Entretiens politiques et litteraires - anno II - n. 19 - ottobre 1891

- 123 - succès d'argent même quand ce succès résulte de l'excitation ft la stupidité. Les écrivains du compte ,rendu se gardent de remplir lou1··mission, la plus haute sans doute parmi les devoirs d·artiste. Au lieu d'initier le public, de lui élever le goùt, de le guider prog1·ossivement vers l'abstraction et la foi-mesynthétique, ils s'efforcent de le maintenir dans· l'ignorance et la turpitude originelles. Fort adroits, empreints de l'esprit de mercantilisme ,qui domine, ils s'inquiètent d'abord de savoir si la pièce ne dépasse le niveau do l'intelligence commune et si elle peut convenir aux besoins de gri,·oiserie ou de sentimentalité. En ce cas ils répandent l'éloge; ils blàment quand ils·pensent qu'aucune sottise courante ne trouYera pâture dans l'œuvre exposée aux bêtes. · Avec une telle critique les plus mauvaises· pièces seront éternellement les plus louées. Nul critérium littéraire ne règle les apprécialions. Lorsqu·un auteuq>rod·uit ses premières œuvres, on commence par le nier à moins qu'i'l n'imite expressément la manière d'un homme en· place. Cela dure cinq, dix ou vingt ans. Subitement on, acclaiùe le monsieur dont la Yeille la presse omettait lL dessein ·le nom; et, à l'occasion d'une œune adYentice, souvent inférieure à celles passées sous un silence, on la· sacre p.ar hasard. Pendant une nouvelle période il peut, en tout repos, mettre au jour les plus énormes niaiserie!';. Aveuglément on applaudira au seul prononcé de son nom. Il existe sur lui un cliché une fois fondu dont rien ne modifiera plus les épithètes aimables. La période glorieuse dure dix ou vingt ans. Les malins en profitent pour amasser. Puis la génération qui acclama l'auteur heureux, disparaît. Une nou,·elle surgit qui tient à succéder. La décadence arrive. L'on s'aperçoit que le génie de la veille, le« maître "aux épithètes aimables ne vaut pas le dernier des nouYcaux candidats à la gloire. Et justice se fait. Celte année dramatique a vu de notables exemples des deux dernières périodes. M. de Maupassant, tant insulté jadis lors de ses débuts naturalistes, ne peut signer aujourd'hui dix lignes sans que se pâme la presse. Pour avoir repris dans 1Vlusotte la défense surannée du bâtard sur laquelle paturèrent cinquante ans le théâtre et la BibliotecaGino Bianco

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