Entretiens politiques et litteraires - anno I - n. 9 - 1 dicembre 1890

/ PHgM 11;I;lE ,\ ;-.; l\ 1:; 1,: PRIX: VINGT-CINQ CENTIMES ENTRETIENS POLITIQUES & LI'ITJtRAIRE8 SOMMAIRE: J. - Bernard L\ZAHE. - Lt•s •Jllatn• fa•·t•"· JJ. - Paul ADAM. - Avi~ ,t l'l~nfant. Jl). - Henri DE Rt,:c;:,.;u-:n-. .\ la mémoin• dt> ln l',H·•'t ,l,· :,;_ J\'. - A. Ferdinaml Hi;;noLD. - C(',;ar Franck. V. - Francis Yrnr.~;-GRIFFIN. - T.'Ah~ll'nlionni,-n,t• Vl. ~ote,; f'l NotnJe,;. !'A.HIS LIHBAIRIE lfü L'ART lNDl~l'E;\JL\1\T 11, rue de la Chaussée cl'Antin. 11 Le 1er Décembre 1890 B,~liot •c- Gino Bianco

ENTRETIENS POLITIQUES· TèT Ll1''I'Ji:RAJRRS Paraissant le 1<0 du mois. AùfYnnements a francs. t•oui- abonnentents, dt,.pôts, etc ... ~ s'adresse,· di .. ~ctemen~ à 1\1. Edmou«l Bailly, 1.t, rue de la Chaussée-d"A.ntin. Rn vente au numAro che;;: E1>~t.mm BAILLY }1AHPON et FLA.M.lL.\lHO\' 11, Chaussée d' Antin. Boulevard des Italiens. Rue Auber. id. itl. DKl\fTC Stvu-; 'L'RESSI:: et STOCK BBAS8EUR ~AV{NE à BORDEAUX ;\ MARSEILLE il NL\mS à lJRUX.ELLE!S ;i LIÈGE A venue de !'Opéra. Boulevard des Italiens. Galerie du Th&âtre-Français. Galeries de l'Odéon. 12, Rue des Pyramides. E1' à la Librairie Illustrée de la Gironde. chez A. Catelan, rue Thoumayne. chez Lacomblez, rue des Paroissiens. aux bureaux de la \Vallonie, 8, rue StAdalberl.

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LESQUATRFEACES A la très· Yénérèc mémoire des poètes qui sont morts misérables cl bafoués. Con11ne, dans la ·salle où avait été servi le diner, neJloUait plus que l'arôme ftcre du café, la fumée ténue des cigat·es, avec un peu le relent des plats ingérés, l'am-- phytrion se renYersa au dossier de son siège et, s'adressant it V. v···, V. v-·· le platonicien, it qui se devait la débandade des cristaux et des porcelaines, car en son honneur s'était célébré le festin, il lui dit : - Certes ..mon cher V. y~--, le seul plaisir de Yous voir après une si longue absence, justifie cette agape intime, cependant nul ne vînt ici et moi-même ne YOUSattendis sans la secrète et bien légitime espérance de vous entendre parler, et nous redire encore sur les hommes et sm· les choses, les si savoureux discours d"autrefois. Ainsi lorsque Socrate Yîtlt au banquet d"Agathon, ce n'était pas l'impatience de le contempler qui excitait les convives émus de le savoir immobile au seuil de la porte, mais bien l'attente de ses paroles. - -- Cc classique souvenir,répondjt V. V'", Hait de tous J~ plus capable de me réjouir et je retrouYe-là votre flatterie coutumière, subtile et ingénieuse. Je n'y puis répondre que par l'acquiescement. Toutefois, nourri des dialogues du diYinmaître de toute philosophie, je ne puis me plic1· à d'imprévus vagabondages oratoires et je Yous. prierai de faire ainsi que C:ebèsou que Phèdre qui demandaient catégoriquement au fils de la sage-lemme des notions précises sur un sujet déterminé. Je ,·ous connais assez pour sa,·oir que parmi les mille sciences que vous ave::(pratiquées il en est une qui yous doit tenir particulièrement au cœur. - BibliotecaGinoBianco

- 200 - Vous av<'r.dit nai, et si j'ajoute que seul m'a paru digne de mon plus immédiat intérêt l'art roi de tous les arts, celui qui est le dominateur des hommes et que les dieux eux-mêmes pratiquèrent, la poi'.•sieenfin, vous n'aurer. pa-; de peine à me croire. -Ce sera donc me. idées sut· la poésie et sur les poèl<'s que volis voudrer. avoir? - - C'est cela même. - - Vous n'attendez pas de moi,uneexposilion dogmatique et théorique de la poé:;iç. C'est lit préoccupation der, gent de collè'ge, de cuistre ou de Yersifi<'alcur patenté. , ous en êtes exempt, n'est-cc pas? Pourtant, comme,malgrc tout, la sophistique des (;<·oiesYous em·cJoppe, je serai mal venu à ne vous pas donner une définition que quémande votre attitude. Je Yous la donnerai si large, qu'il ,·ons sera licite d'y faire entrer YOSconceptions particulières et la poésie deviendra pour nous, si Yous Je vouler. bien, l'ar1 <l'enclore d~s symboles en des phrase:; précises, cl d'enfouir des mystères au sein d'images concrètes. - · - Je ne Yois aucune dil'Ilculté à approuver votre dire, quoique le mol mystère me semble trop rngue, et vcuilk. pour moi, être déterminé. - - Ce que je ne pourrai faire; pas plus que je ne puis délimiter par de conecls aphorismes l'ombre ou bien le rêW'. Il est tels mots qni portent leur ('Ompréhension en ruxmêmes et selon l'âme au fond de laquelle ils relentissc11t. Votre observation me fait craindre quïl ne Yons soit rcsl1• un trop Yifsouci des raté~orics anciennes. Ceux qui Yous élevèrent font gésir la pocsie dans de strictes formules: de ce qu'au début elle fuL entourée de lois jalou es, qui -étaient les gardiennes d'un seuil réscrYé, ils ont fini, c·cst une aberration naturelle, pat· prend l'e ces règles pont· l'objet même de la science et celte conception prérnnt encore cher. de très hau Ls e prits : 1ùst-i I pas arri Yé de même en métaphysique oit les facnltés dr l'ùmr. r111piriquc classification cl'abol'cl, on[ acquis une existence :réelle? Grâce ù cet oubli des intentions primordialr,;. on en est anivé, de noire temps, h s'instaurer poète .\. l'aidr d'un traité de versification et d'un dic-lionnaire de rime,;. Tel pratique la ballade et rien n·cst ,·1 redire ;'1 sa composition, seulement il se laisse indifffremrncnl in,;pirer par B1bliotecaGinoBianco

