait <1n·on le retiendrait, qu'on le suppliC'rait <leg:1rder le trô1w présidentiel. li se trourn que les politiciens du temps préféri•1·entlc YOir à terre et mettre <'11sa place le :.\Iaréchal :.\fac-:.\lahon, le seul peut-èt.rc. clc la lo>·,rnté de qui la France f"ùt sùrc. l,es marchands de not 1·0pa~,; conserYèrent ceprndant ù la mémoire de :.\LThiers la gloire c!"aYoirlibéré k territoire. A cela on les distingue des marchands !Jelgcs qui ne denrnndent qu·ù liucr le IPur aux Allemands. La grosse peur du bon Brlgc, c·est l'annexion de son pays de riches égliscsetdegl'Ossrs cités ù. l:t (iaulc; et, cda, pom1111r seule raison: l"ohlig:llion <lu sc1·,·ic-cmilitairf'. J)e même que (iribouille, craignant jadis la pluie, se jetait an tleuYc, J)Olll's·<'n présrn·er, - la Helgiqur, effrayée des 11('Cessités ethnographiques qui poussent la !<'rance .'t s'établir solidement sur le,.; ri\'es du Hhin, ,-e plonge dans le giron de Guillaume de Prnssc, et lui ouuira la 'l\'allonnir, eettc p1·0\'inc-e toute rranc;aisc qu'aida tant Louis XL contre ]('s gens de Bourgogne. Les offici<'n; allC'mands sont \'enus examinf'r les fortifi- <'/<l.1ions,m:1rquer les logis des troupes . .-\ la première (lJaironnad<' de guerre, la \\.allonnie dedendrn terrain de manœnHc pour les troupes hambourgcois<'s. Xous a,·ions jusqu'ù présent la contrefai:on belge d'un tas de choses propres h notre patri<', y compris le naturalisme et le symbolisme. :.\L Camille Lemonnier, <'11pillant BibliotecaGino Bianco

-11&6dc ,:;onmirnx Poictevin, Rosn~·, l\Iirhem1 et Henniqur, la jeunesse hrahanronne, en imitant :\L\I. Hené Ghalet Bajn (gl'otesqnrs si particuliers ,l notre houlernrd) semhlait YOnloir dire : .:S-ous sommes unr seulr üme en deux patrirs. saYez-Yous. Cela ne nous déphù;:;ait point. :\fi,me ilétaitdonx de relire les pormes du diYinl:<rique<-i-uslrffe• Kahn, peu modifié;:; par des plnmes gantoi;:;rs dans de jeune;:; l'e1;11C's fort hien iJnprimées. Camille Lemonnier installé au Oil Blas, mangeait le pain d'Osc:ar :\[élênier et de Dnhnst dr Laforest. On ne se plaignait p,ls. L·asphalte est hospit,tlièrc entre la rne Drouot et l'awnne clr l'Opér,1. Pour récompense. YoiLl ces demi nous-mêmes. ces fi[:.; de nos muses, qui se coiffcnt cln easquc ,l pointe I Xons a;-ons réchauffé> drs reptiles bismal'(·kiens au souffle de notre poésie caligincuse mais personnelle! l<'i ! qur c'rst laid, Messieul's les tét,ncls flarn,111ds ! J)'aulant plus horrible ('eltrc traitrise, que uou" ignorons naiment qurlle logiqne a pu guidrr Jes consrils du roi Léopold. c·ar. lorsque casques ,\ pointes et pantalons rouges sr seront mntuellemenl déchicrurtés prnclant pluRieurs mois. et qn'il rn famlrn YC'nil', par lassilndr. ;'t planter dr petits <lrapraux :-;nr des ral'trs. et ù mar11urr au craYon dr ('Onleur les nom·rlles l'l'onti~•rcs, la situation de ces· bons Belges ne ,1wdra plus une chope de faro, ni une toile <le Yan Hysselberghe. On Yaineus. nons ne pourrons qnr laissrr faire: rt. sa neutralité ét;rnt Yiolée par les Prussiens, ceu"X-ciépouseront MlinitiYement la Yierge flamande. qui ira filer dans le harem dr l'Empire aYec les donairii•res de la con fédération germanique; on hicn le drapeau trkolorr de D'2 flottera sm· cle non YCau:x.Trmmapcs: et les bon rgmestrrs ne pouYant plus assnrer leur loyale ohsen·anee <l'une neutralité reconnue, t1otre diplomatie sera hicn ('Ontrainte d'annexer les :\fass:,s et les .Jordaens d'.\n1·Ns. les portes de n1iHe <leSaint-BaYon, le Portement de la Croix <leYan Dy('k. lrs Hemling de Hrüges, le chfllcau de \\.alsin et les grottes dr Han, ù notre direction drs Beaux Art:-;. tandis <1uelesteni toires qui reci>lrnl ces cnriosi tés, prend ronl place parsmcroît au cadastre frarn:;ais, que les huitres d'O::;tendr et les portes hrnxellois seront définitiYement incorporés dans les cartes de nos tables d'hôte et les cadres <les régiBibliotecaGino Bianco

- lli7 - ment:; de marche! 0 blonds hardes, huYcurs de ccHoisr, peul-être connaitrez-vous la douleur des Yingt-huit jours, les chandelles de la ch::unllrée militaire et le respect des galons de sous-offs que vilipenda JI. DescaYes, gloire. de notre reportage militaire! Et vous referez ll•s .1.\-li!;;è,·es rltt Saure en pleurant, et Tress et Stock ,·ous éditeront, et vous y gagnerez des rentes, et l'on ne pou1Ta plu,; sourfrc de volrc littér,tture en proclamant dès là YUCde YOS soyeux recueib: \·oiei la contrefai;:on belge! Vous serez dcYenu,; enfin des cc imitateurs franrais ! » cc qui est infiniment plus honorable. BibliotecaGino Bianco

