Hector Depasse - Léon Gambetta

MAZ 0700 00239 MAZ 3879

CÉLÉBRITÉS CONTEMPORAINES LÉON GAMBETTA HECTOR DEPASSE PAR IS A.~QUANTIN, IMPRIMEUR-ÉDITEUR ) 1 RUE SAIN"T · BEMOtT, 7 1883

\ '·

LEON GAMBETTA

LÉON G AM BETT A 3 AYRIL 18J8- 31 D~Cl:;)IDRE 1 882 omment cene biographie de Phomme d'Éwt le plus accompli qu'a it produit jusqu'à nos jours la Révo lution française a- t-e ll e été changée souda in cn une nécrologic Jamcntablc, alors qu 'il éta it dans toute la force de 1\lge et de l'espérance ? Cct organisateur de République n'a jarnais eu le scuc i d'organiscr sa propre vie à luimème. Ce modèlc dc prudence po li tique a déda igné de connaitrc Ics lois de la prudence

cELÉBRITES CONTEM P ORAINES. personnelle. Gambetta n'éta it prévoyant que pour la patrie. Son égoisme à lui était d'a imer sans borncs la République et la France. Gambetta cherchait sa conscience, son dévcloppement, son progrès, sa gioire dans la conscience et dans la gioire de son pays . Il ne vivai t que de la vie pu blique. Son sang, ses forces, ses facultés, il les dépensait avec une prodigalité furieuse et superbe, il S1en dépoui ll ait avec une joie triomphante pour vivre plus pleinemcnt dc la vie nationale uni verselle. C'est ai nsi que s1expli quent sans doute cette vibration incessante de tout son ètre, cette belle humeur inaltérable, ce rire rabelaisien, ces sarcasrnes terribles et ces séductions de Pamitié la plus tendre et la plus fidèle, dont tant d1amis sont les témoins irrécusables; - c1est ainsi que s1expli que cette puissance souvera ine d1entrain et d1élan qui emportait des foules d 'homrnes derrière l ui , à travers toutes les émotions et toutes les passions, la colère, la gaieté, la rage patriotique, Pespérance irrésistib le; c'est que Gambetta a eu ce don à un degré tout à fait éminent dc vivre de la vie ambiante, de s'irnprégner de Pame collective des assernblées humaines.

LEON GAMBETTA. Quand son absolu détachement de sa conservation propre, sa négligence hautaine pour ses intérCts immédiats et corporels lui fit appuyer, par mégarde, la main sur le revolver, la balle, en partant, tomba dans le sang du monde qui fut jamais le plus surchauffé par l'ardente passion de la vie publique. Son existence a été un torride et fulgurant été, un prodige de maturité soudaine. Porté en un moment au faite de la popularité et de l'influence, il y a péri tout entier sans décroitrc. Il s'est éteint à son zénith, n'ayant presque pas connu le matin et n 'ayant pas eu de soi r. Un million d'hommes s1est senti touché par sa mort, cent mille ont célébré ses funérailles, des milliers Pont pleuré, camme on pleure, quandon est homme, sur le cercueil de sa m è re ou de son enfant. Certains ont prétendu que c'était fai re tort à l'idée républicaine, que c'était rnanquer aux lois de l'esprit démocratique: leur philosophie est bien bornée. La France, sur ce grand sépulcre, où elle venait d1enfermer une partie si brillante de sa vie publique, a sent i le besoin de proclamer son droit national et son im!Ilortalité. Elle s'est mise tout entière en mouvc-

CE.LEBRITES CONTEMPORAINES. rnent, et, l es rnains dans les mains, elle a marché à la face des n ations, - non pas sculcmcnt la France réduite , mut iléc, définie arbitrairement par Ics soph ismes dc la vieto ire, ma is la France réell e et vra ie, la France tout entière dans sa plénitude s'est trouvée là, proclarnant d'une seule voix son existence indéfectible. Dans ces funérailles profondément humaines , exemptcs de toute nuance d' apothéosc, la patrie a voulu réunir tous les témoignages les plus éclatants de sa doulcu r, de sa pui ssance, de sa richesse et de sa gioire . L'Europe impér iale n'a jamais conçu et produit un parcil triomphe funér aire. L 'apot héose délirantc dc Garibal di dans Rome ne lui pcutètrc comparéc pour la grandeur imposante et calme. Ce frémi ssement spontané et unani me d' un noble peuple, cette palpitation univcrsellc de la conscience frança ise aura été Pun des grands p hénomènes de la vie révolutionnaire dans ce siècle. Qu' un tel spectacle fùt possible, c'était en pÙtie l'ouvrage de sa prudcnce. Cette vie publique, si intense et cependant régléc, c'éta it sa vi e, son gén ie, son inspiration ; c'était so n; ·sauffie, et quand il est si vibran t et si universell ement répandu, cc souffie dc Gam-

LEON GAMBETTA. betta, comment pourra it· il se fairc quc luimèmc ne fùt plus ricn et que nous Peussions perdu tout entier? Son esprit vi vra longtcmps parrni nous. Sa politiquc, la plus souple, la plus puissame et la p lus effective qui ait jusqu'à nos jours germé au sein de la démocratie frança isc, produira des fruils longtemps après sa mort et abr itera nos ncvcux sous ses ombrages . On n' y échappera p lus. Mème ceux qui s' en défendent le plus apremcnt et qui se vantent d'y ètre de - meurés fermés et réfractaires, sont en proie à sa pénétrante infi uence. Belleville, qui l'adora i t, aurait voulu l e pos - séde r cxclusivement; Bellevi ll e le disputa à la France avec une jalousie tragique; mais il appartenn it à la France, il devait ètre tout a tous, à la patrie, à la démocratie . La vie dc Gambetta désormais se confond avec l'histoire des progrès dc la Républiquc en France, dans Pintellcct, dans le sen timent , dans la manière d'ètre du pays encore plus que dans ses lois posi ti ves; elle se confond avec l'évolution très curieuse et très camctéristi - qucs de Pidée républicaine chez Ics Français . N'impone l'issue où about ira ccttc évolution