- 2!)0 - Vous avrr. dit uai, et si j'ajoute que seul nùt pal'n digne de mon plus immédiat intérêt l'art roi de tous les arts, celui qui est le dominateur des hommes et que les dieux eux-mêmes pratiquèrent, la pOl'Sieen lin, ,·ous 1ùwre:r.pas de peine à me croire. -Ce sera donc mes idées sur la poésie et snr les poèlrs que vous YOudrer.avoir? - - C'est cela même. - - Vous n'attendez pns de moi ,nne exposition dogmatique et throrique de la poési(,). C'est lit préoccupation de r.:gent de collrge, de cuistre ou de Yel'sific-ateurpatenté. , ous en êtes exempt, n'est-cc pas? Pourtant, comme, malgre t0nt, la sophistique des l'<·oles Yous enYeloppe, je serai mnl venu ~l ne vous pas donner une définition que quémande votre attitude. Je Yous la donnerai si large, qu'il YOussera licite d'y faire entrer vos conceptions particulières et la poésie deviendra pour nous, si Yous le voulez bien, rarl d'enclore df-ssymboles en des phrases précises, et d'enfouir des mystères au sein d'images concrètes. - · - Je ne Yois aucune difficulté à approuver votre dire, quoique le mot myslère me semble t1·op,·ague, et veuille. pour moi, être déterminé. - - Ce que je ne pourrai faire; pas plus que je ne puis délimiter par de corrects aphorismes l'ombre ou bien le rêve. Il est tels mots qni portent leur compréhension en ruxmêmes et selon l'àme au fond de laquelle ils retentissent. Votre observation me fait craindre quïl ne YOussoit resU· un trop vif souci des caté~ories anciennes. Ceux qui Yous éleYèrent font gésir la poesie dans dr strictes formules: de ce qu'aù début elle fut entourée de lois jalouses, qni -étaient les gardiennes <l'un seuil réserYé, ils ont fini, c·cst une abcl'l'ation n;ttmclle, par prnndre ees règles poue l'objet même de la science et cette conception préYaut encore chez de très hauts esprits: 1ùsl-i I pas arri ,·é tlc même en métaphysique où les foc11llés de l'ùme. e1npirique classificalion d'abord, ont acquis nne existence 1·éelle? Grâce à cet oubli des intentions primordialrs. on en est anivé, de noll'e temps, ù sïnslaurcr poète ,i J"aidr d'un traité de versification et d ·u11dic-tionnairc de rimes. Tel pratique la ballade et rien n·est ù redire ;'t sa composition, seulement il se laisse in<liff(•remmc11tinspirer par BtbliotecaGino Bianco

;tel que vous le dites, combien seront jugés dignes de <:e nom. - -Três pen,etil n'en peut être cli!féremment,pensez-vous ,donc qu'il puisse y aYoir beaucoup d'êtres c1·exccption, -étant données les spéciales conditions de vie qu'ils trounnt dn,11sla société et que toujours ils y ont tt·ou,·<'.·.- - Toujou1·s:I ..... Voyez en Grèce. - - Kous connaissons de leurs grands hommes cc que le temps it bien voulu nous conserver, mais nous ignol'ons s'il n·en fut pns chez eux que le mépris trniYersel conduisit ù la mort; et par l'exemple des siècles qui sui,·cnl, nous pouvons hardiment inférer que ces peuples ne furent pas en dehors cle la loi commune. Vous pourrez raisonncr,citer des cas particuliers, rien ne tiendra contre les faits et les faits clemontrent que toujours le mépris des foules et l'indifférence des pou,·oirs publics qui en sont le reflet, s'unirent pour traquer, ceux que leur nature et la qualité de leur essence cli!férenciaient du troupeau. Vous connaissez tous cet aclmirahln livre qui s'appelle Stello. Une phrase <lite par Chatterton le résume et prnclame ce qui attend tout poète: «Beaucoup ont ri, un grand nombre m·ainjurié: tons m'ont foulé aux picdsii. Et cc livre cruel du grand de Yigny, constate que sons la. ::\Ionarchie absolue, sous la Hoyauté constitutionnelle, sous la République, il en est de même. Les représentants de ces clivei·s modes de gouverllement s'ils se séparent dans leur façon appal'entc de conduire les hom1nes, s·unissent clans une haine sainte: relie <le l'art et du beau. Ainsi le poète, par cela seul q11ïl est tel, est voué à la misère, aux insultes, aux désespoirs, et le mot de monsieur Beckford, si défü1igneux, resle intact €t Yéridique: « La plus belle muse du monde ne peut suffire ,·L nonrri1· son hommc>J, dérlarc cet honorable négociant, si l'un de nous amit été pl'ès de lui, il lui aurait 1:épliqué sans doute : « Plus cette muse est belle, moins elle a de ehances. i>- - :--lepensez-rnus pas qu'il y ail clans cette thèse un peu d'exugération? li me serait facile de mus nommer bien des hommes, que YOus considérez comme grands. et qui furent de leur ,·i rnnt honorés et loués, riches et glorieux.- - Etes-Yous certain qnc ceux dont vous parlez aient du leurs triomphes it leur art, et n'est-ce pas de par une obBibliotecaGinoBianco

- 293 - se1·rnlion superficielle que Yousprotestez contre la théorie que j'expose t - - Q'entcnclez-vous pat· là? - - Ceci,que tous les poètes en proie aux acclamations du n1lgaire, acquirent ce los banal, par les:coets d'eux-mêmes qui furent le plus étrangers à l'art. Encore 1:1,faut-il des distinctions, car beaucoup furent déclarés des artistes et qui peut-être ne furent pas clignes de ce beau nom. Laissons-les c-?pendant, pour ne parler que des descendants Yérilables de Linos et d'Orphcus. Yous en .saYcz que les foules sui\'irent aYeuglées et charmées, affirmez-Yous. Penscz-Yous clone que, parfois les mangeurs de choses immondes se laissent captiYer par de subtiles ambroisies. Yoyez-vous l'éternelle Yérité, c'est que le public est semblable au chien dont parle Beauclelaire: « 11 ne faut jamais lui présenter des parfums délicats qui l'exaspèrent, mais des ordures soigneusement choisies. » Si donc,ccs cli,·ins mailrcs ont été triomphalement trainés sur les places, si des socles leur ont éte érigés de leur Yirnnt, ce fut ainsi malgré leur génie, et non à cause de lui. Prenez Hugo, - c'est son nom que depuis un instant je lis dans YOSregards - supposons-le retiré dans la tour d'ivoire, méditant la «Légende des Siècles», rêvant« Les Chansons des rues et des bois» ; abolissez la pairie, les luttes politiques et rexil, supposez-le exempt du besoin bas de réclame qui toujoms le tourmenta, il serait sans doute plus haut et plus pur pour nous,mais aussi pour Je grand nomine plus inconnu; l'admiration commune étant allée au législateur facélicux, et au sénateur extravaga11t, non au merYeilleux créateur de fant de beaux poèmes, de mème pour Lamarline, quoi qu'il nous soit moins cher. Si Yous nommez Béranger, la raison est plus simple encore, c'est qu'il fut un vague tlùtiste, et tout le contraire d'un poète. - •· Votre dernier exemple me semble grossier, etYous YOUSfaites la partie trop belle. - - .Je l'arnue, et Yous reconnais le droit de me proposer tels autres noms que Yous voudl'ez. - - ~i vous le voulez bien, je les prendrais parmi quelques-uns des Parnassiens. - -.Je n'aime pas cette qualificalion,ellea scrYiitsoutenir trop de sottises. On a pris l'habitude de réunil' sous le B1bhotecaGino Bianco