UN iu~co XNC En 1830, a,·ec unr eanta.tr qui sïnti tùlait SmYlrt,wJ)alr. un m11sicicn, alors ùg{' de dngt-sept ans, obtenait le prix de llonie, hl plus rnYit'<' des rél'ompenscs ofJidrllrs anxqnrllcs. dr tout trmps, ait pu prétrndrr un jrunr homme. Cc eompositrm· a mit éc:rit déjù qnclques œuHcs s~·mphoniqurs, une ourerturc 1te ll'arerlr>!J. 11ne ow1:C'1·- /1w<' (l('S Prm1,('S J-n[JCS. et llllC Sy111plw11Ü'/'r111lasti(jU(' sur Jcs srnsations qu'on épro11,·e alors qu ·on rst musicien, ri qu·en 1111désespoir d'amour, on a pris tlc l'opi11m, non point 11Ssrz pourtant pour sr lont ,i fait e1npoisonncr. Et d(•j:'tl'autrur dr ers œuncs snsc-itait des aclmirülcurs. rn nombre tel <Jnïl put, Ir 2o mai rn-28. puis le l",. no,·emhrr 18·2n. donner un do11blr <"On<"ert oit l'on cntrndit les ou,·ertu1·r~ et la symphonie, qni furrnt très applaudirs. L'our obéir anx. ri,glcmrnts, Ir 11011Ycaulaurfat dr nnstitut s·en alla en ltalie. (..)nan<l il rr,·int, il a mit achrY<' llllC(J1lte1·/tWl'f[n l'Oi Ll'Cll' rt un 1JlélOlO[JUC. lr Hl'!OW' ri ta i·ir, qui ébüt la suite dr Ja Sympl1011ie /'rmtaslique. Ces nou,·cli<'s œunes furent rncore exécutées dans 1111 concert donné par ra11lPur, comi'ne crllrs qui suiYirent. drnx pot'me:-; symphoniques, J[(o•otrl en 1/olif' et Uo,néo et J11liette. l~t, chaque fois ([lle cri hrurrux. arLi:::tr fai- :;ail cntenclrr quelque fragmrut de sa musiq11r, de longurs ontlions l'accueillaient, le,; journaux lr louaient. rt il nr marchait guère que dr suc·d·s en succ·ès. 1.1 arnil a11ssi tenté ht critique. rt un journal ho11ornhlemr11t connu, lr Joiwnal ries Débats, LtYait chargé du fcuilkLon musirnl. .-\us:-;i. eu 18~8, le grand prix de 1830 obtenait la reprr- ~entation it l'Académie royale de musique d'un opérn, BibliotecaGino Btane,o

- 1/i!) - 1Je11i-('111itoCelli11i. Le public ne montra qu'une estime médiO("t·e po111C' <'llr <l'U\ï'C: mais cet échec n·a1Tèlait pas en son essor la gloi l'e de l"au 1e11rde la :iy,nplw,iie fan/as- /iqlf<', rt nn 11ouYE'ihonneur ofJic-iel lni ;;un·enait: pour lïna11g11ratio11 de la colonne de .Juillet., on lni commandait une SymJ1lt011i(' ('w1èl1·e et /1·/omplwle. Et rnic-i qn\u1x sncc·è•sparmi ses c-ompatl'iotes. lïll\·enteur cl11mélolog11e joignait des triomphes chez ks étr,111gers: il Yoyagc,rit par ht Belgique, L\.Jlcmngne, la Hongrie. ln Hnssie. l"Angletcrrr. et, pnrtont, en de victorieux concerts, il fai::;ait acdamer ses poèmes s:,mphoni(JUes. 1•:t.a11r·cto111·en Frnn("C. de sympathiques amateurs prû11aient la Dr11111,a/io1itle Fu1tsl, puis J"H,1/'ru1œ clit Clt1·isl : et 1";111teurde ces poi•mes anirnit ù la pins ofticielle dr,; dignités. il était nommé memhrc de !"Institut. rn mt'·me temps qu'on le chargeaît de \'Ciller sur hl Bibliothi•quc <111 (:011,-en,itoire. l~n 1815"2, Ltuleur de Benre,wto C('tlini ohlint c~ que. peut-être. il désirait le plus : un ,;uccès dramatique. Le th{,iUre de Bade lui jouait un opéra comil[UC, JJéalricc et JJé///J//icf.. ;i q11i nn élégant puhlic prodiguait sa f,wenl'. 1:année suiYanle, il est nai, les '.froyens ri Cru·/hagr étaient moins bien aceueillis au Théùtre Lyrique par la masse d11 puhlic p,trisien. mais les admir-ateurs de œt opéni le défendaient aYec une énergie lJUi pou\"(l.it co11soler Ir musicien. L"n second rnyngr par J'.\.llemagnc et la Hussic, accompli c·n .18(i7, rut plus triomphal cnc-ore que' le premiel'. Enlin. en 18li!J. mou1·ait le glorieux artiste dont nous YCnons d"esquis,-er la Yie: et de notoires eriliqucs \"OYaient en sa mort une il'réparahle perte. parmi lesquels son pins absolu disciple. l'aimable auteur de sata,mntô (1). qni. depuis <1uelqur trrnps, lui aYait succédé au Jmu·1wl ries J)d)(f/:;. Pen c1"11ommesont, dans leur existence, ép1·O11Yaéus,;i peu de rc\'ers que celui-lit. Gn groupe d'enthousiastes ,1drniratcurs raccompagna toujours;,\ une époque où, seule, (!) ~ous ne parlons pas de GuslaYe Flnul,crl. BibliotecaGinoBianco

150 - la ~ociété des Concerts du Conserrntoire donnait de réguliers conC'ertssymphoniques. réserYés presque aux œuues des morts illustres, et oit d"hospitaliers chefs d'orchrstre, tels :\L\L Colonne et L'..unoureux, n·araient p,ls créé d·entreprises moins exclusiws, le biblioth&caire du Conscnatoirc put sans cesse réunir des exéc11tnnts trl•s <lhoués, et faire connaitre ù tous de très longues et très difficiles symphonies: il trou ra des directeurs pour monter ses opéras: il rnt un journal pour répondre à ceux qni l'atta- <1uaient, rt même il parvint aux dignités qui, k plus sùrement, donnent it un al'lislc la respectueuse e::;lime du public. Quand il monrnt, la majorité de ses contempomins amit anNé sur ce membre de l'lnstit11l une a::;srz j11dicieuse opinion. On Yo:-·ail rn !ni un artislr chez qui des dons remarqua hies étaient gùtrs par la négligence des études prrmièrcs. et l'impardonnable ignorance de certaines règles prnsqne élémentaires : de h'l, dan::;ses œnncs. ù côté de fragmrnts d"unc inC'ontestablc beauté, tirs dél"eloppernents nrnladroit::;, des longncurs injustifié•es. des ohs :urités i1wolontaires, et parfois, l'absolue impossibilité de sui He une pensée. Aussi, unr ou deux au plus de ses nomhreuses compositions - telle l'Bn(anc<' du Cltl'isl - semblaient assurêes de Yivre en lelll' intégrité; des autres, on nr sau,·erait fJUe <les parties, et mème quelques une:; périraient <'nlièrement. .Et, arnc a:;se,, de raison, l'on estimait qne. de son YiYant, cc musicien a,,üt été lrop rncensé, et quïl amit joui d'une gloire quïl ne méritait pas tout. Or, Yingt ans après la mort de l'auteur de Sa1·d<uiapale, Y0i.ci cc qui est adn•nu de sa gloire. Les chefs crorchestrc inscriYcnt à l'e1wi ses œnnes sur lrs prngrammcs, et les amateurs de musique se pùment, admiratif,,, <lè~ quïls entendent la Da,nnation cle Favst on la Sym])ho,iie (antaslique. On écoute aYec s:--inpalhie jusqu'à l'Ow.:erture des F1·ancs Juges, et si un C'0ntralto Bibloteca Giro Biarco

