Entretiens politiques et litteraires - anno III - n. 25 - aprile 1892

- 15~ - frais, qui aménagerait une salle de concerts et pensionnerait des exécutants pour jouer tel musicien n'ayant en guise de hù.ton d'orchestre qne le seul rouleau de ses œmres est rare comme la crainte des richesses, comme la satiété de l'or. Les rythmes d'un sonnet ou d'une symphonie se déroulent en magie d'étincelles qui mement de leur épanouissement, et de façQnsi preste, qu'elles ne valent q•ie dans leur continuité et ne ~'édifient que dans le souvenir. Consacrer une fortune pour mèler de l'impondérable et du rêve à l'existence, cela semble une folie en vérité trop contradictoire avec l'idée de possession qui préside impérieusement aux YOlitions de l'homme riche et le sèvre à jamais des bonheurs intellectuels. AusHi les Arts du dessin qui d'ailleurs parlent une langue que tout le monde croit comprenrlre sont-ils plus goùtés. La peinture principalement, la peinture devient pour le Mécène un succédané de la Yaleur de portefeuille, mais moins banale et susceptible de fluctuactions ascendantes plus probables; en outre, les tableaux sont des Qbjels mobiliers et décoratifs, accessoires indispensables aux tenture<.; d'un intérieur cossu et peu encombrants, puisquïlssesuspendent; le richard en vend et en achète avec ostentation, il montre sa galerie non sans orgueil, presque l'orgueil de la patemité; il sert à qui visite ses toiles tout un glossaire de termes techniques ramassés sous des talons d'experts; puis tel tableau se rehausse d'une longue histoire, tel autre, œuvre de transition entre les deux manières du peintre, vaut son prix par sa rareté, le Mécène en a refusé vingt mille francs; œlui-là ira au Louvre, celui-ci vaut une paire d'alezans -dorés... Par intérêt et par vanité, re Mécène du peintre se pm,- sera de l'intermédiait·e du marchand de tableaux et fréquentera les artistes sur les toiles desquels il flaire la hausse; son enthousiasme n'a point d'autre origine, et son goùt, pour une école, ne pèse pas plus devant des considérations esthétiques que son mépris pour une autre. BibliotecaGino Bianco

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==