Entretiens politiques et litteraires - anno III - n. 28 - luglio 1892

-4Peintres, graveurs, musiciens, vous vous dégagez aussi avec horreur de la surveillance policière des vieux décorés qui veulent vous faire passer au laminoir de leurs règles immuables, vous forcer à regarder par leurs lunettes ou binocles, à entendre par leurs oreilles armées d'un cornet acoustique; il vous convient de rester vous-mêmes et de reproduire librement ce que vous percevez dans votre miroir intérieur. Hommes de science, vous prenez enfin vos études au sérieux, malgré l'appât des places bien rétribuées, vous recherchez honnêtement les origines du ((droit » de propriété et celles de l'Etat, vous en suivez le fonctionnement, vous en étudiez les conséquences, et vous constatez que l'un et l'autre sont dérivés du dol et de la conquête, qu'ils s'exercent par la violence, la rapine, le caprice, et aboutissent fatalement à la ruine sociale, à l'extermination de l'humanité. Et vous, les simples braves gens, comme la généreuse nature en fait naître partout, vous vous demandez s'il vaut bien la peine de maintenir une suciété qui implique l'asservissement de tous à quelquesuns et dont les moyens de gouvernement sont les mensonges du prêtre, les« serYices >> de la valetaille assise et debout, les basses œuvres de la police, et le glaive du bour-reau, aidé maintenant dans les besognes pressées par les mitraillades en masse. Salut à Yous tous, les jeunes, notre espoir! Salut à vous qui entrez dans l'armée des révoltés! Vous nous y rencontrez, nous, les vieux révolutionnaires, éclairés par l'expérience et d'autant plus résolus. Jadis républicains idéalistes, croyant à la vertu d'un mot, puis socialistes ardents, instinctifs, entraînés par la poésie de la lutte, nous avons, d'échec en échec et de désastre en désastre, fini par cornprendre combien il était vain de nous laisser guider p,tr des paroles sonores et d'emboiter le pas derrière des chefs condamnés par leur rôle même à deYenir traitres un jour! Du moins avons-nous un reste de force pour continuer la lutte, cette fois sans la superstition des lois ni des hommes, et ne voyant que des égaux dans la foule des compagnons qui grossit sans cesse autour de nous. Si déjà les privilégiés, poètes, peintres, savants, repoussent les privilèges, pour conquérir mieux que les passeBibliotecaGino Bianco

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==