CtLtBRJ T [S CONTE.lllPORAINES. républicaine de dix années, elle demeurera in· séparable de Phistoire personnelle de M. Gam· betta; il s'est ident ifié à elle, il l'a inspirée et dirigée d' une manière constante, bien qu'il ri'ait excrcé officiell ement le pouvoir que pen· dant deux moments très courts. Sans doute il y a deux manières de gouverner; et le gouvernement réel, substantiel et véritablement authentique n'est pas toujours celui que l'on pense . Ce gouvernemen t qui s' exerce, non par Pintermédiaire du pouvoir et de la police, mais parla force de l'3.me, la sagesse cles consei ls et la fascination de l'éloquence, qui règle la conduite d' un parti devenu lui-mème dirigeant , qui précipite ou modère, suivant le besoin cles circonstances, l'opinion publique d'un grand pays, ce gouvernernent a reçu le nom d'occulte, dans Ics disputes de la polémique quotidienne. Et quand on di t « occulte », on veut dire qu'il est caché et qu'il n'est pas légitime. Pour rnoi, c' est de tous les gouvernements cc lui qui me parait le plus clair, celui dom je connais le mieux les ressorts et qu' il m'est le plus facile d'analyser et d' approfondir. C'est

LEON GAMBETTA. aussi dans celui-là que je distingue Ics traits Ics plus ccrtains de la légitimité. Vous saisissez l'origine de l 'infiuence extraordinaire de M. Gambetta, lorsque, le 14 novembre r868, plaidant pour Delescluzc , il jugeait Pacte du 2 décembre et di sait: a Où étaient Cavaignac, Lamoricière, Changarnier, Le FIO, Bedenu, et tous Ics capitaines, Porgueil et l'honncur de notre arméc ? Où étaicnt M. Thicrs, M. de Rémusat, Ics représentants autorisés dcs partis orléaniste, légitimiste, ré· publicnin, où étaient·ils? A Mazas, à Vincennes, tous Ics hommes qui défendaient la loi! En route pour Caycnne, cn partnnce pour Lambessa, ces victimes spoliées d'une frénésic ambiticuse! » Le président de la sixième chambre, M. Vivico, avait cssayé d' intcrrompre de quelqucs parolcs polies le cours emporté de cette plai· doirie foudroyante . Mais l'orateur, arrèté un moment par ce frèle obstacle, reprenait d'une voix plus forte, avec une indignation accrue: « Cct annivcrsaire (celui du 2 décembre) dont vous n'avez pas voulu, nous le revendiquons, nous le prenons pour nous , nous le fèterons toujours, incessamment; chaque année, ce sera

CÉLEBRITES CONTEMPORAINES. l'anniversai re de nos morts jusqu'au jour où le pays, rcdevenu le maitre, vous imposera la grande expiation n.:uionale au nom dc la liberté, de Péga lité et de la fraternité . Oh! vous levez Ics épa ules! {l'orateur s' adressait à M. l'avocar impérial) sachez-le, je ne redoute pas plus vos dédains que vos menaccs ... vous pouvez nous fra pper, mais vous ne pourrez jamais ni nous déshonorer n i nous abattre ! » Je sens très bien qu 'à ce momcnt, M. Gambetta fon - dait le gouvcrnemcnt de son inAuence. M. Pavoca t impérial , tout abasourd i, s'écriait: « Mais cc n'est plus dc la pl aidoirie! » Ce n'en était guère, en effet. M. Gambetta, par ce coup d'éclat contre le coup d'Étut, s'install ait tout d'une'pièce dans cettc positi on d'oh.. il allait prcndrc le gouvernement dc J' idée républi ca inc cn France. Il avai t .rapproché dans cettc ;premi èrc :revendi cat ion le militai re et le civ il et les libéraux de tous les partis, préludant de la sorte à Ja réalisation de son idée dominante: l'union de tous sur le terrai n de la liberté pratique, le concert dc toutes les forces dans un État républi c.:-t in vigoureusementorganisé, reposant sur le consemement nati onal. Si x mois à pe ine s'étaient écoulés depuis la

LEON GAMBETTA. philippique du 14 novembre. Paris et Marscillc nommaient M. Gambetta député, Marscille .en remplacement de Berryer, qui, tout près du tombeau, n'avait pas vou lu lai sser aux républicains seuls Phonneur dc protcstcr contre Pactc du 2 déccmbre. Dès lors l a démocratie tcnait les yeux fixés s ur ~· Gambetta. Il y ava it d'autrcs républicai ns, illustrcs par de longs scrviccs, qu i occupaient encore la prcmièrc piace: Julcs Favrc, Picard, Bancel, M. Julcs Simon . Mais Pespoir de la rcvanche était Gambetta. On le couvait, on l'enve loppait avcc jalousie. Cclui-là, disait·on, ne bronchera pas. Le sommei l et la rCvcrie lui sont étrangcrs, il est tout action. Il ne se perd pas dans le bleu, mais il embrassc la terre . Lcs connaisseurs d'hommes voyaient en lui un grand sens politique et un esprit pratique déjà mUr, joints à tous Ics dons de l'éloquencc Ics plus propres à enflammer Ics assemblées popu· !aires. Il apparaissait commcla promesse de la République imminen te. . Aux Marseillais il disait: (< Jc ticns à prouver Palliance intime de la politique radicale et des affa ires, et certes nulle villeen France ne m' offrira de plus fréquents et de plus utiles sujets