- 29'1 - •.!'~~ drapeau d'une prétendue école, de êtres si dissemblables par le talent et les tendances, sans compter les médiocres et les faux poètes qui scrrnnt uniquement à dt•shonorer des artistes aimés et respectés, que je ne puis admcllre ccmot Parnassien. c·cst une déplorable plaisanterie de réunir aYec une même étiquette au dos, Dierx qui fit reYin-e en nous la di Yi ne ch.tnson des boi,; automnaux el IIérétlia, somptueux évocateur de mondes lointains et de héros tragiques, Mallarm(•, qui connait le mystère des lys palpitants et sut rêYer la perYersité d'I-Iérodiade, et Yerlaine qui murmura les ,weux équivoques et dama de ja~ulatoires désespoirs. Des rhéteurs stupides 11°affublèrenl-ils pas aussi de cc nom de Parnassien le poète hautain et vénéré vers qui rn notre admiration respectueuse :Lecontede Lisle! - -Votreobscrrnlion est juste, d'autant que pourquelquesuns de la génération nouYelle, cc mot Parnassien est proféré avec mépris; réservons-le donc pom ceux des collaborateurs du « Parna se» qui furent doués d'un rudimentaire génie. Venons maintenant aux exemples que je ,·oulais vous proposer. -- - Quels sont ceux que Yous a,·cz choisis? - --lis sont quat.1c, et Yous ne contesterez pas qu ïls jouissent d'une certaine réputation, si je vous nomme Théodore de Banville, François Coppée, Armand Sih-estre et Catulle Mendès. - - Ce ne sont pas en effet des seigneurs de mince importance, je parle en raisoncle la renommée acquise, et ils me paraissent tout à fait idoines à démontrer ma théorie.,- ous me dites: ils sont poètes, et cependant ils ont a..:quis gloire et richesses. La tourbe ne raisonnerait pas différemment, si elle m'avait entendu parler, el certes, actuellement,elle m'eut Youlu battre a,·ec crs mêmes noms. Je réponds: leur exaltation est toute naturelle, puisque par les côtés les plus saillants de leur caractère, ils correspondent .'t quelques-uns des sentiments les plus chers ù la multitude. Si nous considérons la foule comme un animal un,si nous la supposons douée d'une ùme, de cette âme spéciale que :r1aton plaçait clans les parties inférieures, nous pouYons grossièrementattribuer à cette àme quatre faces principales et caractéristiques. La première sera cet amour de lapaBibliotecaGino Bianco

- 295 _· 1·oclie des choses considél'ées comme sacrées, cette joie ressentie it voir hafoucr le saint et le beau, cette satisfaction, je prends un cas, qu'épro1:1veune salle à entendre jouer la Belle Hélène, qu'éprouvaient sans cloute les Grecs, lorsque le bouffon .Aristophane counait Socrate de lazzis: tout ,\tre qu; agile ra une marotte aura droit ù la sympathie gén1•ralc. La deuxième face, qui n'est en somme qu'une {lérision moins apparente, 11°estautre que le sentimentalisme, c'est-it-<lirc la trnnsfot'mation niaise des grands sentin,ents, et il y aura le sentimentalisme de ln. piété Jlliale, celui de l'amour, celui du patriotisme : l'homme qui le,, sanm tons réunir, remuera par conséquent des fibrrs multiples et fort vibrantes en les cervelles minimes. La tt'<ll,~ième st l'affection pour l'ordure, le plaisir de l'abject et du sc,tlologi11uc,le ravissement du chien ù fouiller clans les Yomissures et la fiente, pour cela sans doute que cette exlase facile proclame la faculté de se pas er <lel'esprit; l'habile qui ne répugnera pas à préparer ce met J'echr1·ch1\acquerra forcément l'estime des co1n-i\•espt'iés an régal. La quatrième face, sœur de la troisième, est l'autrf' cûlé du même pourceau, c'est le désir des sensations charnelles, la recherche des équivoques excitations, la fla1terie de l'érotisme lalent. Le rôle clc celui qui se résetT''nt ce domaine, sera le rôle de la joueùse de flùte aux f,stin,; anliqurs, de la saltatrice r0maine, de l'almée -Orientalc, et comme il connaitra les attitudes langou l'euses, le:; poses capable,; de ranimer les volontés dHaillantes, le,; gestes habiles it ressusciter les aspir.1tions morles,tous l"élironl e~le choisiront et le conHiront de fleurs. - - Où Youlrz-Yous en Yenir? - - A ceci: que si ceux dont vons me parlez ont conquis l'estime publü1ue, c·est q:10 chacun creux réprésentait une face c1,, l"ùrne Yilc de la foule. - - Cela me pan1it excessif. - - En quoi 1- - En ceci: qu'on ne peut refuser it aucun des quatre un talent r<'•el.Que tous détinrent, au moins à une minute de lrur existence, le don du Verbe. Que Théodore de BanYillc lui, possède une incontestable personnalilé, le autres, dans lelll's bonnes œuvl'es, une excellente faculté B1bliotecaGinoBianco

- 296 - de s'assimiler le beau qui se trouYe parmi les œu nes des autres. - -Plus blâmables sont-ils alors. Comment, Yous connaissez qu'ils furent à des degrés divers doués dcla faculté la plus haute, et YOUSles excusez d"avoir failli it leur mission? Vous déclarez qu'ils auraient pu deYenir des artistes, non géniaux, peut être, à coup sùr estimables, et Yous partez de là pour les louer? lis n'ont pas craint, eux qui étaient destinés, dites-vous, par leurs aptitudes à de\·enir les servants d'idéal, ils n'ont pas craint de saluer pour maitre le monstre it mille têtes qui est l'ennemi, et Yous les voulez absoudre parce qu'ils auraient dù mieux faire t Vous acquitterez de vao-ues chroniqueurs ou d'ahurissants vaudevillistes, je Îe comprendrai : Yons plaideriez l'inconscience. Quant à ceux qui, sachant le mal, l'ont. choisi comme tel, et qui, pouvant le bien, le renièrent, quelle excus leur trnuverez-Yous ~ au nom de quel principe seront-ils laYés? S'ils préférèrent la mie banale à la voie royale, libre à eux, mais qu'il soit alors permis it ceux qui déchirèrent leurs pieds aux ronces, qui subirent les crachats et les insultes, qu'il leur soit permis de les chasser loin d'eux et de leur dire: nous ne Yous sommes pas frères. - - Vos paroles sont dures. - -Je les trouve légitimes. Ils ont leur part; ils la Youlurent. Ils désirèrent les acclamations, ils redoutèrent la misère : ils possèdent les unes, ils ont evité l'antre; que leur servirait ce qu'ils dédaignèrent, c'est-it-dire l'estime et le respect des générations, l'admiration douloureuse que nous avons pour Corneille mourant de faim, pour Cen·antés périssant de dénùme11q Tenez, prenons-les un à un, chacun de vos Pm·nassiens, et regardons leur œuHe. Le premier, Théodore deBanville, est le moins haïssable. il a toujours agi suivant sa norme, et contrairement à ce qne Yous disiez, il fut constamment lui-même, il n'y a pas de période où il se soit dilTérenciéde ce qu'il est maintenant. Il a Youlu être lyrique, l'exemple de Hugo l'arnit excité, son impuissance fut telle que YOU:n:;e me pourrez citer aucun vers de ses filandreuses compositions. Il bàtissai t des phrases sur le Yide, il se forçait, faible grenouilk, voulant enfler sa Yoix. Incapable de chanter.il se contcnl,L BibliotecaGino Bianco

