Entretiens politiques et litteraires - anno III - n. 25 - aprile 1892

- Hi3 - l'espace désert d'un ancien paradis et il semblait, aux soupirs épars dans les feuilles, que des ombres de douces âmes y attendissent quelqu'un. Arrivé au bord d'une marc où son r,heval buYait en baissant la tête il Yit un autre chevalier sur la berge opposée. Il était Yêlu d'armes pareilles aux siennes, seulement une belle chevelure s'écbappait dn casque et la cuirasse bombait sur un sein de femme, et tous cieux, masqués et inconnus, se considéraient en silence, tandis que, du mufle clé leurs chevaux, les oreilles pointées etla queue inquiète, tombaient des gouttes, comme des larmes, dans l'eau î Il lui sembla aux cheveux reconnaître l'Enfant qui ressemhlait à la sœur perdue et il l'interpella : <( Est-ce bien toi qui viens encore à ma rencontre, Etrangère obstinée ? sous un asped guerrier et comme si tn voulais de force imposer à ma mémoire un aspect illusoire et violente!' ma fidèle doultmr et qui m'importunes!» Et sa voix était sourde et rude sous le casque. Et la fraternelle guerrière lui répondit d'une· parole qu'ampliüait la cavité sonore ùe la visière. « Je ne sais ce que tu veux dire, énigmatique parleur de l'ombre, mais je hais ta race amoureuse et brutale, à cause d'un amour arraché ! dont tu es le fantôme. » Et le pouvoir de la Fée et ùu Génie pour conjurer quelque occurrence réconciliatrice et dessillée, par la colère de ce défi, au nom de choses mystérieuses, les poussa à combattre. Il fondirent l'un contre l'autre et leurs chevaux s'affrontèrent tête contre tête tandis qu'eux, dans l'ombre, debout sur leurs étriers, se frappaient, :'t grands coups de glaives, si fort que leurs cuirasses en pièces dénudèrent leur chair et en même temps avec un double cri de haine et u·amour tous deux se blessèrent. li s'étaient reconnus en ce cri, et, face il face, démasqués, comme si aYec leurs armures brisées fut tombé le redoutable enchantement de misère et d'absence par qui ils périssaient, ils se regardaient il tra,·ers Je crépuscule qui allait bientôt être pour eux la nuit éternelle, ils se BibliotecaGino Bianco

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