CELEBRITES CONTEMPORAIN ES. de démonstration. » Au banquet de la jeunesse, qui lui fu t offcrr par les étudiants à la salle Ragacbe, il s'exprimait en ces tcrmes : 11 Si je veux, si j'appelle dc toutes mes forces l'avènement de notre forme républicaine, c'est que cc sera un vrai gouvernement qui aura conscience de ses devoirs et qui saura se faire respecter . Je proteste de tout mon pouvoir contre ceux R.Ui, a force d'attaquer les institutions gouverne· mentales du pays, parce qu'elles sont plf cées dans les mains d' un hommequi en fai t mauvais usage, oublient que le gouvernement, dans une société démocratique, ce serait nous-mèmes . Non pas, entendez-le bien, - car il ne faut pas d'équivoque, - non pas que le gouvernement puisse s~lon moi sortir de ses attributions ... Non, non, j'ai trop de respect pour Pindividu, trop de confiance dans le développement mutue! des forces libres et des énergies assocìées des citoyens ... Mais je ne veux cependant pas non plus bou leverser cette organisation qui tient la société en équilibre. Il faut un gouvernement! il faut notre gouvernement! » Quoi de plus clair? de plus solide? Sous les formes infiniment variées de l 'éloquence pittoresque et parmi tous les élans Ics plus fou ...

LtON GAMBETTA. ., gueux de la passion oratoire, cette pensée demeure permanente. C' est le fond du fond de Gambetta, la base immobile où tout s'appuie, l'idée unique où tout converge. Il faut quc la démocratie se prépare au gouvernement de la France. L' empire n'a plus que des dehors , bulle vide aux coulcurs irisées, qu' un soutfle brisera. Leque l ? on ne snit, n'imporle lequel; ce qu' il y a de ccrtain, c' est quc l'empire ne tient plus . M. Gambetta parait avoir sondé le creux. de la situatiQn avec une précision que les au tres n'ont pas eue au mème degré. Au ssi en parle-t-il d' un ton dc certitude abso lue. Dé jà il dit : notre gouvernement. Et dès lors, suivant une de ses exprcssions caractéristiques, il prépare « l'installation de la démocratie aux affaires, » avec le sans-gène d' un architecte qui, le pian sous les yeux, classe les divers service s d'une habitat ion o il l'on doit entrer prochaine - ment. Peu de jours après le banquet de la jeunesse, M. Gambena rendaìt pour la premii:re fois compte de son mandat à ses électeurs de Belleville. Illeur disait que la démocratic deva.it se prépareràdonner à la France un gouvernement correct et fort. Parquel s moyens? Par l' union ,

,, CELEBRITES CONTEMPORA I NES. pn.r la concorde, par la ·discipline. « Le parti démorratique, disait-il, do i t avoirune discipli ne démocratique ; qu ' il y ai t une avant-garde, un corps d'arméc et mème des tra!nards, rien de mieux, mais il faut que tout forme une seulepha lange marchant vers ravenir... Si Paris. donnait l'exemple d'une démocratie disc i p linéc, rangéc en bataille, écoutant Ics conse ils de scs chefs, répudiant toute anarchie, la France se verrai t en face d' un régimc déterminé, d' un système précis, et la confiance rcnaitrait... Si chacun consent à accep ter la direction conscillée à tous, si les chefs ne se diviscnt pas cntre eux, ce sera la réalisation d'un gouvernement, et ce sera en rnCme temps la preuve· qu'avec nous e~n ne court pas le risque d'Ctre mal gouverné. ' Régime déterminé, système précis, réalisation. d' un vrai et bon gouvernement, démocratic dis-· ciplinée, ran9éc en bataille, écouta.nt les conseils de ses chefs, répudiant toute · ana.rchie : voilà les cxprcssions qui lui reviennent sans. cesse, à Bclleville comme à la sa lle Ragache, a Paris commc à Marseille, devant les a.ssemblées. les plus différentes par la composition et le tempérament! Voilà Ics vrais principes dc sa

LEON GAMBETTA. •s politique, le legs incorruptible que nous tenons de son esprit, la fo rmule infa illible et sacrée du sa lut dc la Répub lique! M. Ga.mbetta a étonné ses contemporains de sa prodigieuse éloquence : il est, dc tous les orateurs qui ont illustré le parti républicain, cclui qu i a le moins parlé pour pa rler. Il necultivc pas l'éloquence pour elle-mèmc. Il parle pour gouvcrner. Chacun de ses discours est une pierre de taillc, une charpente énorme dans la construction du gouvernement de la République. On a reproché à M. Gambetta ses variations; je le trouve étonnamment fixe et stable. La politique du chef de cabinet du 14 novembre, je la dist ingue, je la Iis à li vre ouvert dans le prcmicr compte rendu aux électeurs dc Belleville, dans le premier banquet de la sa lle Ragachc, dans la première lcttrc aux M:uscillais. Au plus fort de la lutte contre Pcmpire, quand pour la prcrniCrc fois il se pose devant ses contemporains, est-ce en homrne d'opposition? ·en fauteur d'anarch ie? en rebclle? C'est en homme de gouverncment et d'administration. M. Gambetta condamnc l'empire, non pas seulcrnent parce qu' il a été incapable de

