Entretiens politiques et litteraires - anno III - n. 25 - aprile 1892

reaardèrent par delà les années et le sort, et le songe évanoui, et chancelants, enlacés ils churent côte à côte dans l'herbe haute. Et l'un deux murmura dans l'ombre car la :.Iort fait douce la voix, le soir! « Quelle étrange folie nous a séparés, ô mon tune, pom l'aventure ambiguë où nous 1)érissons victimes hélas! d'un pouvoir supérieur et surnaturel qui prit la place de nous-mêmes et que nous avons surmonté trop tard. Par la force rle quelle hostilité tout cela est-il arrivé? En l'impuissance de notre inconscience nous avons souffert l'un de l'autre par une mystérieuse et double absence qui était d'être autres que nous ne nous souhaitions et quand nolre mortelle erreur se dissipe enfin, c'est pour mourir des blessures que nous nous fimes alors qu'en proie à ce triste songe dont nous sommes éveillés pour nous rendormir à jamais en l'oubli funèbre! Quelle étrange folie, ô mon ùme, et comme ce soir est beau malgré la sanglante rosée don tl'herbe ploie. Regarde: l'astre qui brùla jadis à notre ciel consume entre les branches s·on inextinguible et dérnratrice clarté. Mais cornme ce songe a été long! plusieurs fois nous fùmes au point de lïnterrompre, entre autres où cette étoile se mira dans un la,: pour nous avertir que nous étions liL. Ah! comme nous tendions à vaincre le sortilège qui nous ar,cablait car malgré l'honeur de l'aventure nous nous étions présents par la pensée et nous conservions, enfoui sous l'obscurcissement passager et la cendre de notre joie, l'idée de notre amour. Les bons chevaliers qui venaient ployer les genoux devant toi et dont tu répudiais l'hommage étaient cles retours abdicateurs de moi-même et les vierges repoussées à vouloir m'aimer furent d'occultes tentatives du rappel de ton amour à ma folie, mais il fallait que le double cri, douloureux et efficace du sortilège transgressé par l'acrord rénova.teur de nos désirs, fut poussé, dans le désastre d'une nuit funeste, pour que nous nous reconnussions. Ecoute, le feuillage ne frissonne plus, les souffles qui y étaient nos don ces âmes d'autrefois sont rentrés en nous B1bliotecaGino Bianco

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