Entretiens politiques et litteraires - anno II - n. 20 - novembre 1891

~..1f.3 - la taille-etla·corvée, encpre il est des serfs à la glèbe, encore ils appor.ten.taux meules, le fromeJ}t qui ne mûrit pas _poureux; il est des,esclaves aux usines, ils tissent la soie et la bure leur faut. La bourgeoisie a conquis l'or, elle a conquis la terre, dépossédant les maîtres anciens et acquérant leurs droits : elle tient la force-et la i:Jchesse. Elle .s'e.:;tengraissée, elle s'engraisse encore. . Cependant tout cela ne suffit.pas. La .pourpre de l'Jmperator han.tait le sommeil de l'afftanchl,.et parfoisJe• représentant de la plus humble commune de France songe à l'habit de cour .des marquis d'antan. On a commencé p.ar prendre le soliçle, maintenant il faudrait parer la conquête de quelques: hochets restaurés. L'ambition de ·la bourge0isie est satisfaite, sa vanité ne l'est pas; cette profonde et violente vanité, qui.ne taira ses efforts que quand elle aura pu réédifier la monarchie française, avec un roi électif issu du Tiers-Etat, des ducs et pairs que l'on prend.ra près la caisse d'une banque, derrière le çomptoir d'un trafiquant. Et la cour renaîtra, la cour et les titres qui s'harmoniseront avec les apanages déjà saisis; encore on aura les baronnies et les marquisats héréditaires. On se cherchera des aïeux lointains. Ceux dont les pères pâlirent iu fond des comptoirs empuantis, rognant le ducat, pesant le sucre à faux poids, et rabattant sur l'au nage, se glorifieront de la cupidité ancestrale, comme jadis on se vantait des héroïques faits d'armes et des prouesses chevaleresques; les fils de ceux qui entassant les écus un à un, geignaient sur le bougran perdu à les vêtir, accrocheront à leurs épaules le manteau de velours, peut-être même ceindront-ils l'épée. Le- beau jour que celui où un Clémenceau, un Brisson, un Reinach enflé et comique, entreront à l'Elysée avec la baleine en verrouil. Tout cela est plus proche qu'on ne semble le croire. Voyez, la bourgeoisie si longtemps voltairienne, sceptique, blasphématrice même, la bourgeoisie cherche à faire son salut. Le veau d'or paraît ne plus suffire à son â~e, le dieu si bon pourtant, qu'on peut monnayer· et mettre en gage; elle cherche une divinité qui puisse calmer les scrupules, absoudre les vilenies et laver les hontes : le dieu des bonnes gens sans doute. L'Eglise, peu perspicace, ne repousse pas ces adeptes nouveaux, qui ne Biblioteca Gino Bianco

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