16 CÉLÈBRITÉS CONTEMPORAINES. donncr la liberté, mais avant tout et surtout parce que l'empire ne remplit pas les condi - tions d'un véritab le gouvernement de la démo· cratie moderne. Dans le crépuscule encore incertain de sa vie publique, quand M. Gambetta ava it le plus besoin de popularité, je ne découvre nulle trace de promesse d' une liberté sans bornes et d' une autonomie universellc. Ces rèveries, plus mystiques que poliliques, ne sont nullement son fait. M. Gambetta prometà la démocratie la réalité du pouvoir et la possession substantielle du gouvernement , si elle sait s'organiser dans la liberté et duns l'ordre suivant les règles d'une discipline volonta irement acceptée. C' est la promesse de la raison, la promesse de la sagesse: cette promesse d' un prix infini, qui n'est rien moins que l'empire de la terre, l 'histoire la tiendra, la rempli ra ponctuellement si la démocratic remplit ell e-mème les condi - tions posées. Pendant la première année de son manda t, M. Gambetta avai t, à la tribune du Corps légis · latif, vengé superbement Ics militaires frappés de mesures de rigueur, soit pour avoir assisté à des réunions publiques, soit pour avoir fai t

LEON GAMBETT.".. opposition à Pcmpìrc à l'occas ion du plébiscite. Puis i l ava i t pris corps à corps M. Émi lc OIli · vier et l'empire libéra l. Le discours du 5 avri l 1870 est déj:l un e proclamation de la Répu~lique. M. Gambetta démontrait au Corps lég is lati f pour quelles causes la tran sformat ion li bérale de l'empire était impossible; il faisait toucher du doigt le sophisme profond du procédé plébiscita i re , le piègc posé devant Ics pas deceux qui croient y trouvcr leur salu t. << En dehors de la réalisation dc la )iberté par la République, di sa it·i l , tout ne sera que convu lsion, anarchie ou dicraturc . .II ne s'agit pas cepcndant de changer le mot, et peu m' importerai t, quant à moi, quc le premier magistrat de la Républ ique fùt ou ne fùt pas décoré du nom dc président ou du nom dc roi, si c'est toujours le rnèmc systCmc.. Non, non, jc ne veux pas d' une Ré_publ ique rncnsongèrc, jc Ycux d' une Républiquc réell e! )) Cinq mois après, la Républiqu c ém it in sta llée à l'Hòtcl dc Ville de Pa.ris, sous le titre de Gouvcrnement de la Défense nationale. La journée du4septembre rendra pcrpétuellement témoignage à la modération, au sang-

18 CELEBRITES CONTEMPORAINES. froid, à la sUreté de coup d're il camme à l'espr it de prompte décision dc M. Gambetta. Pendan t quc la Commission de déch éo. nce siégeait dans un cles bureaux: du Palais- Bourbon, M. Gambetta à la tribune, da.ns la sa ll e cnvahie, portai t presque seui tout le poids d' une situation éc ra sa nt c pour un autre que lui. Lcs tribunes de la sa lle étaient remplies d'hommcs qui criaient : « La déchéance l la déchéance ! vive la République l» Dans cen e mer houleuse, ca lme et maitre dc ses mouvement s, Gambetta répondait : Éco ut cz, mess ieurs, je ne pui s entrer cn di alogue avec chacun de vou s. Lai sscz-moi ex:p liquer librcment ma pensée. (Parler_, parlerJ) Eh bicn, ma pen sée, la voi ci: c'est qu ' il in combe aux: hommes qu i s iègent sur ces bancs de reconnaitrc quc le pouvoir qui a attiré tant dc maux sur le pays estdéchu (Qui! oui! Applaudissements prolongés), et :ì vous, mcss ieurs, de fa i re que cette déclaration qui va ètre rcnduc n'a it pas l' apparence d' une décla - rati on dont la violcnce aurait altéré le carac· tère . Par conséq uent, i l y a deux choses à fa ire: la première , c'est que les représcn tants revi cn· nem prendre lcur piace; la seconde , c'est que

LEON GAMBETTA. ,, la séa ncc ai t Ii eu dans les conditi ons ordinaires, afi n q uc, gràcc à la libcrté de discussion, la d éc ision qui va etre rcndue soi t absolumentde nature à sa t isfa ire la conscience fran ça isc. » (Oui! oui! Applaudissements.) Une voix . - La déchéancc! on ne la discute pas. Nous la voulons. ( Tumulte. ) M. GA~IBETTA. - Donnons le spectacl e de l'uni on et du cal me. C' est au nom de la patrie comme au nom de la libcrté polit iq ue, - deu x choses que jc ne séparerai jamai s, - e t comme représentant de la nati on française, 'q ui sa it se fai re re specter au dedans et au dchor~ , que jc vous adjure d'assiste r avec ca lme au retour des députés sur leurs bancs.n (BraJ'OS et applaudissements répét és .) Mais ces efforts devicnncnt impui ssants contre l e flot montant de la colèrc et de Pinqui étude accru par le nombre toujours plus considérable des envahisseurs et par les lcnteurs dc la Commission dc déchéa nce. M. Schncidcr quitte le fauteuil et sort dc la sa lle. C'est alors que M. Gambetta , qui a dù abandon ncr et reprendre plusieurs fois la tribune, ayant à còté de l ui M. de Kérat ry, prononce la déclaration suivante :