- 2()7 - de régenter la poésie et, tel Boileau, fit un art poétique. Il Je conobora d'exemples choisis, exécuta des poêmes à formes fixes, exercices acrobatiques qui ont autant de rap-_ port avec la poésie, que l'art du cnlcuhtteur prodige à de rapport aYec la rnathémathique. Sa véritable nature n'apparait cependant que dans le Funambulesque.Hugo avait montré le chemin, son œune étant gt'.lanteetil le pouvait, :M. clc füuwille fit sans cloute son bréYiaire du quatrième acte de Ruy Blas. Dans cela il produit à peu près l'effet d'un de ces chardonnerets minables, faisant des tours clans leur c-ageen proférant des sons rudimentaires. Imbu du même esprit auquel nous dernns choll et la chronique, il mit Je calembo1ll'g en Yers, comme d'nutres aYaient fait dela géométrie, et de cela la foule lui sut gré. K'abaissait-il pas le Ye1·s,celte forme d"art que tant de génies avaient placé si haut, ne flattait-il pas les instincts blasphématoires des bourgeois aimant à l'ire, en transformant la lyre en clarinette? Cependant il n·a acquis qu'une estime médiocre, le grand nombre,tout en étant reconnaissant de la palinodie, préférait la prose spt1·ititelle plus accessible, et le journaliste se sentait blessé par la supériorité due aux rimes. A côté du voè!e, le conteur qui s'était borné à un b,tnal démarquage du grand Balzac n"était pas propre à susciter J"aclmiralion, En somme c'est une pauvre cen·elle d'oiseau, pitoyable plutôt que détestable. Le second, François Coppée, fit à ses débuts quelques sonnets de tendances estimables, quelques pièces s'inspirant des Orientales, mais il ne s'attarda pas ,·tces essais. 11sut de,·iner les tendresses populacière , et il sïnstaura le chantre des sentiments coutumiers, Si les élégiaques « <leshonoraient les petits oiseaux » comme a dit un ingéiüeux critique, il sut déshonorer mieux que cela, et sur le hourbier de la sensiblerie il sut faire pousser les plus fangeux tube1·cules. Dans une forme nauséeuse et vile, soucieuse de YOcablesbas, de locutions répugnantes, il cé-. lébra les humbles à dégoùter de la pitié, il glorifia Je patrioti.,me et le cournge à faire estimer les rénégats et les fuyards. Tout ce que l'on vénère, il est parvenu à nous en lasser, ses bons fils nous rendent doux po_ur<'eux qui frappe nt leurs aïeules. Mais il a exprimé d'une façon absolue, ts compréhensions les plus niaises, les plus écœurantes, BibliotecaGino Bianco

- 298 - il a été l'écho des pensées ordinaires, et l,1horde des sots l'a payé d'un renom inouï. - Le troisième, Armand Silvestre, commença par célébrer les étoiles, il le fit en vers sonores et, sïl s'en Uait tenu lù, sans le considérer comme admirable, il aurait droit à req11(·rirune certaine estime: C'ellcqui esLdue aux bons disciples des bons maîtres. li cessa bientôt. Désormais, quand il se manifeste comme poète, il se contente cl'itpropos rimés établis selon des formules connue::;, et il module des sonnets en l'honneur cks beautés de la nature. rul ne l'égale pour comparer la croupe des montagnes aux rondeurs des femmes, l'eau des lacs à lcnrs yeux, la rousseur des feuillages ù leurs cheYclurcs, le rougeoiement des aurores à leur teinL- il sni t anssi comparer les rondeurs des femmes aux croupes des rnonlagnes, leurs yeux à l'eau des lacs, leurs chcYcl11res il la rousseur des feuillages, leur leint au ro11geoiement des auror~s. - Cependant, si cette aptilude le recommande aux gens en quète d'épithalames, aux mondaines désireuses de madrigaux, elle serait insuffisante à justifier sa renommée. Le prosateur l'explique. Il se déclara, au moment prop:~e, l'héritier de Rabelais ( que fit-il de tes symboles, Alcofribas !) et le représentant de la Gaité 0<11ûoise. li figure assez bien un colonel '1e gendarmerie en retraite qni déhitc des gnuclrioles scatologiques enlremêH'rs de citations ü'Horace et de \ïrgilc. 11 a dressé dos autels à Crépitus et le dieu retentit clans son œuue. comme il (( circulait majestueusement dans les la.ticlaYes des pntriciens ». 11 a monopolisé l'abject, il l'a. exprimé clans unr l:=tngucamorphe, il a eu l'impudeur de couronner do roses la race qnïl aime à louer, et pour mieux. faire, en souYenir sans donte de son ancien rôle tl'aédc, il 1ùt pas répugné .'t glorifier ses affections en Yer;; légers. Anssi son nom Yole do l>oucltc en bouche, et le notaire le plus rebelle s'éjouiL à l'entendre prononcer. Le quatrième, Catulle i\Iendès, fnt <les trois derniers le plus magnifiquement doué, et il lui fo I' déparLi une extraordinaire puissance Yerba.le. ll a {·U•. en poésie, un incroyable assimilateur. Tour à tour il a dans ses Yers, imité les poètes les plus différents et toujours aYec un égal bonheur; de Hugo ù, Henri Heine, tous l'ont séduit. BibliotecaGino Bianco

