Entretiens politiques et litteraires - anno III - n. 25 - aprile 1892

- 161 - assises, dans la cendre, à l'cUre noir, on, au seuil des ·portes; et leurs longs cheveux cachaient le mal de leurs faces pftles. Parfois il croisait des cortèges de moines portant, pieds nus, aYcc des psalmodies, à traYers des plants de c~1près dont les ombres étaient des larmes, en une bière d'ébène, des princesses mortes couchées sur des lits d'asphodèles ou des brassées de lis et à sa demande aux pleureuses : Qui était celle-là dont l'obsèque fürnrie était presque nuptiale? la réponse, à traYers des pleurs: Ceci fut la petite Princesse Floriane qui vit passer le cheYalier Amadis et qui est morte de l'aimer, si triste en sa chambre au haut de la tour du Ponant que le soleil avait pitié d'elle et éteignait ses rayons avant qu'ils atteignissent la fenêtre. Des cités encorbellées de murs de pierre, vers les Fontaine$ où il songeait it l'écart tandis que son chernl broutait l'herbe fine, des cortège. de Yiergcs descendaient Yers lui par les ~hemins en lacet ,\ travers les orges et les blés. Leurs pas légers se mêlaient au soupir du vent en lcnrs cheveux. Les plus folles portaient des lampes éteintes; quelques-unes cueillaient des fleurs pour s'en parer et toutes venaient lentement à lui, en Jongues robes blanches, aYec des couronnes d'anémones et des écharpes dorées, et longtemps, elles le considéraient sans que senment il les vit. Des courtisanes, ruées en désordre de rires et de pas et dont beaucoup étaient nues aYec dnrs joyaux en leurs éclatantes toisons, lui poussaient le coude, et. c:llors,iI se le,,1it pour reprendre sa route et s·arrêter·de nouveau, plus loin, à quelque carrefour', sur une pierre : un jour il fut suivi en sa fuite ~ar une enfant blonde et comme ptde d'avoir longtemps songé de lui, et silencieusement clic déposa sur ses genoux un bouquet de petites fleurs dont l&parfum lui fit lever la tête et il parla ainsi it la persévérante runoureuse: « Lüs-,e-moi c-arje souffre de l'irréparable cloulenr c1·un baiser unique et interrompu. Les lèvres qui me l'ont donné se sont fermées, et celle qn i était le trésor et la source inépui:,able de pareilles délices m'a été rade. Laisse-moi car je trouYe en ·toi la mémofre d'elle. \'os BibliotecaGinoBianco

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