CÉLEBRITES CONTEMPORAINES. « Citoyens . .. Attendu que la patri e est en d anger; attcndu quc tout le tcmps nécessa ire a été donné a la représentati on na tionale pou r prononce r la déchéa nce; attendu que nous sommes et quc nous constituons le pouvoir réguli er, issu du suffrage univcrsc l , nous déclaron s que Lou is-Napol éon Bonapa rte et sa dynastie ont à jama is cessé dc régner sur la France. )) Quelques mome nts après, MM. Julcs Favre, Pi cnrd, Jul cs F er ry, Jul cs Simon, Kérmry, Gambetta, se ren~aicnt à PH 6tc l dc Vill e, Ics uns parla ri ve gauche, Ics autres par la rive droite, accoin pagnés d'une fou le immense et cntourés dc gardes nationaux portam dcs bouque ts de Aeurs ù leu rs fusils. L e gouvc rnemcnt nouveau, le soir du 4 scptembrc , éra it fo ndé pour longtcmps, mais de quelquc c6té qu'il tournàt Ics yc ux, aussi loi n que sa vue pouva it s'étc ndrc, il n'apcrccvait q uc l' immensité des abìrncs . Posé comme sur un roe abru pt au milicu cles Ao ts déchai nés , il élevait dans sa main au -d essus du dé lugc le drapeau de L:Ì France et la lampe vaci llant e dcs libertés furu res . Si le gouvernement de rH6tc l dc Vill e avai t cédé al ors aux propositions qui

LE: ON GJAMB ETTA. lui furcnt apportées par une députation dc la Chambre, s'i l avait consenti à retourner au Corps législatif, à reprendre la séancc interrompue , s'i l ava i t quitté le seui poi nt fixc et imprenablc qu ' il occupa it au·dcssus des éléments cn fureur , on ne peut dire à quel noir naufrage il cllt couru, et cepcndant il porta it avec hii Ics gagcs de notre avenir. «M. Grévy porta la parole au nom dc la députation, di t M. J ules Simon dans ses Som~enirs du 4 septembre. Si nous avions pris le parti qu'on nous proposait. .. , Ics masses en auraient immédiatcment conclu que nous trahissions la Républ ique . Elles se seraient retournées contre nous . .. . Pose di re quc si les membres de la députation avaient été à PHOtel de Ville dcpuis seulement une heurc, i ls auraient partagé notre conviction à cet égJ.rd. Au moment où ils nous parlaient, la proclamation du gouvernemcnt était déjà imprimée. M. Picard et M. Gambetta étaient au ministère de Pintérieur et au min istère des finances. » Dans l'état si affreusement critique où se trouvait la France, M. Gambetta. parait a.voir eu dès Pabord deux idées capita les: fixer le s iège du gouvernement sur un po int libre,

CELEB RIT E S CON T E MPOR AI NES. vers. le cent re , puis, de lt1, susci te r des armécs nouve ll cs q ui rep ren dra ient Poffens ive et ma rchera ient au sccou rs dc Pari s. P our reconsti tuer u ne admini stra ti on publi q ue et réo rga ni ser des armécs, M. Gambett a allai t p uisc r Iargement dans toutes les couches de la n at ion Ics éléments les plus convcn:J bl cs et les vo iont és les mi eux disposées . Il chois it scs ch efs militaires, sans distincti o n de g rade, dans le miiitaire et dans le ci v il et da ns tous Ics part is. Ca mme délégué d u Gouve rnement à la direct ion générale de l a guer re, il pr ir un ingéni eur dcs chemins de fer , M. de F reyc inet, qui, du premi cr coup, montra dans cette fo n ction des qua lités supé ri eures . M. Gambett a sui va it ainsi non seulement les grandcs trad iti ons de la Révolu t ion fran ça ise, mais ce lles dc tous lcs hommes d1É tat quelconques , qui sont parve nus à fo nder un ordre de choses d urabl c. Le malheur fu t que ccs deux ou trois idécs généra les, admira blemen t còmpri ses et partagées parl a majo rité du pays , ne purent recevoir q u' une exécut ion ex trèmement irnparfa itc, à ca use de la di ffic ulté des choses et de Phésitation des hommes. D1abord la parti e la plus

LEON GAMBETTA. ,, vigoureuse du gouvernemcnt de la France se laissa annihilcr dans Paris, mit son honneu r à n'cn pas sortir: cffet dép lorab le d ' une sorte de supersti tion nationale. M. Gambetta luimCme ne parvint à surmomcr le préjugé ambiant qu'après un mois perdu dans des combinai sons contraires. A Tours , il se voit arrCté à chaque moment pa r les hésitations des généraux d'empire , qui n'avaient pas foi dans les jcuncs recrues de la France et dans Ics plans militaires du tri bun patriote. Cc n'etlt été qu'un faiblc obstacle encore si les diverses fradions du Gouvernement n'avaiem suivi des voies oppo - sées. Pcndant que M. Gambetta préparc la guerre à outrance, M. Thiers continue ses négociations pour la paix; pendant quc M. Garnbcttaajournc !es élccti ons, M. Jules Favre songe à consultcr le suffrage universel sur la question de savoir s,i l faut faire la pa ix ou continuer la guerre , commc si cette question pouva it souffrir l'épreuve du su ffrage d'u n grand pays! Mais , comme nous n'avons pas à discuter ici Jes problèmes politiques de ce temps, nous ne pouvons I).On plus suivre jour par jour la con-

