Entretiens politiques et litteraires - anno III - n. 28 - luglio 1892

-16 - aussi justifiée l'hypot~;èse qui, loin de faire servir les images à alambiquer l'esprit, modifierait l'ordre habituel selon lequel on dispose cette trilogie : sensation, image, idée. Dans cette vue, l'image ou idée concrète et complexe surgirait de l'union des idées foncièrement abstraites et, en ce sens, toujours simples et élémentaires. Cette genèse serait aussi spontanée qu'immédiate , inconsciente. L'image se concevrait alors comme un véritable faisceau d'idées, une formation ou création de l'esprit déjà suffi-· samment approvisionné par les SP.nsde matière première, de « plasma » idéologique (1). A la production de telles synthèses concounait d'ailleurs, d'une fa{'ondirecte ou indirecte, tout l'effectif disponible, à chaque moment donné, des idées simples, des abstractions pures. Par là s'expliquerait, entre aut1·es, le fait connu de l'ampleur et même de rail ure différentes que les représentations d'une réalité ideI)tique obtiennent dans les cerveaux inégalement meublés d'idées générales. Nous pensons à l'aide d'images, et les plus intellectuels parmi nous- n'échappent probablement jamais à cette loi. Mais cela empêche-t-il les synthèses sensibles ou concrè,t~s de former le résultat d'une réunion, d'un assemblage de syrJ,llzèsesymboliques et, en ce sens, abst1•aites? Pourquoi les « images » ne se résoudraient-elles pas en des combinaisons d'éléments plus simples préalablement extraits, par une sorte de chimie mentale, des données sensationnelles toujours confuses et chaotiques? Rien ne nous oblige d'y voir des produits directs de ces données elles-mêmes. La distinction me paraît d'autant plus importante qu'on confond trop souvent encore ces deux variétés du même geme : l'abstraction, l'unité symbolique (1) A rapprocher de ma théorie fondamentale sur les sciences abstraites et les sciences concrètes, telle qu'elle se trouve exposée dans Sociologie, chaP.. m, p. 24.-47,et chap. xi, p. 207-210. L'idée abstraite étant. dejà par elle-même une connaissance, sa fusion avec d'autres hlées abstraites doit produire qn savoir d'un s-enre ou d'un ordre différent de l'ordre purement abstrait. Le parallelisme entre la genèse d'une connaissance concrète et celle d'une idée concrète nous parait, en tout cas, pouvoir se défendre. BibliotecaGino Bianco

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