Entretiens politiques et litteraires - anno II - n. 19 - ottobre 1891

- 120 - lèrent pour la principale fin d'imposer ,i l'admiration académique : la voix du sang, l'épée de mon père, le noble valet, l'anneau de r·econnaissance, le cor annonciateur, le bandit généreux et le poison de délivrance. He;·1umt, pour quoi l'on se débattit en de vigoureuses polémiques, réunit à peu près tous ce:; éléments d'émotion immédiate et gr ossiere. Les Bu1·g1·aves sortent du château d'Udolph aux mystères opini,ltres, et l'Hoinme qui 1·tt, la plus remarquable des œuvres similaires, se réduit à un récit d'a,·entures d'enfant trouvé et ducal, telles que les recher:che encore le naïf feuilleton quotidien. Le romantisme tout entier lutta donc pou1· faire admettre des direcleu·r·s de théàtreetde leur public les rêves dialogués d'A11neHadcli ff, les leurs, ceux de Dumas père et d'Eugène Sue. Quand parurent George Sand, Musset, Feuillet et leurs écrits sentimentaux, où de jeunes femmes malmenées pur des époux aveugles, s'exaltent dans un vice paré pour la circonstance des plus flatteuses nuances, le théàtre s·empn.ra de- cette production. Julie trépassa d'une maladie de cœut· au dernier acte. On pleura sur les malheurs des amants incompris. Les adultères fleurirent; les catastrophes éclatèrent parmi les coups de pistolet. Antony poignarda. Puis les mœurs s'adoucirent et l'on se contenta d'examiner un par un tous les cas de faiblesse conjugale, tous les antagonismes d'amour, d'honneur et. d'argent. Depuis 1860 le public vit sm· cette nomenclature, dont M. Alexandre Dumas fils est le protagoniste inlassable. Chose curieuse, alors que ce roman, sorti enfin du sang et des fantômes, puis de la sensiblerie féminine, atteignait par Balzac et Flaubert la forme généralisatrice de la véritable esthétique, le théàtre français s'attardait aux tfttonnements intermédiaires. Et cependant les trarnux dramatiques de Gœthe, Shakespeare, \Vagner, sans parler de ceux des Grecs, permettent d'espérer que l'esthétique la plus ferme agrée parfois au public. ~ème, de celte correspondance continue entre les idées du roman et celles du théàtre, l'on pourrait conclure sans trop de témérité <[U'il se prépare, en France, une forme dramatique analogue aux tentatives littéraires dont la 'l'entatton cleSaintAntoine et les ouvrages des prosateurs nouveaux apportent l'exemple. B1blioteca Gino Bianco

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