Entretiens politiques et litteraires - anno II - n. 17 - agosto 1891

MALLAR~ŒÉ (A propos de Pages. - Dem~n. édit., Bruxelles.) Nous ne croyon1; pas que M. Stéphane Mallarmé ait jamais eu l'ambition de régenter les lettres; ce poète est si peu le chef théorique, autocrate et partial des 11 phalanges symbolistes » qu'il professe, à la fois, une espèce de cul te outré pour le vers fantôme de Théodore de Banville, pour les magniloquences crispées de M. Verhaeren et pour les lents doux poèmes à robes lâdies de M. de Régnier. La critique causée de lVI.Mallarmé est pour nos contemporains d'une compréhension acute et si éloignée de tout parti pris qu'on y découvre à peine un criterium, si ce n'est le bienveillant abandon de tout préjugé dans l'effort de pénétrer une âme étrangère: il sait, se laisser empoigner par M. Zola, se paroxyser avec M. Mirbeau et il traduit M. Huysmans jusqu'à le transhumaniser; mais Laforgue n'est pas, croyons-nous, de ses favoris et qui sait si MM. Moréas et Kahn, qui sait si le signataire même de ces lignes ne heurtent pas, par leurs écrits, ses préférences de goût classiques et sa susceptibilité de techniste formel et transigeant, d'hier à peine, avec nos libertés acquises? Toutefois le fond de la pensée d'un homme comme M. Mallarmé qui s'enveloppe de réticences délicieuses et de malices incomparables, reste interdit même à ses intimes et nous ne saurions conclure de nos déductions qu'à des hypothèses oiseuses, sans cloute, mais utiles, peut-être, aussi, à formuler. Nous connûmes M. Mallarmé jadis par la Prose pou1· des Esseintes que nous étudiâmes: nous n'en déduisîmes BibliotecaGino Bianco

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