- 299 - S'il s'était borné ù Pantéleia, aux Contes Epiques, il Philoméla, aux Soirs :.\Ioroses, il resterait le parfait élè\'e de ceux qui l'inspirèrent: il s'est acquis ailleurs une personnalité. U ne lui eut certainement pas ~mffi,pour mé'- riler l'estime publique, de refaire la Légende des Siècles ou tel autre liue éternel, ceux qui ne les peun'l1t lire dans le texte, n'en goùteront pas davantage une adaptation. En prose, il deYient lui-même, et il s'est donné la t.'icbe de solliciter les instincts ,rnimau:x de ses contemporains. li le fit clans un style mièvre, non sans attraits, d'une manière charmeusl3 et féminine, car il manque de virilité. Il est au fond le demier des élégiaques, el ses eontes débutent comme les bergerades de M. de Florian. ll rèvc de prail'ies affétées, cleforêts confites, il évoque le:s lJaysages que nous nous plaisons à trouver sur des é\'entails. Là il promène des bergers, mais ces bergers sont phallopllores et ils ont contume d'entomer l'objet du culte âe f,weurs roses et bleues. Il sait ser\'ir il ses fidèles de:s dragées <l'I-krcule, mais il les enveloppe clans une praline. Il n·est jamais égrillard, il est perYers, rt si sa perversité· est fade, elle sait séduire les Homais et leurs femmes qui par hypocrisie le rrpoussentfaiblement, et qui secrètement l'élisrnt et l'aiment. Ain ,i sont-ils, tom; les quatre, et leur œuvre qu'on ne , peut lire sans épronYer la mélancolique tristesse qui surgit des cl( chéances, ne contredit pa$ mon dire. Elle atteste an contraire que peuYent réussir ù atteindre une renommée temporaire, dispensatrice des honneurs mondains et des richesses, ceux-là seuls qui correspondent, par lenrs plu saillantes ,·ertus aux qualités des masses, ceux-lù ::-euls qui représentent une des faces de rtune Yile de la foule. Doivenl être mis à part, les rares qui ontdù la gloire à des ades indépendants de leurs manifestations littéraires. Croyez-moi, ceux. qui int(•rieurement S(lnt poète::; doiYenl renoncer aux. biens tenestres, et sans regret, leur part esl assez belle : ils ont l'éternité, et se sunivront snr les lèv1·csdes hiérophantes. Sachant d'avance, qu'ils ne recueilleront dans leur ,·ie que des mépris et cles insultes, qu'ils se redisent ces YCr::d;e Beauclelaire : To11s ceux qu'il veut aimer l'observent avec crainte Ou bien s'enhardissant de sa tranquillité B1bliotecaGinoBianco

- 300 - Cherch,)nt ù qui saura lui tirer une plainte, Et font sur lui l'essai de leur fé·rocilé. • Hélas! ils seront éternellement vrais, mais nais aussi éternellement ceux l[Uisuivent: Je sais que vous gardez une place au Poète Dans les rangs bienheureu, des saintes légions, li:tque vous l'invitez à l'éternelle fète Des.trônes, des vertus, des dominations . .Je sais que la douleur est la noblesse uni,1ue Où ne mordront jamais la terre et les enfers. Et quïl faut pour tresser ma couronne mystique lm poser tous les temps et tous les unh-ers. BEnKARD LA11.\1Œ. BibliotecaGinoBianco

A VISA L'ENFA1\T Tu plemes niaisement au coin du trottoir parce que <:e fiacre lancé au galop Yers quelque vaine affaire de J1ég'lce on quelque sinistre rendez-Yous charnel frôla ta main ballante qui laissa choir le litre de Yinasse maintenant hrisé contre terre où rampent des méandres Yiolets ... pauYre enfant! Tu pleures, et la manche du tablier noir dont tu t'essuies la face délaye sa crasse dans tes larmes. Quelle horreur que ta tête OYOïdescrupuleusement tondue de 1out poil sous prétexte d'hygiène, mais réellement pouréconomiser les séances de coiffeur!. .. Ton nez aplati à la racine, érnsé et troussé aux narines, tes gros yeux bêtes et clairs, tes mains en deuil, noires et rouges comme les gants du diable te donnent une ignoble allure dans le sarreau Yerdi,tàché des encres pérlagogiques sous ce sale col dont un ingénieux camarade illustra la toile de dessins imnutables il l"hornme lacustre. Pleme, graine d·esclave stupié!C',qui t'habitues dès cette heure à craindre et ,'t treinbler afin qne s'accomplisse ton apprentissage de lftcheté et de soumission aux Autorités pleines de faconde. Comme les soufflets propices Yont s'aplatir sur ta face ghtbre quanù tu remonteras là-haut au quatrième étage de celte caserne it employés où te procréèrent clans leur bestialité féroce et insouciante de l'aYenir, ton père imbécile et 1::tmère Yicieuse. Car en lin.. pour pétri·fiée que soit ton intelligence parl'atadsme de tout une race de laboureurs cupides, d'ouvriers rigoleurs et d'employés tour à tour pthisiques et scrofuleux, un jour luira sans doute où tu te demanderas de quoi te sert la vie? La Yie ! cela même qui t'oblige à respirer l'émanation BibliotecaGino Bianco

méphitique du ruissrau où pourrit cc rat mort parmi des trognons de salade et des linges it ulcères! La vie! c'est-à-dire le dc,·oir d'escalader Yingt fois le jour sur l'effort de tes tibias décharnés ces étages où puc11t les soupes et les graillons des soixante-dix-neuf locataires pauvres, de manger dïnfàmes charculcriesnageant dans des pommes de terre ,:d'eau ou dans des haricots amollis par la potasse, de t'en aller ensuite, a.près la giffle paternelle, user tes loques sur le ba11cd·école tandis qu·un pion har~ncux insultera ton ignorance propice, et t'accablera de olùme si tu oses sourire il fJuelquc rê,·c de prairie verte et de soleil rustique! La vie, pou1·laquelle tu reçois les coups des gaillards plus robustes et tu affliges de taloches et d'injures méchantes les avortons plus faibles - pat· cela seul que la souffrance d'autrui r:,jouit l'instinct de conservation qui enchaine rhumanité ù.la terrible planète de géhenne! Ils t'attendent lù.-haut, les justiciers assis deYant leurs faïences dépareillées où se lige, en refroidissant la graisse d'un cadavre d'abattoir. lis t'attendent avec le fol espoir que tu apporteras de cet alcool rougi aux plus sùrs poisons mais qui leur mettrait du sang sous les yeux pour cinq minutes malgré l'anémie agriffée ù leurs carcasses. mais qui ferait dir~ à l'hommer1uelque obscène plaisantrriedont se pàmerait la mère prête aussitôt à se laisser ensemencer d'une nouvelle graine cl'esclaYe et il renforter ainsi plus tard le laborieux troupeau des spéculate1Hs juifs. Pense de quel juste châtiment ya se marbrer t,t peau! Tu as peut-être soustrait au bétail humain qu'exploite lïndustrie financière, une tète toute entière, souche ellemême d'autres incli\•idualités soufîrantes qui, dans laperpét.uation des siècles, fourniraient asse;r. de labeur pour permettre aux vieillards riches, c1·entretenir somptueusement de tt·ès jeunes ballerines! . Aussi les hommes de cette caste, ou du moins lru rs prédér.esseurs, qui dictèrent les lois et la morale, orclonnôrent-ib que tu dois respect et obéissante à qui te procréèrent, afin que favorisant leur vie, c;·est-,'t-direleur~ Yices, tu contribues dès le bas fige à la multiplication da troupeau ... Sais-tu maintenant. .... BibliotecaGino Bianco