- 151 - Yrut impressionner f,wornhlement le public. il n'a <f11·ù chanter la mélodie que la critiq11e drs Débats a eomposfr sur lit Capt il:c de Yiclor Hugo. Si. parfois. le <limanehP. ,rn Chf1lekt ou ,Ill Circrne, on applaudit le Roi ries .111ln<'s. de :-;chubrrt, c'est que raulrur cl'Ilarotrl en Jtr,tie Li orchrstré. et crux qui. ,Fec justicr. proclameront un médiocre pas rrdouhlé lr chœur dr .-;oldals que JI. Gounod intercab :son Fo11st, u·anront r1ue des rloges pour la marche <1<l'a Prise âc 'l',·oic. ~ul - fï1t-il Bach. HeethoYrn ou "\\"agner - ne jouit c1·un nom 11ussi Yidorie11x. Et d'où Yirnt c<'l1egloire imrnérilôe ·> De la eroyancr où Yil chacun. que raute11r du Re/0111· fi Zr11:ic fut méeonnu et po1·sén1té de ses eonlempornins. Oh, <1ucle ciel lni rendit un suprême senire en le douant d'un mauYais carnctèrr. Grùce it ses continuellr:s pfaintes, on s·est persuadô <JU<c'et heureux anlil é1ô malheureux, méprisé de tous; rt la trrrestr·e pitié - <1nihi<'ll rarement s'en Ya Yers les résignés - a eonru Yer,; eelui1.i qni criait tL·i'shaut les cris dr son aigre clonleur. Cet homme rtait plein <l'rnYic et de rnanrnis orgueil. Les élogrs qu·on !ni prodiguait Je touchaient ])('ll, cl il rslimait injures personncllPs les lounngrs qn·on ac-tordait ,\ d'autres. Etl'e trnu pont· quelqu·nn nr le tontrntait pas. il eùt YOulnqu·on le proclamàtn..:nique, et ses triomphr:; ne lui causaient nulle joie. parce que, songeait-il, c1·autrrs pouYtüent èlr·r applan<lis. 1,:11·011 a crn toutrs srs paroles: il a passé pour un môconnu. on,\ Youln le Yengrr, on n';\ plus admiré que s,l m11siqur. Srs errr11rs sont de\·rm1es des hanlie»ses; on a Yu rn lui le plus puissant des crblteurs .. \lors qu·une fois lous les trois ou quai re ans, un di reeteur de concerts risqur une timide c·xécnlion dr la Sympllo/liC m:r>c chœw·s. on peut, chaque hi\·er. entendre la Sy1nplw11ie (cmtas/iquc unr tlemi-dom:aine de fois .1u moins; ,dors que nul ne pense it donner fa Passion sPlo•i Soi,it-Alo1/iicu, c·est il qui jouern le pl us so11Yc11lt,1 Dan111atio,1 rte Pans!; et alor:; que personne ne drmandr la représentation dr 'l'i-istan et rseult, tous réclament la rrprise des 'l'rO!}e11S. .\insi. lr maurnis caraclrre d'un homme a sauYé ;:;es œunes de l'oubli, et, parce qu'un artiste n·a pas été conBibliotecaGinoBianco

-1:52trnt cl'trn sort qui rn eùt réjoui hraucoup c1·autres. il est de,·enu le plus glorieux des musicirns (1) . •\ . .FEHDl'.':.l'.':D IlELlOI.D. (1) Pour qu'on ne nous accuse pas d'aYoi1· imaginè une in\TaiSP111hlahl<'fn11taisiP. nous dirons le 1,011, du musicien d<' qui nous aYons parlé: il s·appelait Hector Berlioz. C'est lui qui, par respect pour \\"cher. aj.outa des récitatifs au u Freischfllr.. n Hé<"cm111en-l pour nous rén\lc1· un agréable duo que nous /·lions accout11mi•s d'cntcnd1·e dix fois enYit·on chaque anné<' - une socii•té d"amateurs i·clair(·s a monté« Bi•alri,•p cl Bénédict. "Procl,aiurnwnt. pour noui'lifa_ire connaitre un€' hrillanh• ou,·C'rtu1·c. ]a ml•11H'soci{•ti• rcpie ,<li-a« llcnYcnuto 1:elh11i. "cl les« Troycus, " pour nons pe,·• mc·llrt• de j11gc1· un puissant ~rpluol'. C'est Jlc·dor Berlioz qui a écrit, à l'époque oi1 l'on joua « 'J'annhnusC'r n ù l'üp(•ra : « \\"ag11c1· est é,·idPmment fou ..... « Ah! Dieu du ci<'!. quelle 1·cpri•scnlalion ! quels éclats cle rire! Le parisien s'est montré sous un jour toul nouYeau: il a ri du mauYais stylo musical, il a ri d<'S polissonneries d'une Mcht:stration houtronn,·, il a ri des naï,·cti•s d'un hautbois: enfin, il comprend donc qu'il_•: a un st~·le en musique. -' « Quant aux ho1Tcur,;. on les a sifflées splrnclidcment... « En sortant. sur l"escalier, on Imitait tout haut. le malheureux \\',ig-ncr de g-rndin, <lïnsolent. dïdiol. .. « Pou1· moi, je suis crnellement ,·engi• ... » BibliotecaGinoBianco (Co1·1·cspon<lanrc inédite d'Hector B1rn1.1oz.- C. L~n, 187!), 1 YOI. Lettres des \ 11 ri ;H ma,:s 18ül_. pp. 2î8-·?80. passim.) 1..

