Entretiens politiques et litteraires - anno III - n. 28 - luglio 1892

-- 11 - tins; ils sont faits des tissus des tapis d'Orient les plus fins et enlevé8 comme par un barbouilleur forain qui remplirait des lignes tracées par un sculpteur de Ninive. MmeBerthe Morisot a réuni quarante-trois œuvres, peintures, pastels et dessins, chez Boussod et Valadon, avec une discrétion et une modestie élégantes où s'enferme toujours la charmante artiste. Figures d'enfants, jeunes femmes, cygnes, lacs, potagers, brocs de verre, tout est scintillant, trnnsparent, fluide et pourtant nerveux et plein de solidité. La grâce de ces êtres et de ces choses est toute spéciale, très française, poudrée, du siècle dernier et pourtant moderne, parisienne du quartier de l'Etoile. Cela a le charme d'un ouvrage de tapisserie dû au caprice d'une jeune mère qui mène ses enfants jouer dans l'avenue du Bois de Boulogne, après aYoir beaucoup étudié la salle Lacaze. Mme Morisot qui est élève de Corot et de Puvis de Chavannes, qui a travaillé avec Manet et tous les artistes impressionnistes, reste toujours la petite nièce de Fragonard, qu'elle est de fait. Elle est la seule femme peintre qui ait su garder la saveur de l'incomplet et du joliment inachevé, dans des toiles très poussées, abandonnées par impatience, reprises avec rage et toujours fraiches comme au premier jour, Il y a de l'emportement et quelque chose de lassé, de la fougue et comme une paresse alanguie dans sa touche : on dirait que c'est tracé avec un roseau trempé dans du charme. J. E. WHITE BibliotecaGino Bianco

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