- 303 - Bien que tu le mouches sans précaution ..... Saisis-tu le pourquoi des giffles qui YOnt pleuvoir sur• ton crâne tondu et la raison que tu as d·exister? Apprends donc que ton père, Jas, un jour, de honteuses fredaines à très bas prix, et aspirant, en ses rêves alcooliques, A la possession sienne, incontestable et définitiYe <l'un mobilier de gout Yulgairc, courtisa la fille <luYieux collègue que la légende bureaucratique disait accumuler des économies sur les maigres appointements touchés depuis dïnnombrablcs trimeslrC's. Et celui était doux de croil'c au'après deux ou trois hiYcrs un catarrhe propice nwirait .i. la Yie le Yieil esclaYe administratif, que, par suite, raffreuse fille et lui-même, hériteraient du défunt. En (in détenteurs des premiers billets de mille, ils pomraien t nourrir par des YO!sadroits un capital probable et cspèrer régir itlcur tom· l'exploitation de la misère publique, ..-vmblés d'honneu1·s par les ministères. Cclac't'~lait le rho. La réalité eut moins de clémence. Le vieillard continua de Yivrc après aYoir fourni, une fois pourtoutes, le jour de la noce, un trousseau de madapolam, douze couYerts de ruolz, ce lit de palissandre pour des débats ignobles et légitimes, celle armoire hideuse dont la glace reflèterait les scènes conjugales, et la salle ,'t manger de faux Yicux chêne dont le bois vert craque horriblement la nuit pour rcffroi de tes cauchemars. La longévité du donateur sournois était impardonnable. Bien <les fois ton père se rhcillant après des songes de fortune avertit amèrement de ses regrets. Quelles querelles troublèrcn t l'humble ciel de lit et les tristes rideaux de cretonne, agités par la double colère des t'poux, - elle repl'ochant au mâle son incapacité do paraitre et de produire le nécessaire aux luxes les plus minimes, et les 1risles labeurs de ménage dont aucune mercenaire ne la relèverait .... Alor l"idéc pratique Yint ù l'épou ·c de tirer de sa chair même Je sordteur ou la sen·ante qui manquait ... , et une nuit de réconciliation, tu fus conçu clans la fraude, ta mère ayant négligé ces précautions obligatoires qu'ensei- ~nc Lou~mari à sa compagne, au lever d'une lune de miel t•conom1que. BibliotecaGino Bianco

Tu naquis. Le vieil esclaYeadmin)strati f entama l,'.gèrement encore son pécule, aux fètes du baptême. Les premiers temps tu fus, pour la jeune mère, la _poupée Yivante dont elle se flattait. Malgré tes cris et tes tannes, elle te lava, nettoya, épingla, emmaillotta. inexorablement. :.Vlèmetu n'eus point cette satisfaction que prend tout animal naissant :\ croupir en paix clans sa fiente. li te fallut subir une hydrothéri.ipie journalière qui te mart:vri a. Terl'ible et féroce ()!lete frotta, te fit reluire comme les cuines cle sa cuisine, telle une gamine qni cire aYecla brosse à parquet le Yernis facial cle sa poupée, pour écraser pal' le lnxe cle cette luenl' les pantins de ses compagnes. Quand cessa la première phase cle ton martyrologe, on te tnwestit en marin. Tu arboras nn col de toile bleue, des pantalons de futaine, et un béret portant écriL en or le Fo1·miâaùle. A peine vêtu de ces Ol'ipaux significatifs, ta mère t'employa pour entremetteur de ses sottes amours . .Aux.après-midis de jardin public, c'est ta joue que Yint tapoter d'abord ce militaire galonn(' pour qui, maintenant, elle vole sur les rations du ménage. Aujourd'hui ton malheur se magnifie. Dès que l'aurore crache le sang contre les Yi tres de la caserne c:i\'ile, la rnix grasse du père ensommeillé te r~veille en promettant la calotte excit:ürice. A peine vêtu, le sanglot du dernier ronflement dans la gorge, tu descends la lJOltc ù ordures ,;ers le tombereau municipal. Non sans que la portière t'ait qualifié en argot immonde pour les épluchures que ta main tremblante sema de marche en marche. On te Yoit ensuite, violc:t de froid, et les mains gonrdes courir sui· la glace des ruisseaux avec la boite au lait qu·une mégère fohUrc remplit de plàtre liquirle c;ipahle de crépir .'t jamais ton esto1rn1c,tombeau des nourritures innommables. Puis les bras chargés de pain et <lebraise, tu remontes actiYer le feu cleton souffle phtisique, comme si les bacilles de la tul.Jerculose qui colonisent tes poumons avaient besoin de cela pour croître et multiplier à !"aise. Entre temps tu as appris par cœnr la théorie des verbes grecs contractes, le rapport de la circonférence au diamètre, et le disconrs d'Alexandre à Porus afin qu.e ton père, éducateur rigide, te fasse réciter ces erreurs ataviBibliotecaGino Bianco

- 305 - <rues, - prompt it te souffleter au premier manque de mémoire ..... Coiffé d'un k~pi crasseux, premier signe des senitudes militai 1:es, tu cours vers le b,1gne unh·ei·sitaire où commence l'a.ul1·e supplice. La chiourme des cuistres ingènieuse â inventer des tortures t'inculque 1~, tous les dogmes idoines it abaisser l'âme, ,·1 l'inspirer la Y0nérnlion du riche et dn puissant, le mépris du faihle. l~lle ernlle dernnt toi la saurngerie des conquérants, la vanit6 de la rélhorique, l'immoralité des dogmes philosophiques et ramour de rodieuse république bon rgeoise. Toutes les âmes génèreuses qui parurent dans l'histoire sont ouvertement traitées par ces pions de conspirateurs on de tyrans. L'admfrable Néron qui, ayant compris la stupidité et la hicheté immuable des foules, les employa seulement comme motifs d'expériences sensitives, (ce .i. qnoi elles peu,·ent uniquement servir) - J'a.dmirable l\éron est méprisé par leurs doctrines. On t'apitoie sur le sort de Brutus candidat des oligarchies trafiquantes et on te parle de la cruauh~ de Sémiramis, la reine qni tenta la divinité. On in&ulte la Sainte Jnq11isition qui brûlait les Camondo et les Ephrussi du moyen fige, excellente mesure pour empècher les krachs comme ceux de n;nion génén1l~, de la Sociélé des cui\Tes et du Panama, où sombrent les économies des esclaves sociaux. La Sainte [nqnb;ition qui nous protégeait au moins des ,·oleurs de la ban,rue et samit vètir d"un San-benito soufré les plus audacieux exploiteurs du trarnil humain!! ... Ainsi par une Yieille srolastique, en inYoquai1t des entités ind{~liniçs, des mots comme Liberté, Egalité, et antres calernbredaines misérables, on te prépare il subir Jâchen1e11lle joug du Trafic et de ror, ù peiner dans le sillon économique,. ous raiguillon dn dernier des Hirsch ou des Klolz. On te tue respoir en Dieu pour implanter en ton ùme la crainte sa!utaire de Hotschilcl; et après dix ans de ce bagne préparatoire, tu comparaitras de,·,111tdes juges de faC'ult{•,domestiques de la ~ynagogne, qui ne te délivreront le diplôme nécessaire ponr émarger anx guichets cl u gouYernement juif, que si publiquement dernnt nn auditoire témoin tu professes l'admiration et le respect pour ces dogmes de serYitude et d'abaissement! ... ~inon B1bliotecaGinoBianco