L'l~DlVIDUETL'E11PLOYÉ Le numéro 1 des Ent1·1'/ic11s donnait, e11tète, une page de Carlyle. « .Je Yél1l'l'e deux hommes - et pas un troi- :-;ii·me: ... je les Yénère rn toutes leurs formes; - tout le reste e:;t fèln et poussifre que le Yenl emporte ù son gré!» Ces deux hommes sont ro11,Tier et le P<•nsrur. J)ans une langue dolente et poétique, Carlyle le:; montre icléaux., typiques : l'onHier. déforrné dans les hrsog1ws, l'échine dél"iée, la main calleuse, la face halée; le Penseur, in,matériel, teJ\<lanLYers la lumii>re, le Ycrlir. (Jue sont, dans la Yie. ces deux êtres; et la masse du « tout le reste », <1u·esL-rlle? L"organisation des sociétés modernes. où tout est cnlalog11é. numéroté, rn registr(•, <lepuis le cher d"Etat jusq11·a 11 sable répandu sur les routes, a rempl,lté la Yie n,lln1.·elle parnne a<ltninistrntion compli<Jl1ée.canalisa ni les moindres spontanéités humaines, depuis !"essor clu pur génie jusqu·aux aspirations instineliYes du Yice. La rnrtr complète d·un [Hl.YStel c1ue le nr,tre, aYec ses réseaux de c-he1nins et de canaux. arnc toutes le:; indications des <:MlasL1·esm, orrcllemenl et délimitations de la propriété, ne donnerait qn·une idée vague cle la l"ie sociale règnant sur ce territoire . .\ussitôt que tel citoyen éba11che un monYement utile, soulh·e le petit doigt pour 11neffort. pense au ('aharet, il entre dans un ,;~·sti•nw tont prH q11imodifie, transforme et utilise ces mo11Yements. effort 011 pensée, satisfait le citoyen clans une c-erlaine me::;urc et d'unr faf'on en tout <"asclifférente de ('Clic attendue, lui prend une ï·orte partie BioliotecaGino Bianco

- 15i - <le ce quïl déprnsr cle trnsail et l'ahsorbr, pour le lui rrndrc sons <l"anlres formes en utilités, en jouissancrs. C'est ici l'Etat, qui pour se soutenir attire ,l lui quelque chose cle tout cc qni sr produit dans sa dépendance; le prélé,·emcnt qu'il opère 1ù,st pas inicp1e par nature, j)ien c1ne souYe11l pen équitahlr; t'est grf1cc ;\ l'Etat que le ciloycn pE'nt jouir d'une foule de hirnfaits dont rac-quisition !ni coùtrrnit drs prines infinies, on quo llll'lllC il ne ponrrait ohtrnir. :--eulE'ment - ces b\rnfaits sont i,111,01;I's au c-itoyrn: par Ir fait seul de sa naissance, il se tronYc en gag{~ dans un engrenage clr lois rt cle scrd tndcs dont l'effet pour lui sE'ra pcul-<~t,·e une pins grande somme de jonissanl'es quïl n·en aurait tron,·é dans un état primilif. mais qu'rn somme il n·a point désirées, point choisies. 11 r<'.'sulte mêmr d'un tel état do <-hoses que hl plupart de ces jouis-:anc-es ne sont pas goùtées par le citoyen: que sa c:omha11i\·ité, clrYenant moins 11éccssairc, nr le presse pins <fcntrclenir son ('Orps et son esprit fürns une hygiène forli tian le: que les passages, pendant son rxistrnc(', c1·une siluation ,\ une autre. pl11s doute ou plus p(•nihlr. se font p,H insensibles gradations, JlCll(lant lesqucllc;; il aehhc de sr plier aux nécessités matérielles et mornJes do sa carrih·e. Pom 1·{•s11mct·:lr ciloYrn modrrne subit. tH's sa n,\isSfü\CC.rrmpreinle de la \·ie soeiale où il ét·lôt. suit une ,·oie qui l'attend. eollnhorc ù une œnne cruïl ignore en grande partir, et mrurt sans aYoi,· laissé trace de ses pas. Celui oui accomplit ,wrnglé111cnt la lùr-he ohs('t11·e que Je sort lui a présrntéc, qucllr qur ::;oit sa fonction, on- \Ticr aux usinrs, manœunc, soldat ou cxpédilionnairc. r·cst l'Rmptoyë. r;adniinistration modrrnc des gnrndrs nations européennes - surtout de la l"rancc - fait de ('hacp1e citoyen 1111 employé. ::,;ile ('rn·c,\n de cclui-liL le laisse en pnix sur lïmportnnc-e du ri'>leindiYiclud. quïl ne joue pas, comparé ù la ligurntion impersonnel Ir où il Y<'gètr. c·est hien: le bonheur l'allrnd. !'·cst-:1-di l'e rabsencr d'émotions. Il YiHa mollement, non sans don('eur, clan;; le flot toujours calmc c1ni1·011trnineYers un 11\"cnirsans inquiéludrs. li ne g<>nernen rien le fo11ctionnemrnt cle l'organe social dont il fait partie: et même, en cas de danger, il ne sera BibliotecaGino Bianco

