Entretiens politiques et litteraires - anno I - n. 9 - 1 dicembre 1890

L'ABSTENTIONNISME Aujourd'hui que tout le monde sail lire et écrire et que tout le monde lit ce que tout le monde écrit; aujourd'hui que l'homme est, uni\·ersellement, apte - comme NI. Lemaître, un des types les plus complets de cette époque -- ù tous les harnrclages et à toutes les polygraphies, n'est-il pas dtl devoir de l' 1:;;tatde fournir à cette multitude, lettrée de par la loi, la matière où exercer ses facultés acquises, lui en prouvant ainsi l'utilisabilité? n'est-ce pas le dcvoil' del' Etat de démontrer la nécessité du métier qu'il enseigne en rendant le roman obligatoire comme l'instruction? Cette loi, seul corollaire logique aux lois Hcolaires, ne ferait, au reste, que consacrer un usage général aujourd'hui, mais qui pounait, sans sanction légale, tomber e:1 désuétude. Car il faut le reconnaitre les sujets vont manquer : à force de se serrir, sous prétexte de littérature, des « tranches de Yie » on en arrive à n'arnir plus que du gras it se mettre sous la dent; et, peut-être, en sera-t-on réduit lJientôt aux rognures de boucherie et aux déchets d'abattoir - pour finir(dessert !) par le mets favori des Yahous clc Swirt. Si donc la négation demeure encore le haut idéal• de l'avenir, n'oublions pas que l'heure pourrait venir où il ne resterait plus rien à nier et c'est dans l'appréhension de cette heure de perplexité - de laquelle nous approchons peut-ètre, mais dont il importe d'éviter le désarroi aux générations montantes - que rEtat devrait imposer, pour six mois, aux contribuables la paraphrase exclusivede quelques thèmes précieux, dans l'espèce, par les négations qu'ih proYoquent (1); ceci à une fin purement utili-• (1) L'idfo de Dieu, pàr exemple. BibliotecaGino Bianco

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