2+ CELEDR I TES CONTEMPORAJNES. duitC' de l'hornmc don t nous avons entrcpris de r.csscrrer cn quc lqUc s traits Phi stoire. Oest ù Tour s quc M. Gambetta, réunissant dans sa mnin ln direction dc la gue rre avec Padministration dcs affaires intérieures , s' atti ra cc nom dc udictateur» qui lui est resté. Nos ennemis nationaux lui en ont fai t un ti tre de gioire; ç' a été pour ses enncmis personnels et ses advcrsa ires pol iti ques un thème à dnngereuses accusntion s. « Dictutcur » est juste, si l'o n vcut dire celui qui , il un momcnt donné, est tout et fai t tout p3r lui-mèmc! . M. Gambetta personnifia la France et la Républiquc devant le monde. Du dehors on ne voyait quc lui ; sur lu i convcrgèrent toute admiration et toute hainc.Mais si l'on entend par u. dictntcur » une volo!lté impéricuse, effrénéc, et qui rcnverse tout sur son passage1 le mot n'<~. pas co nveno un seuljour à M. Gambetta. Ceux qui recueillent avec quelque irnpartialité les témoignages des co'ntemporainsconstateront partout la rnodération de M. Gambetta, sa parfaite posscssion de lui-mCme, sa réserve dans le jugcment des hommes et de lcur conduite, au rnilieu des suprèmcs périls. Il a

Lf:O N GAMBETTA. ,, eu le scns profond de la :Iégalité et de la justicc . On ne citerait p::ts une occ::tsion oi.t il ait usé de son pouvoi r pour frapper un ennem i ou pour sa ti sfa irc ses convoitiscs personnell es. 11 n'avait qu'unc convoit isc , m::tis violente et fou gucuse commc un amour indornpté: reconstimer Pintégrité du sol et de la gioire de la patrie, arracher au vainqueur nos provinces violées, remettre la France sur pied dcvant le monde. A la nouvclle de l'armistice du 28 janvi er, M. Gambetta adressa aux départements la pro· clamation célèbre : << Français, songcons à nos pères qui nous ont légué une France compactc et indi visible; ne !rahissons pas notre hi stoire, n' aliénons pas notre domaine tradit ion ncl aux main s des barbares. Qui clone signerait? Ce n'est pas vous, légitimi stes , qui vous battez si vaillammcn t sous le drapeau de la République, pour défendre le sol du vieux royaume de France, ni vous, fi ls des bourgeo is de 178g ... ! )) Puis il ·promulguait le déc ret non moin s. fameux du 2 février, déclaram inéligibl es à l'Assembléc nationale les hommcs qu i ava ient eu des attaches avcc le gouvernement déchu. Ces deux actes surtout on t fait cri cr à la

26 ctu: nRITJ::S CONTEMPORAINES. dictature. Il est facile de dire que M. Gam- · betta ne pouvait conserver le pouvoir que par la guerre, i l est encore plus certain que M. Thiers ne pouvait arriver au pouvoir que par la paix. On a fa i t un crime à M. Gambetta d 'avoir vou lu pousser la guerre à outrance, alors que le pays était épuisé: on ne manquerait pas d 'arguments pour lui reprocher d' avoir cédé trop vite à la vo lonté du gouvernemen t de Paris, alors que la France était eucore l ibre et sous les armes. On a prétendu qu ' il voulait audac ieusement se maintenir: on pourrait prétendre qu ' il a eu aussi son moment de fai - blesse, à cettc heure décisive, se~ l con tre tous ses collègues; et, au nom de la patrie, on l'accuserai t de n'avoi r pas su, d' un acte de ·volonté 3ssez énergique, d'un coup réel de dictaUJrc::, enlever la situa tion. L a situ3tion pouvait-elle eneore ètre enlevée ?' Qui le dira ? qui le n i era ? - La France, après la chute de Paris, pouva it- ell e encore Ctre rétab lie .contre Ics coups redoub lés de la fort un~ et remi se en son intégrité par la concentration de toutes ses forces départementales? L'affìrmation nous est certa inement défendue : le doute est permis, le doute seui est ici Iégitime.

LEON GAMBET T A. ,, Le vainqueur, au r 5 janvier, a doutélui-mtme cruellement du caractère définitif de sa victoire. 11 n'a pas manqué de gens, dcpuis lors, pour dire : C'était impossible! Qu'cn savent-ils? C'est pécher il la fois contre le patriotisme, contre la France et co ntre Ics loi s constitutives du raisonnement. Cette assertion outrageantc n'a pas dc base positive. Les histoires ancienncs et modernes montrent des exemplcs de peuples qui, dans une si tuation non moins désespérée, ont repris le dessus et écrasé lcur ennemi pour des siècles . Ccs exemples n 'autorisent pas à dire que nous cussions vaincu en continuant In guerre quand mème avcc Gambetta, mai s ils suflìront pour tenir toujours cn suspcns l'opinion du monde. Or c'est de la sol ution de cette question fondamentale quc dépend le jugemcnt à portcr sur la condu ite tenue par M. Gambetta du 2 3U 5 févricr r87r, et commc il sera éternellcment douteux si la France ne pouva it pas se tircr de l'abirne, il sera toujours inccrtain si M. Gambetta eut tort ou raison dc céder. Légalerncnt il pouvait faire ce qu'il vou lait. Le gouvernernent qui vena i t de capitul cr dans Paris ne représcntait plus le droit nationa.l. Le