- 155 - utile que par son inertie, C,H' la désagrégation du corps où il est élément constitutif, le réduit ù un isolement mortel. Tou le l'œnuecommuneestac-complie grùceau:s: cm)!loi:s. L·armée n'est plus autre cho::;e qu·une administration, où tel homme génial de trente ans se Yoit sous la dépendance cle quelque officier supérieur sans autre mérite qu'un temps prolongé de scn-ice. - Le commerce perd lui-même tous les jours le caraclère aventureux des rnlreprises libres; les grandes sociétés commrrci<1les de Yi en nent des ministères. L'inclus trie s'adjoint bien plus souYe11t des êtres ternes et dociles que tels amhitieu:s, créateur:-; de res::;ource::;nouYelles. - Et non :-;eulement les rôles subalternes sont conlié:c; de préférence ù ceux crue leur soumis:-;ion désigne, mais le::;hauts emplois, les dil'edions - clan::; le but hiclent d'assurer leur dépendance ultérieure - sont rép~ rlis plutôt aux êtres malléables et doux, hypocrites au besoin, dont la souplesse rassure. Et maintenant, par dessus l'organisation systématique de::; fonctions, s'étend, plu:-; élitstique mai;; plus te1Mre aussi, rorganisation morale du peuple, la dépendance du respect, le ministêre de la Considération. Sans Youloir parler du resprct familial, qui n'est presqur jamais enlii'- rrment libre et spontané, il faut bien con:-;tnter qur la réputation, aujourd·hui peut-être comme toujours, est un <;Ompromis de mensonge, de dis::;imulation rt c1·audace : sur cet homme ari-i1:ë dont parle tout le monde, si ceux quilec-onnnissent youla.ient prochlmer seulement les cho::;cs de sa Yie dont ils sont sùrs, que resterait-il de sa répntatiou? - mais ils dissimulent par lâcheté, pnre::;se, ou indifférence; lui, ment, et se montre andacieusrment sous 1111 masque. Ain:Si encore, l'opinion de remployé-citoyen s'é,·eille (hrns une administration publique et occulte qui en fait (1uelque chose à son gré. En somme, quoi? la question est simple. Tu es arrh·<· dan::;un monde tout fait qui te compte pour un trente ou Biblioteca Giro 81arco

- 1:'\(i - quarante millionnièmr : accepte-tn? - Oni. - .\.lors. YoiU ton numéro, ta case et ta fonction : Tu feras ex,1ctement ce rrnc l'on tr demande. pas pins. Tu 1·ernplims ,n-cc· cette besogne le temps do Yir q11·011 t'achète, sans te croire obligé de donner nne seconde de lllns. Tu réaliserns le fragment cfœu\Tr, stnpide on génial. qui tr reYient, sans climinner sa stupidité ni ajouter Ir 111oi11dl'eCffort intellrctnel en plus. Tu ne chercheras pas il comprendre, tu pourrns connaitre tout au pl11s. « Surtout pas de zèle! » Tu te 1·eposen1s cle l'effroyahle tùchr inconscientc• dans six pirds de terre acheté~ sur tes économies . .-\insi tn seras un parfait emplo~·é. dam; ta boutique. a.u régiment, au cal'é. dans ton lit c·onjugal, et mt"•111qrLumd ln joniras llrs plaisirs que le ministère de lïntérienr te dispense. << Et si je n·accepte pas~» :\Ion ami tu as tort. :--;·est-ce donc rien cette tranqnillit(· qui s'offre ,'t toi! Cette Yie assurée, cette ])('sogne modrstoment, mai:; certainement lunati\·e, l'estirne crue ton rang comrnandera. la retraite!! « :\lais i\IOL qn·cst-ce que je de\·icndrai?" ::;-·,rnras-tn pas une situation! une l'amillc~ nu titre! Sans compter que tu verras l('s enfant eux-mêmes aYCC tirs ::;ituations rt des titres. << .J'a11rai des titres. :\fais moi. je no deYiendrai rien. i, Pardon, tu deYiendrns, rn dehors de ton emploi. quclque chosl' dans l'adminislnltion de ta commune, ~le ton pays. Pourquoi pas t « Toujours des rninistrrcs! .Je \'Ois bien cruels habits .ïentlosserai; 111aismoi, je, ego, mon indi\·idu, 111011 être Jihre? >> :-;'auras-tu pas toute lihertr? en dehors des heures (,;i peu nombreuses, huit ou dix) que ton ernploi delllandr. 110 po11nas-tu p,is te liHer a11x dou«eurs de l"étude ! dl' l'art~ :---;u1mt~mo ne saurait t'ompfoher do faire de la littérature. Cette flatteuse assurance est tonjonrs donnée ,'t qni semble Youloir s'écarter du droit c-helllin. Ceux. qu·un BibliotecaGinoBianco

- 157 -- in;.;tinct pres;.;e Yers le tnwail lihrr. aux ycnx de qui le tra,·ail 11·a pOlll' but que la création. les cito~·rns né,; 1·ehelles - d'ayance et sans ex,1men préalable - aux ol'ganisations toutes prêtes qui les at.le11dent, se Ltis:sent souYrnt persuade!' ri consrntent proYisoiremrnt ,\. Jll'e11dl'e leur rntméro, leur casr, leur besogne. JYaillenrs, pour les insli11ds le,; plus follement libres. n',· a-t-il pas des i·cole,;? Des rcolcs où ron p<'ut apprcnllre l'art. la littératurr. l:t philosophie! Et ptti,;, il faut hit'n ent1·e1· dan,; la Yie par une porte. Prendre un métiel' est prut-être le plu,; sù1· commencement. :\[ais quand il Ya s·agir dr dégagrr le soi-même du soi que la Yie a commencé par,. snhst ituer. sur ,1nel terrain solide,et dequellr foi. appui rat-il ses premiers pas! Pourquoi cet é1,tdemcnt d'une prison si protcdrice: pour quelle soir de dangers inco1mus et de luttes; et dans cruel but; et c1uellc utilitr? :;,.;ibut. ni aucune utilité. L'utile n·cst apprécié que par la myopie conte111pornine: la nécessité apparait ,111xpenseurs futurs; celui qui Yeutèlr<', ignore ;i c1uiserYirontks effo1ts où il se tue pour sïndiYiùucl'. Car celui-ht ne mut eonnailrr que son inclépe11da11c-c;lrs idées ancirnnes. il le,; anal>·sc, Ir,; rejette, ou s·en assimile ce qui lui est hann1Jnicp1c; los lois établies, il les reconnaît justes et~- ronsrnt, 011 Ir:; tronYe mat11,lises rt s'>· oppose, les dude: les mœnrs ro1wcnncs, il n·en suhit que cc que le' sens dP la Yic nat11relle lui permet tL1cr·eptcr. ::;,1Yic enlièn• e::;t une cléfPu::;cet une retraite: il est tomhé srul et nu an milieu ct·un founnillemrnt de somn,unhuliques et de possédé,; doués d'une Yic bizarre, l'.ldic:e, régulière, délinie, au milieu d'êtres h1·usc1ucment affolés ùe terrr111·et de fn reur au moindre dérangement de leur rxistence systémalis<'.·e. 11 recommence tous lesjonrs un lnttr contre drs µ:ens qui ne ratlnqnrnt pas mais qui se sentent menacés de mort à rapproche crun f>trr librP. 1->onra,·oil', un jour, srnti sur lui l'enlacrrnent des rêts d'une société tout cntii•re, il s·est insurgé, car il lui fallait dès lors respirer un ai1·li lire, il a Y OnIn se débattre comme un nageur pris llan3 les lwrbcs, et dans sa Yiolence il a osé secouer l'l'lreinte; ou bien, ingénieùx ù se dérober. Bibl:otecaGino Bianco

