Entretiens politiques et litteraires - anno III - n. 25 - aprile 1892

- 154 - La première Yisite du protecteu1· d'art chez un peintre, fournirait ù un vaudevilliste le motif d'une admirable scène it faire. En cette circonstance, le :.\fécène doit regretter de ne pou voir s'offt-ir sous les apparences polychromes d'un rlégant bonquet de fleurs pour anticiper un bon accueil, aussi, à défaut d'un expédient tel ou similaire, néglige-t-il de mettre une sourdine à l'or qui emplit ses poches, ne doutant pas qu'une première affaire doive être désastreüse. Puis, comme en pal'eil milieu un marché ne s'engage jamais sans préambule, le :Mécène entame sur l'art une profession de foi, monte passionnément it l'échelle des opinions qui lui stmblent unanimement consenties, quitte ù en descendre aussitôt un it nn les échelons au gré de son hôte, avec un souple génie de la mimique du renoncenwnt, de l'euphémisme et de la réticence qui le conduisent it des avis tout contradictoires, c'est le prestige de l'hypocrisie : Polonius <,nrvécu it l'épée d'Hamlet. D'ailleurs, lit ne s'arrête pas la marche des frais gén<'·- raux. A.près la première visite et la première négociation, Je :.\Iécènequi a entrepris un artiste, met en jeu, Yis-à-Yis de son protégé, l'es expédients qui triomphent mème des gens d'affaires. Ce sont les sùt·s appàts des diners, fdtes et gracieusetés au prix desquels il devient nn ami et se targue de cette qualitt'>pour recevoir cher. soi l' Art après le peintre, -· par l'escaJier de service. On a cornmencé par le débours de 1a forte somme, on finit par le prix d'ami ou l'obtention gratuite et le« doit et aYoii· » se résout par un bel actif à « l'Hôtel » ou cher. le marchand de tableaux . .-\. qui le tour? L'ignorance verbeuse du Mécène moderne qui grossit chaque jour le sotfüiana des peuples est le meilleur cri tériu 111 cln m.Spris imbécile dont celui-ci enveloppe toutP. -œuue artistique qiü ne représente pas une va!eu1; marchande; il est inutile, an nom même de !'Art, d'en axoir cure, et mieux vaut répondre à l'allégation de cc nourricier des Artistes» qu'on pourrait objecter en faveur du riche collectionneur, dire qu'elle ne se soutient pas :· l'amatem· de p&inture n'échange un morceau de pain que contre du gàBibliotecaGino Bianco

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