- 306 - tu pourras creYer de faim au coin des bornes, t'entrndro appeler poète et déclassé par les messieurs honorablrs c1ui courront porter aux boudoirs publics l'argent qu'il::; volent ù ta pensée et à ton labem ... Ecoute, enfant ... voilà que je Yiens do dénuder la vie dernnt toi, la vie que tu connaîtras et où tu peinera à moins que la miséricorde du Christ t'appelle 11 lui tout c1·abord. Voih't cc que tu dois ù tes parents qui. là-haut au quatrième étage de cette caserne à ernplo~·és, attendent ton retour afin de te giffler et de tïnsulter c-ompcndiec1scme1ü. N'auras-tu pas le cœur maintenant de renier cettr famille honteuse, et tournant ta face vers les paroles de 11Iomme Dieu d'éwuter la Yoix sacrée te dire: << ••• Laissez Yenir it moi les petits enfants! >i Entre dans l'fglise, couche ton front contre les marches de l'autel, termine une prière brèYe... et va, pour ïamou1· du Clirist, apprendre dans la mort, le dogme de la résur, rection et de lïmmortalité ! PAUL An.\l\I BibhotecaGino Bianco

AL1~IÉJIOIRE DELAFORÊDTES.... L'J.<,talest l'apparence officielle de la société ou en quelque sorte l'expression Yisible et en raccourci des sentiments tacites de la multitude dont il représente l'opinion secrète comme il en exprime Je vœu muet. Aussi ses manières d'agir ne sont jamais inclilfi-rentes et on peut les considérer comme les résultantes d'une impulsion générale dont ils manifestent la direction. Or les lectenrs de cette reYue ont pu Yoir de quelle fa- <;onl'Etat se comportait a l't•gard del' !<:au (1); et la haine que ses actes clécèlentcontre elledenait être proverbiale ou, à tout le moins, avérée. Appli(1uons nous à nous rendre compte maintenant si celte avcl'sion est un fait unique et si elle n'aurail pas, à l'enconll'e d'autres manifestations naturelles, des répugnan~cs du même genre, La fa~on dont l'Etat use des forêts meparalt, à ce point de v11c. digne cle n'•Jlcxion et j'aimerais ééclaircir ce sujcl, p:1 rla raison que, a1·ec une sournoiserie qui pourrait déconcerter l'observaleur naïf, il a institué des fonctionnaires sp.'.•ciauxet nullement imaginaires dits : Conservateurs des eaux cl F'o,·èts et dont le rôle est tellement à lïnYet·sc du lilro qni les cll•corc et les recommande au respect de tous les « Amants de la nature, ii que ce sobriqnet, certainement, est une ironie assez incongrue ou unE' dissimulation inutile. Le but d'un « Consenateur des eaux n est d"ètre un Yagne agent de police qui crie it l'eau : Circulez, pas de ra~semblements « et empêche tonte o.siveté de cet élément qui ne demanderait qu'à sinuer en bons tleuvcs tranquilles, ù se disperser en ruisseaux gais, à stagner en Yastes nappes, lucides et belles, (1) Voi1· le numi·ro 1 des Entretiens !"Eau par le même auteur. BibliotecaGinoBianco

- 303 - et charmantes, parmi les arbres de ces forêts que les mèmes conservateurs ont mission de protéger, d'Nagucr pour en farnriser les actives poussées et les épanouissements, pour un jour - les couper. )) Pourtant, il est difficile de foire accroire - même à un ftre crédule et respectueux des nécessités pécuniaires actuelles - que cc meurtre régulier et périodique a pour but unique de procurer de rargcnt aux caisses de l"Etat. Nous savons tous que mille ressources sont U pour sup- })léer à cc genre de reYenus et que la dextérité gou,·crncmentale n·a pour YCnir à bout d'un problème de cc genre qu'il adonner les pratiques imaginations de ses membres au jeu illimité et productif des taxes et des surtaxes. Quand, par un ordre émané du centre des villes rt plus particulièrement de quelque vert cabinet administratif, .des Bnc-herons, guidés par ces mêmes Conscrrnteurs - qui doiYent en de telles occasions sourire ùe leur nom par trop contradictoire et dont le peu d'à propos rn jusqu'à ètre dérisoire - se meltent ù entamer du tranchant de leurs claires hâches ces arbres - que ces mêmes messieurs ont soigneusement marqués à leurs coups - il est él-ident que ce n'est pas seulement contre des planes, des hêtres ou des bouleaux que cette mesure est dirigée. Quand d'une forêt belle de sèves, de vivaces essences, d"écorces di ,·erses, de poussées admirables et gracieuses, de Yieux chênes qui dressent, sous des feuillage:- d'émail et de bronzes, leurs troncs analogues aux antiques métaux, de bouleaux qui semblent effeuiller de leurs branches un peu de clair de lune et font penser ft d'anciens gines Yégétaux, de mousses terrestres où croissent en la sécurité mystl·1·ieusc cles sous-bois, les oronges, les agarics monstrueux, les bolets, cl'une futaie où le Yen1circule parmi !"élagage fuselé ou palpite aux cimes, d'un lieu mythologique et sacré, une mesure aclministratiYe fait un espace nu, piétiné, saccagé qui porte de honteuse 1races c1·ayeugledestruction comme si une horde barbare y amit passé en y lai santseshultesquesemhlentêtrcles meules à charbon qui fument çà et là; quand on remplace ce qui poussait pa1·ce qui rapporte, les branches par des fagots, les troncs par des planches, il y a U quelque chose de BibliotecaGinoBianco