- 158 - il lais:se ('ouler le long de ses membres les liens et les nœuds. et recherche clans la solitude et dans lui-même le refu~c, l'a::;ile, lo soi, lïndépenclance. 'L'outr lutte directe de ecfr~lr indiYidu conlre lïmmense édifice mobile est folie; les tentacules soudain tendu::; et noué::; de l;t grande pieu\î'e le saisissent ,tu premier J1ond et J"étranglent. Que peut tenter cette débilité roidie? Lïssue tle la lulte ne saurait être douteuse : l'orgueilleux sent brisé. :\Jais au lieu <rue se roülit·, s'il s·assouplit; au lieu que défendre son être entier, sïl abandonne aux contingences l'extériorité cle sa Yie, il peut atTiYrr à dégager, pre:sque h libérer rcnsernhle des fatuités supérieures qui constituent son i,ir1itùl-i1. Et appelez eela fakirisme si YOUsYoulez, c'est la :seule forme aduelle cle lïnùépend,rnce, le seul moyen de créer, le dernier rrmède, le s,1lut. \·oyons en quoi con::;i::;lele renoncement de l'indiYidu. Tont cl"ahonl il dena renoncer ù la femme. Par elle, il serait indéJiniment repris dans le:s lois du monde et remis sous le joug des aut,·<'s. Ou bien la femme amie deuait rlle-mème si absolument renoncrr au monde que, naiment, la gal'ller serait enc-ore du renoncement: elle aurait perdu le charme, Je Yice et le mrn::;011ger1ui la font Nre. Qurl arrachement pour lui, sïl a c-onnu le::; joie::; de la chair et le::;rblouissements de Ltmou1·-ptopre ! ll sr saigne. t1s·rxtir1H' de Lîme nn fantùme d'elle-n1(\mr, un retlet d'orgueil, un ridiwle et cher fan loche si heureux lle donner it ht femme !"occasion dr simuler le bonheur (c;ir c'est leur forc-esuprême: nous faire croire tJue par nous elles éprouYent lrs dernières joies). 11 de\Ta renoncer nux jouissances physiques ù. cause des efforts qu'elles réclament pour <~treatteintes: soit que, pauHe, il doi,·e peiner pour lrs acquérir, ou que, riche, il dohe se dépenser ù les rechercher. Et m,~me plus il sera riche plus il aura de peine, car la gérance de sa fortune lui demandera drs soins Yulgüres con Linuels où :;on ,î.melihre se dissoudra dans la constatation de lïrnpol'lancr mondaine de la riche:;se; il ne saurait reconnaitre la supériorité BibliotecaGino E3tanco

- 159 -- r{•ellc <rue lui donne l'argent ,;ans en pcrclrn un pen clïndépendance. 11 dédaignera los honneurs. qni sont une <.:hainr rt nnc hasses,-;c: les honneurs accordés par drs sulbatP1·nes de pensée. p,u <les esrlaYes de la de. ne po11Y,11latll<>r q11·1i r-rnx qni consentent ;', l'inféodation anx lois créées par ll"aulrcs, ponr d'antres. 11 reponssrra de remplir nnc foncLion q11elconqne. même si cotte fonction lui doit asSL\l'<'l' a nrn1c'l'ielk. le pain: car cc pain sentit. ainsi, toujours trop ehf'I' p,lYé de pan·elles de ,-,oi-même éparpill('es aux ro11agrs des g1·andcs m,whinrs publiques. ::-:eserait-cc <pùrn nombre d'heure;; de p1·C:•sence demandées, il doit se refuser it cette présence : cal' il sr peut quo son Mrc demande h se mom·oir, ù Yag11rr pour secoue!' le joug d'autres présrnces. Et puis il nr faut pas qu'un numéro d'ordre puisse, ù un momenUle disprrsion. lui substituer la eonfiancr en ;::aplace sociale au sr11timcnt do sa solitudr en l11i-m<\me. li repoussera Lunitié. L'amitié lui serait possiblr ,werlel êtrr de solitude et dr renoncement s<•mblahlc• ;'1eelni qnïl est. :\[ais tous c·rux qui s'isolent hahilrnt cles l'('Cifs. <loscaYcrnrs. des ,-,ommcts 011de,-,puits, cl drux solilairrs rrncontrés rn sympathie cl'r11x Ott en haine drs a11trr,;. retombent, rn conple. dans Ir' l'umier de la ,·ir rom11nmr: car eux i-;econnaissrn t le dH,w t dr l'arm II rc. le sr<-rct <ln cœur, ht faiblesse do Hune: il suffit ct·nn 'mot pour se découHit' to11t entier, et alors, se sentant nus. ils plongrnl d,rns lr go11ffrr où leur nudité nr srrn pas sonpt;onnér. LIsera soul'<l aux. parol<'s d11prt'•lrr. L,t foi, la contiance, l'ardeur an bien, lui seraient obstruées par les rngurs prières et los obscurs sermons <lestinés à l"étonnrment (los humhlrs. des faibles et dos ,;impies. La di,·inité lui apparaîtrait lui-même. suiYant le pouYoir qnïl alteindrn de la retlétrr : aYec (lélices, il srnlira l'é(Tasemcnt de ,-,on orgueil et la diffusion dr ,-,on inrliYiclu clans l'infini dn monel<\ quïl aura compris chaoti<[UC rt similaire au soi c1uckonquc dont la conscicnr-e s'épenl . .JE.\X E. Scm11T1' Bibloteca G no Bianco

