Entretiens politiques et litteraires - anno III - n. 28 - luglio 1892

I -33ici chétif et grêle, ailleurs trop ample, mais souvent aussi il se perfectionne jusqu'à être léger ou large, bien en équilibre et stable. M. Dujardin, (et c'est là le reproche grnve qu'on lui peut faire), s'il conçoit bien et sent fortement, n'exprime pas assez ce qu'il a senti. Je veux dire par là que ce qu'il dit en dit moins qu'il ne veut dire et les mots trahissent son émotion ne s'y égalant pas. A force de vouloir exprimer directement, sur le vif, à nu, ce qu'il ressent, il néglige d'écrire suffisamment et il prend pour simplicité ce qui n'est parfois que de l'à peu près. Il reste en lui plus qu'il ne parvient à en extraire au moyen des phrases. Ayant rejeté tout artifice autre que l'instinct, il donne parfois trop l'aspect de l'inachevé, et en voulant ètre primesautier il est trop cru e~abrupt. Aussi faut-il,en l'écoutant, trop suppléer à ce qui manqueà notre complète satisfaction. Il y a eu entre la pensée et l'expression une déperdition qui fait que l'insuffisance de celle-ci nuit au pathétique ou à la délicatesse de celle-là. Mais il serait oiseux de s'attarder sur un défaut qui s'il ôte de la perfection n'empêche point qu'il y ait de l'agrément dans la manière de M. Dujardin et un agrément fait de naïveté, de chaleur, d'improvisation et réel. Sa pièce qui a de solides bases wagnériennes vaut par un effort de sincérité et par la réussite de certaines scènes où il y a de la vigueur et de l'élan. Elle est du reste fort bien montée et le lieu où elle se passe est d'un goùt charmant. C'est assez le Palais d'une Circé de l'Ile de ·wight que le décor qu'a peint Monsieur Maurice Denis qui est un peintre subtil en même temps qu'un imagier naïf et compliqué. Les murs aux teintes pàles semés de gi-acieuses scabieuses et d'arabesques s'ouvrent en une vue sur la mer, des grèves, des verdures. Les Floramyes vêtues de mousselines légères y év0luentmythologiquement autourdes Voyageurs habillés en conects clubmen et tout cela s'accorde par une vertu secrète avec la hautaine et romantique robe noire de la. Courtisane, sous les traits de M110 Mellot dont le grand talent est fait d'une silhouette élégante et svelte, d'un tact. parfait, d'une voix riche, pure et nuancée. Jaillie, en fleur, BibliotecaGinoBianco

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