- 30!.Jplus qu'une affaire commerciale, un peu comme un attentat envers de l'ombre et du songe. :'\·est-cc point une des Yariantcs de la haine dont on poursuit le silence et la solitude"? Est-cc simplement un moyen utilitaire et coercif dr forcer quelque récalcitrant rêYenr qui s·obtinait à errer dans rantiquc dédale el a y perdre son temps en inutiles réYasscries, à revenir yei·s le séjour profitable des yilJes pour y coopérer efficacement aux besoins de la société et ne lui plus donner l'exemple de s'égarer parmi les arbres fut-ce à la recherche de soi-même. La société hait d'une haine naturelle et Yitale, qui veut s'bolcr; elle déteste la solitude et nie le droit qu'on a de se différencier de l'ambiance sociale et cl' en infirmer l' existence en s'cxduant de ses soucis. Elle veut que chacun corrobore la fiction qu'elle sait élre, au moins par un air d'y prendre part, et il lni semble que quiconque se sépare d'elle la trnhit et la diminue. Elle veut imposer sa hantise it qui la fuit, et peut aller jusqu'à jeter b,ls l'ombre des bois pourni qu'elle y suppose chance d'en débusquer quelqu'un qui, là, !"oubliait, fut-cc une heure, pour « s'agenouiller» cornme le dit }fanfred « dernntson.A me». Celte perséYéranceà s'immiscer en qui refuse de lui donner audience et se défend d'elle, se déguise en mille rnses et se raffine à Lous les faits.de la vie; et je me souviens de Stéphane :Y[allar1rn\ dénon,;-ant, uu jour, ,wec un demi-sourire, et de cette façon it la fois !(·gère et inoubliable qui est le charme de sa causerie, une des mille pcr:;écntions de !'Ennemie : Si un homme passé trente ans et qui a goùté la fleur de ses contemporains veut se retirer en lui-même la Société ou la foule lui délègue quelqu'un qui la représente auprès de lui: la Femme ... Puisqu'il en est qui oublient qu·une forêt est sacrée de par les printemps qui y sont nés et des automnes qui y sont mortes et de tant de feuilles des années qui jonchent le sol, à cause des mélancolies humaines - sacrée! dut-elle être un repaire de songes par cc qu'elle est de l'ombre et du silence, ne peut-on pas en présence du mystérieux méfait qui anL'anlit parfois la gloire Yégétale rl"unecontrée répéter cette phrase de déclamation rythmique que je plaçais BibliotecaGino Bianco

- 310 - <lans la bouche du J,:•ros d'un drame imaginaire qui lht haut du tragique collrnrne ;'t d'ignares dévastateurs disait: « Si lu coupes l'antique et Yénérahle forêt, crains-moi, car je porte en mon àme le sou,·enir de cc qu'elle fut. Prends garde, le fail stupide d";.tvoitc• ru couper du bois et d'aYoir supprimé de la solitude et du silence te désigne ,l la haine de ma Yindicative tristes e. Qui sait si, quelque jour, en errant parmi ces débris, je ne relrouYerai pas au cœur du dernier chêne qu'elle entama sans avoir pu l'abattre !"ancienne hache qu'y laissa quelqu'un d'absent ou d'enfui devant son propre sacrilège cf", si, mystérieux continuateur de lïnitial éclair d'acier que tu as p1·opagéd'arbre en arbre, je ne retournerai pas contre ta néfaste turpitude le vieux franchant qui s'est consen·é pur, en l'entaille où il demeurait, pour en jailli,·, enfin, et luire au poing furieux de quelque héros inconnu d'une cause de Songe et d'Ombrc. >> JIE:,.;m DE Hi~GNIEn. BibliotecaGinoBianco

C:ÉSAFRRANCK Le 8 novembre est mort un puissant artiste, et qui n·amhitionna que les bonnes gloires, César Franck. Sa vie majestueuse fut d'un salutaire exemple; et ù tous ceux qui aiment la pureté de l'art et sa graYilé, il con\·ic11t de s'incliner devant ce grand musicien, car il ne c-onnut jamais que les hautes pensées. · Sa biowaphie e:st simple,\ écrire: César Franck naquit ù Liège, le 10 décembre 1822; il ôtucliale piano, l'orgue et la cornposition au Conserrntoirr de Liège d'abord, ensuite it celui de Paris; plus tard, il derint organiste de l'(,glise :-;aintc-CJotiJde et professeur d'orgue au Consenaloirc de Paris; il réalisa les œu\'l'cs qu'il rêrn, et il enseigna ramou r des hcaux thants à de dévoués disciples qui furent aussi ses fidèles amis. Il ;10 chercha pas à sr faire connaître autrement qne par les créations de son génie: il ne fut jamais le héros cl'ayentures voulues et curieuses; il n'eut pas souci d'apprendreaux foules ébahies ses mets pr<'.·féréset l'heure où il les saYourai t; et, s'il Yoyagea, cc rnt comme le premier venu, :-,ansprendre soin que chaque jour un journal très lu informât les peuples de ses moindres (•tapes. :'.\on: si l'on veut ajouter à la biographie de César Franck, il faut (•nurnérer ses œunes: d'abord ses innombrables et merveilleuses piêces cl'orgue,puis ses or::itorios, tes Rérttitucles, Rédernption, Ruth; son quintette ponr piano et instruments à cordes; son quatuor pour instruments à cordes; sa sonate pou1· piano et Yiolon; ses poèmes symphoniques, les Eolicles, les Djinns, le ChasseU1·mauclil, Psyché; sa symphonie; ses mélodies, ses chœurs; et ses. deux opéras, - inédits, - Hulda et Ghisèle. On peut dire encore que par son enseignement, il fut BibliotecaGino Bianco

- 312 - lïnitiateur du c:)Urageux groupe dont les nobles efforts tendent à r~nover notre art musical. Dans les œuvres de Césa1· Franck, il r a la m(>rne dignité qùe dans sa vie. Sa hauteur d'fime rempêc-hait de soupçonner qu'on pùt s'aYilir à flallcr les bas instincts des publics, et, ainsi, il n'eut pas it dédaigner les vaines gloires que certains ont acquisf's arnc de méprisables adulations. Jamais il ne se perdit en les d<'.•gradantcs préoccupations des succès Yulgaire,; et des popuhuités banales; jamais il n·usa de ces moyens faciles et grossiers, mais qui « font de l'effet », et il n·eùt pas song{• ù sacrifier la pureté de la conception _etdu style à l'assumnce des applaudissements. li écrivit toujours ses œuHes telles quïl les arnit rêYres, et, comme il avait l'ftme éprise cle beau et de diYin, comme il estimait l'art une éternelle religion, ses poèmes sont des poèmes de calme et de sérénité. Par de longue:; et séYères études, par rentière connai ·- sance des plus hauts mallres, César Franck avait, it son tour, acquis une absolue maitl'ise en la science musicale. Et il ne souffrit pas la douleur de sentir !"expression manquer à la grnndeur de ses idées: il ont la joie suprême <le créer des chants lumineux, adéquats à la noblesse de ses pensées. Aussi, ,·t l'audition de ses œunes, l'on est frappé de respect, et l'on admire humblement. li est mort, alors que son \·igoureux g,:.nie cr{•ail eneorC'; mais il laisse d'impérissables chefs-d'œune, et, cerLC's,la mémoire viua de César Franck, qui fut un ·honnête homme et un grand artiste. On l'appellera, - comme l'appelait Vincent d'[ndy quand il lui dl.'.·cliait le Cirant de ta Cloche, - (( LE }IAlTHE César Franck»; on le saura digne cl u plus bel éloge que puisse méri te1· un artiste : « ll vécut pour l'art seul», et son nom sera Yénéré parmi les noms des hommes qui affirmèrent le plus glorieusement !"éternité de l'art. A. FERDIXA1':D HEROLD. BibliotecaGino Bianco

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