OUALLER? ... Lïmpossibilité de déconnir un localité agréa nie où d'autres Parisiens n·entachent point le p,1>·,mgeesl doulonreu::;e anx 1·ê\·0ur,;. Si l'on retrnuYe les trois marches d0 Torloni sm les cscali0rs inégaux des Jio1ilernnls de falaises, 10 !_Hism<' d0s allitudes 0t la poésie df>s rocs ,,·,rnnnlcnt ~t Utme contemplatiYI'. La solilu(lf> ('~t ductile au rèYe; une c-olonic de Yisitf>urs rencontr{·e de\·,rnt certains horizons patauge dans YOtre songerie et 0n trnuhlE' ù jamais la purrté. Comment réYciller les sonH'nirs et les k·gendrs dormant cl,rns lrs paysages, si crrtaines présencPs cxorcbent rhocation 1 Hier, je cruittais Saint-~Iùlo, Yille l>.'tlicsur la mer et close clr remparts ri qui semble(< une couronnr de pierres po,-;é>rsur les /lots, dont les machieoulis sont les tleurons. >> .If>rn·cn fus en pi'lcl'inage au <:rrand Be>·, rocher qui porte le tombeau de Chateaubriand; et, assis snr le granit. jf>m·enchantais aux pages. comme lrs Ilots, inélodieux, du pùlc H.rné. Dirai-je qu·un YOisinagc sul,it assourdit de srs commentaires la musique du style et des Yagues. et qtt'lwrrifié par drs cris et des ricanements. je erus lire LllH' grnYelurn bouffonne dans un missel sa<Té 1 On n·a pasqnotitliennementfa bonne fol'tunr de pouYoir lirr SalmnJ11/J() surles ruinesdcCarthngr ou crier: L(,onidas ! Léo11id,1s ! autour des Thermopyles; :si c1uelque impie triYialbe la grandem d11 pa>·sage, la légende est fanée, rémotion assassinér. ~[ai::; Je:-;tomistes ::;acrilège::; saluent par drs calembourgs le fastuPux lr,·t>r du soleil alpestre, s'esclafTentdernntles mines rormitlables de rantic1uité cellic1ne; et toute la récrie s'éboule par lrs trappes du réalisme. A défaut des Yoyageurs, les édifications des hommes contrarient les splendeurs de la nature et les déshonorent BibliotecaGino Btanc;o

- l(;L - en les dominant. La bùtisse du marchand dr ealrcons émine <lernnt l'immense tumultede la mrr: l'o<:éan roule les plis et les perles dr son mournni miroir pour lrnigner la Yilla d'nn frauduleux mon,-;ignore. Lt crèle dr,-; promontoirf',-;. les terrm;ses <flH' Dien jeta pardessus les golfes dr lurquoi::;rs. les lJalcons inip1·odsé::; par les c,qiriccs dn terrni11, lou1r,-; ces galerirs n,tl11rclles de la eontrmphltion ont <'té nlilis{,cs par J'{,goïsme des riches, et le décor en e:st pour toujours profan{'. Uepui,; <1ueron a gùté tant de sites émerYeillanls ponr y treuser des routes et ). p iser drs raib. 1a mge profanatri0e des modernes ,frst acharnée. sous prétexte dïnd11strie et de commerce, contl'C tous les paYsagrs et les a diYis{'s. tronqués. ai,imés, supprimés. Dam; un demi-sii,cJe. lr pittores<1ue ne sera plus p11·un mot. 1-:tles casinos. ces alhamhrns où piaillent les d{,jelés de tous les lhéùlrrs ! :-iudes gri'Yes noc-lurnes, J"écho dr lr11rs orchestres inf,îmes Yient trouhlr1· Ll grande Yoi:-;d. "orgue d<' la mer. cl mêler leurs fredons obscènes .i la lamenta.- Lion inlinie des flots. Et l'on songe, ù les entendre. it cruelque chose dr bf-le et de sa0rili'ge comme un b,1I public dansé sur le Cal mire. Où aller rn France? Où trouyei· un paysngr resprc-té, une grèYe inYiolée, où élirr un n\,·oi r deYant d<'s horizons purs de ratleinte humaine~ l)e,; tours historiqt1rs, de pannes églisr::;, des hnrgs déehic1uetés offrrnt encore des trésor::; inépuis{'s de rhrrir. Le::;anciens rhfLleanx et les anc-iennes tourelles, awc lelll's pans de murailles éYentl'{'s. leurs créneaux qui s·émirLtent et leurs ogi ,·es enguirlandées de lierres sont encore peuplés par les sou Yenirs errants de chernliers tombés et <le dames d{>funles; et les Yisiteurs dairYo~-ants lisent la légende sur les ruines qui demeurent. Et les chapelles drs camp,1gnes sont encore plus magnifiques, malgré la pnunrté de la décoration. plus magnifiques aYe0 le::;hottrlées de flrurs déposées aux pieds des saintes statues, et les YOls d'oiseanx qui, pat' le Yitrail, viennent mouiller leurs lJeC's Jins ,\ ronde consacrée du bénitier. · Georges Y.\XOH. BibliotecaGino Bianco

LES"FORTS " «..... Ils 1:eule1d ,·a11ICllCI' l'A1·t au .c. en·ew·s rie la /)ltil0S0J1hie ..... 11ü1is, rle,Tière (;('UJ'-{à, '/fi/{' /'(!CCse j)1'èJ)(IJ·e, lrt 1·ace des f'o1·ts. roi/à ce fJJte j'ai nt lions te· La,utit. n (i). (2uand il serait du cadre de cette publication dr déYelopper un paraJlèle entre les philosophies et les Yéloces, et !Jien que notre confrère nous y inc·ite, nous ne di:scuterous pas si le cc 111ust icis111ea distique li a néces:,airement comme tau:;es premières « rr,Icoolis11ie 111·froce, tous les 'Ci('es.... /1' ieit et t<•s rté/iauo,es raffi11ëcs. )) J)e ([uel cl roi l con lester le bien fondé de ces obsen,llions dont rien ue pel'mct de melll'e en doute la :;inC'él'ilédocumentaire : ton:; le:s chemins menant ù l{omc. il est. ma foi, fort possible que ron atTi1·e au (< ,Jt?JSlicis,nc aÎ'tis1ique )) par ce chemin des écoliers dôYoyés; toute l'ois je me hasanle jusqn'h suppo:,er (parégal'd ponr plusieurs de mes amis, :;ensiblement YisésJ que d',rnlrc's roule,;, plus bourgoisrment morales, y penYent et y doi1·enl conduire. Sjonterais-je que le naturalisme dornmentaire semblerait plus logiquement exiger des expériences préalables - et quïl :;erait facile, cc dont nous nous g,tl'dcrons tfail1eur:;, dïnsinuer c1uepour<( rendre l'ordure il faut l'aYoir mangée )) - à parler le lang,1ge s,rns distinction d'un :'II. De:;carns. \'oyez la paunelé de ces iRsultcs. <( Zvfvstitis,ne rwtistiqitc )), ces mots me semblent constituer un pléonasme : toute idée d'art impliquant celle de (1) Art cl critique. BibliotecaGino Bianco