28 CELEBnlTES CONTEMPOnAINES , gouverncment libre et responsable était tout entier cn Gambetta . Celui qu'on appela it « le dictateur n quitta volonta irement le pouvoir, Rlors que personne n' eùt été en état de le lui òter. Depui s lors, pendant plus d e dix années, il a exercé la rnaitrise morale du parti républicain sans devcnir une seule fois le ministre de la Républiquc . Thiers, M. le maréchal de Mac-Ma.hon, M. J ulcs Grévy se sont succédé: M. Gambetta n' a pas un seui jour tenu personnellement le pouvoi r. Le rninistère du 14 novembre n'a été dans cctte longue période qu' un éclair presquc insai sissable. C 'est pourquoi, sans daute , camme an a accusé M. Gambetta de dictature, pour varicr les cxpressions, a n lui a reproché son gouvernement personnel. Pendant ces anze annéesi l n' a cessé d'accroitre par un travail infatigable 1'inAuence cles idées républicaines; il a agrandi, avec une incroyable dépense de forces personnelles , - c' est ccci, pÙ exernpl c, qu i lui est personnel et n'appartient qu'à lui seui, - il a agrandi Ics limites du champ d'action oi1 tous Ics Français peuven t se rencontrer pour travailler ensemble, sous la République,a u relèvcmcnt complet dc la patrie. N'est-ce pas lui qui, dans les sombrcs années

LEON GAMBETTA. de I'Assembl ée nationale, contribua le p lus efficacemcnt il mater Ics consp irateurs monarchiques, à maintenir scrré et indissolublc le faisceau dcs républicains? N1est-cc pas lui qui a. travaillé avec le plus d'art et dc prest iges savnnts et variés à faire prcndre la constituti on répu.blicaine pa.r ecu x: qui n1en voulaicnt pas du tout, qui Pava.icnt cn horreur, à la fairc a.ccc;pter, - sccond pro ~ blème plus délicnt encorc, -de ceux: qui cn voulaicnt une construitc sur un pa.u·on diffé~ ren t? Au 2-f. mai , au 16 mai, s1a.rrachant aux: tramcs déli ées du parlemcntarismc, il appa.rait comme Pimage dc la Révolution échcvclée et triomphantc . C'est lui qui1 de sa vo ix. cnfla:n ~ mée, évoqunit Ics profondes couches sociales, Ics apRelait à l'cxistence politique et il la souvcraineté , en mème temps qu'il foudroyait la àictaturc · naissantc dc son fumeux. : S e soumellre ou se démettre. Son tour de France1 à trnvcrs Ics périls dc tout genre, Ics menaccs d'a.rrestation, d'assassinat est inoubliable. .Malade, traqué, toujours vainqucur et irrésistiblc, ni Mirabeau, ni personnc dcs antiques ou des moderncs, n'a cette

JO CELEBR IT ES CQNTEM PORA I NES . page dans sa vie . « Où all ons·nous travaill er derna in ? » di sa it-il. Et de vi ll e en ville, il a lJa it, cornrn is-voyageur de la Républi que, suivant sa joyeuse expression . Ce commis- voy:tgcu r héroique, dans cctte tournée imrnortelle, a quelque chose des anciens civi li s:t teurs de peuples et fondate u rs d'cmpires. Il sou lève la ter re sous ses pas , il a le don ~acré d'é loq ucnce, qu i pe rsuade les vill cs et Ics campagncs . Son ccuvrc es t une ceuvre de haute civili s:t ti on . Il a fondé un e forme de po litique, nouve ll c en France, la plus puissante et la plus soup lc que nous ayons connue, et il ne l'a pas cmportéc avcc lui dans son tombeau . Poursui van t toujou rs la réa li sat ion de son idée , - de notre idéc à tous, de Pidée nat ionaie, - l'accord des França is su r le te rra in de la Répu bli quc pra t ique, il disait à Aix le 18 janvier 1876 : ((Non , dans notre Républi que, il n'y a pas d'cxcl usivismc, tous peuvent y entre r , nos bras leur sont ouvcrts. )) A Li Ile, cettc tètc du No rd, rcrnpart nécessa ire, auq uel il faut so nger, pa rce que les destinécs dc la pmr ie s'y décideron t un jour: (( Cc que nous vou lons, di sa it-il , c'est Ja politique

LÉON GAMBETTA. ,, in téri cure et cxtérieurc du sutfntgc uni vcrsel , c'est-à-dire du trav:~il, des :~ff~ires, de la con - corde entre tous Ics citoyens, et de la stabilité de l'État rcposa nt sur le consen tement dc la rnajorit é. » A Bordeaux : « Quand an veut ètre une démocratie di gne du gouvernement. .. il fau t éviter deux écueils également fun estes : Pcngouernent d'u ne part, d'nutre part, la pass ion ja louse.. . Entre le soupçon et l'cnthousiasmc il y a une règle de conduite désirablc pour la démoc:nn ie, et quc je nomme d ' un mot qu i est l e mot mème de la politique: la prudence ». Derni èrcment enfin ( 11 mai 188 2), au banquet otfert à Gri sel, M. Gambetta résumait sa pcnsée plus vigoureusement eneore: « Mcss ieurs, cette réun ion d' auj ourd'lmi, je veux la célébrer à mon tour; ca r si , dan s la politique comemporaine, oit je sui s entré depuis vingtcinq ans, une passion m'a animé, celle· là durable et invincible - ç'a été de poursui vre pa r Ics moyens Iégau x, par une politique méthodique et sys tématique, l'alli ance indissoluble de ecu x qui trava illent et de ceux qui possèdem, et que f ai carac téri sée par ccs rnots : Palli ancc du prolétariat avec la bourgeo isie. 11

