Entretiens politiques et litteraires - anno I - n. 9 - 1 dicembre 1890

- 299 - S'il s'était borné ù Pantéleia, aux Contes Epiques, il Philoméla, aux Soirs :.\Ioroses, il resterait le parfait élè\'e de ceux qui l'inspirèrent: il s'est acquis ailleurs une personnalité. U ne lui eut certainement pas ~mffi,pour mé'- riler l'estime publique, de refaire la Légende des Siècles ou tel autre liue éternel, ceux qui ne les peun'l1t lire dans le texte, n'en goùteront pas davantage une adaptation. En prose, il deYient lui-même, et il s'est donné la t.'icbe de solliciter les instincts ,rnimau:x de ses contemporains. li le fit clans un style mièvre, non sans attraits, d'une manière charmeusl3 et féminine, car il manque de virilité. Il est au fond le demier des élégiaques, el ses eontes débutent comme les bergerades de M. de Florian. ll rèvc de prail'ies affétées, cleforêts confites, il évoque le:s lJaysages que nous nous plaisons à trouver sur des é\'entails. Là il promène des bergers, mais ces bergers sont phallopllores et ils ont contume d'entomer l'objet du culte âe f,weurs roses et bleues. Il sait ser\'ir il ses fidèles de:s dragées <l'I-krcule, mais il les enveloppe clans une praline. Il n·est jamais égrillard, il est perYers, rt si sa perversité· est fade, elle sait séduire les Homais et leurs femmes qui par hypocrisie le rrpoussentfaiblement, et qui secrètement l'élisrnt et l'aiment. Ain ,i sont-ils, tom; les quatre, et leur œuvre qu'on ne , peut lire sans épronYer la mélancolique tristesse qui surgit des cl( chéances, ne contredit pa$ mon dire. Elle atteste an contraire que peuYent réussir ù atteindre une renommée temporaire, dispensatrice des honneurs mondains et des richesses, ceux-là seuls qui correspondent, par lenrs plu saillantes ,·ertus aux qualités des masses, ceux-lù ::-euls qui représentent une des faces de rtune Yile de la foule. Doivenl être mis à part, les rares qui ontdù la gloire à des ades indépendants de leurs manifestations littéraires. Croyez-moi, ceux. qui int(•rieurement S(lnt poète::; doiYenl renoncer aux. biens tenestres, et sans regret, leur part esl assez belle : ils ont l'éternité, et se sunivront snr les lèv1·csdes hiérophantes. Sachant d'avance, qu'ils ne recueilleront dans leur ,·ie que des mépris et cles insultes, qu'ils se redisent ces YCr::d;e Beauclelaire : To11s ceux qu'il veut aimer l'observent avec crainte Ou bien s'enhardissant de sa tranquillité B1bliotecaGinoBianco

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==