- lûô . mystèrr: mais. peu chicaneur. _jr \·etix eomprcn<lrc <rue <·etrrmr rxprime - r1.·or111('111e,1t, cr en q11oiil est :Hl(,rpiat :in srm hla 11t dïdér ,;uggt'l'é) - l<'con trairr ll'IIn au I l"i' srmhlan t tl'id{'e ,rnggér(' par r-cttr aulre exprcsssion aussi Yagur, du reste:« une soin<' iJ1s11iratio11 »: Edgar Poe. par exr111ple, rst. selon Laroussl'. « <l'nnr imagination tlérégl[•p » et :ulmcltnns. po11r plu,; tlP cl:u·t(•. qnr :.\I. F1·:rnr:oisCoppér soit d ·11 n soli dr 1 ~-rismr ( 1) -- <l II r<•sl<•. hrusq11ons la cnndusion: rad est 111almlif'. n·esl-cr' pas 1 :.\L\L.\DIF. Yoil:'tlc mot. qni prul nous mrllrP <Lwr-ord: qu'csl-cP.rncffet. qu·un mala<lc1 nn êlt'P où H•rJtiilihre 11ormal n'a plus lieu. to11lc acth·il<' hypel'lrophi<1ur d'un organr s·alimenlant aux d(•pens 1l".1t1tresorgane,.;: hors. done. la hrutc humaine il 11·~-a. rigoureuse1nent. qn<' drs 111ala<l1'sdans I"lrnmanil<"•: rarlislP. r, (or/io,·i. est 1111 rno1101nane et un détraqué: la prnsée sNail 1111 pt•ché ronlr<' 11al11re: Ir' g(•nir u1w folie - c'est 1L1illcurs l',t\·is d<•:.\Dl. Lombroso et H. Taine. Yo~·pz donc. :.\L ti-orgias. rart srrn toujours le fait dr malades rt de fous et. l'oli<•pour l"olie, le m~·stiris1nr <'n Y,lllt unr autre: 11uïmporl<' <Ill<'l'on rami•nr l'art « aux erreurs de la philosophie» - e1Trnrs pour erreurs. c:1·llesJ;"1 rn YalPnt d·autres: - cl puis. ne rouhlirz pa,-,. il nr sern pl m; <rucstion d'art lors de ra \·ènemrnt de cet te « ra('r des forts» - Cnr. ù thimirrnenwnt parler, l'action et la pcnst'(' sr déplacent mul11Pl!cnwnt. La pc\lagogie a bien compris cc qn',waient de 11rnlsain ers rx.d•s du ccn·eau agissant sur lni-mème par la réflexion. Drs homme:; <lh·oué,.; ont organisé la Julie en ehargrant les programmPs: au moyen de m,rnu.:,ls résnmatcurs dont la lrctlll'r exige donzr annérs de Yic ri'glement{•<'. :'t raison <le 18 hrnrcs tir lraYail par jour. ils ont su g111•1·i1· l'enfant. puis le jeune homme de cette fatale manie. si répandur autrefois dit-on, mais qui, en ('Ctte lin de siècle, se fait dr plus en plus rare: la manie de penser. Elle a crn créer ainsi une génération saine, où (1) " Ah! les lemp~ étaient durs, la Yi<'i•tait amer<'. Il ,·ola, pour mourir, le charbon de sa 111èrc.., n etc., etc. B1bliotecaGinoBianco

- lMl'adiYilr cérélm1le n·aurnit plus dr ec:s outrances q11i me11r1·011Pta,;cal <leYant « rabimc >> et Baudehlire U oil il ,;c ,;cnlit. rrûlé par << raile de lïmbécillilé. >>- l~l il est it supposer, selon toute Haisrmblancr, que les jeunes hommrs mùtés par elle ne donneront pas le spectacle humiliant. pour to11s, clu génie. morale épilepsie. J;autopsie t1·un lycrrn <le 16 ans, mort, q11elqno soir dr rai111011d·a,:;phyxie, dans une salir d.élude, ti·111oign,t. ù la :satisfadion de l'opérateur, de la :simplicitr <,u,in<• des circonrnlulions de son <·rn·r,H1: mais la ,;trncture anatomique de sa m11sc-nlaL111·ner ·dénota pa,:; <111rc!'I arnoind1·issemrnt tfacti,·ité cérélirnle eùt prolilé au reste de son économie organiqur. On a songé alors. tout en m,1intenanl an rninimuin r.:•glrmcntaire le poids de,:; lobe., rntéphalic111e::;, ù <lé,·rlopper la rorcc 11111scnbi 1·e; U•du- <'alion ph~·,;iq11r cle1,lit èlre e.,sa~·(•e. \'oiht, :\L <iorgias. <fui expliq11e le Lawlit, do11t mus attendez Je,:;résultats. ::V[aisnr les pn'rnit-on pas d{•j,i 1 A l'ère des forts rn thi•mr sutci!tlera l'i•rc drs forts. tout court; cl de mêllle qur, dr mémoire de prores:;<'ur. nul n'c:;t jamais pan·enn ,'t faire écrire ù un cancrr Ir beau faux-cic;éi·on <les c;on<·ours généraux, il est é1·itlcnt qu·un rnf'ant chétif p,u· hérédité, n·arrirern jamais ;i cxreut8r 5;-i rétablissements suc-cessirs ~t la barre Jixe. quelques encouragements <1u·onlui prodigur ri de qtwl- {]lle pénalité qu'on Ir menace; rien ne :;cra changé, si cc n·r:;I que la gloire scolaire passera des perroquets aux ,;inges. - J.,',trt est désintéressé en cette question . .\h ! quand, en dépit de,:; mensonges désormais nécessaires et des nottYellcs falsific-ations biographique:; fatales et urgente::;, cettr << nouYelle génération des forts», éruilits :;portsmrB et sarnnts acrobates, <lècouHira que \ïrgile (>tait faiblr dr :santé, - de quel unanime mépris iù1ccablern-t-elle pas son Enéidc 1 Pour moi, que la 1,rnité littéraire n·a pas aYcuglé, j',q)- BibliotecaGinoBianco

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