J!l CELEBR.ITES CONTEMPORAINES. Il di sa it: vingt-cinqans! Hé las! se::, ':ourtes années étaient si pleines, si touffues d1événcments et de travaux. qu1il s'y pe rdait et n1en sava it pas le nombre . J amais il n1ava it fait le ca lcu l de sa vie n i dc scs forccs . En une seule de ses campagncs pol it iques, il dépensait plus dc ressources nervcuses qu1il n'en aur.:~it fa ll u pour al iml!nter mille vics inut il cs . Sa ca rri ère politiquc, immense et vcrtigincuse , cmbrassait qilinze an s à peinc. Pendant ces qu inze an nées cxtraordinaires , nous Pavons dit, voilà tout Gambetta, éto nnamment le mème, nourrissan t et cultiva nt sa ns re làche u ne pe!lsée unique, qui se déli.n it : organ iser le gouverncmcnt dc la démocratie républicaine par l'unio n de tous les França is. Le sépulcre dc Gambetta ne pcut appartenir qu1à la vill e capita le: i l y se ra un jour ramené . Et c'est .:~i n s i que Gambetta se ra vu, mème après sa mort, allant et vcnant cncore à travers le pays, poussé par l 'aiguillon dc son desti n, et n ian t inccssamment à tous Ics po ints de Phori zon le mot d' ordre du p.:nriotismc.

Jmprimerie-librairie A. QUANTI N, 7, ruc Saint-Benoit , PARIS JAlHI I!! Jf.\-Cllrff. l.!< n: A~NllLY. Lf.S l'll. t1CI!Dt:NHii. LES Ctlt BRIHS CO NTE MP ORAI NES LIT1'tU.H'URli- POL11'1QUJ;'- Bf<:,WX-.-IR1'S - SClfNCES- ETC. PP.EMIERES BIOGRAPHIES PUBLIÉES DAf\5 L'ORDRE DE l'RfrAit.\TION I)U TEXTE ET DU l'ORTI<AJT: 1. MM. Vietor Hugo . 2. Jules GrAvy. a. ~ouis B!anc: ... ~ - Emile Augier. , . par ~DI. JUI.Kii CI. A IIt:TIP:, Lll CJ il)'; Dl>i.AUH OUS St:. CU.\HLKS EowONl.l. t;·, L ilon Gambetta. . , . . . . JULKS CL4llKTit:. lJt: C: l'OK DIIPA S S3, Ju1.t:s CJ.AIISTIIL lln•P O I, \' Tt: 5TUPU\' , Ju1.ss CI.AKKT!t: . liiiCT OK Dl>l'A6S S. u. Alexandre Dumas fits. . i . Henri Brisson. .. , 8. Alphonse Da udet. . O. J?e Freycinet . . . IO. - Emile Zola . . . Il. Jules Ferry.. , . , , 12. Victorien Sardou. . ... 13. Eugèno Clémenceau . 14. Oct.ave Feuillet. . 15. Cbarles Floquet.. 16. Ernest Renan. .. , ]j_ Alfred Naquet... . 18. Eugè ne L abiche . W. Henri Rochefort . 20. Jules Claret.ie. . GU \ ' Dll hlAUI'A8 8A:\'T. ÉOOUAIID S\' tVI :<. JULI.:S CLAI<KT!t:. CAloJILLB I'JII,I.Il TA N. JUI.ES CLAUKTIII:. MAI:IO I'K OT I!. I'AUL lJOUJ!Gt:T , lUAIUO I 'I: OTIL. JULES CLA!l.li'T!t:. BDMOMD B.a.ZIKK. Mb DK CH BR YI L L S. BJOGRAPHIES EN PREPAR:I T/ON: M ~t. de Mac -Mabon -Erckmann-Chatrian - Paul Bert. - Deroulède - de L esseps - Ludovic: Halèvy :- Spuller - Jules Verne - Lockroy - Coppèe - Vacquerie- J ules Sandeau - Paul Meurice - Edmond de Goncourt. - Pailleron- Taine - Tony Riwillon - Edmond About -- Camille Pellet.an - Thilodore de Banville - Clovis Hugues - De GallifP.t. - Duo d 'Aumale - Pasteur - Jules Simon - L éon S ay - De Broglie - etc., etc. Clut2lte biograplde avec portrait et fac-similé : fl , 'Z& e . LeS BIC'GUAl'llii!:S O!lJ.\ l'AitUI!:S PEU\'ESl' S'.l.tQti.,;IUit AU loltlolK l'ltiX LE PORTRAIT A L'EAU-FORTE DE CHAQUE PERSONNAGE SE VEND St.PAREMENT 1 l ~ tprou\·as sur fort papie r à la cu\'O, format gr. i n-8~. Pri1: •• , • , • • i fr. 2o BprcU\'CS aur GhiDo encollé, format gr. in-4o, pouvaat s'encadrcr . Pfix. 3 fr. Enn1i lu.nco coutre la \'a1cur eu tirnLrcs· pos\e à l'éditeur l. @U!NllN , 7, rue St-lk11oit, 1 1aris. rw:u-:- Trr- ~. Qnaulln.

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==