Entretiens politiques et litteraires - anno II - n. 17 - agosto 1891

- 59 - il emploie le mot « roman » dan? le second sens et nous conYie à faire revivre en même temps que les troubadours de langue d'oc, les trouvères de langue d'oïl, considérés conjointement comme les héritiers directs des Hellènes et des Latins. Il est aussi vain de ressusciter Thibault de Champagne que Bertran de Born, et le sire de Coucy que Peïre Vidal ou Guilhem Cabestein. Tout au plus pourrait-on leur reprendre quelques rhythmes lyriques oubliés, parce que les rhythmes ne sont point caducs comme les mots et les syntaxes : les rapports mathématiques qui les constituent sont immuables et, aprèsl'ép!lrpillement des mondes, les diYins hexamètres de Virgile et les grandes strophes de Hugo chanteront encore dans le silence infini, éternellement. Mais dire nos rêves dans une langue disparue serait un étrange passe-temps de rhéteurs. Cedes, je ne méprise point l'archaïsme, mais les syllabes anciennes n'apparaissent comme telles, et n'ont de saYeur impréYue que par le contraste avec un vocabulaire dont le fonds est moderne. Au reste, ce sont là discussions de pédants, et les sectateurs de la Renaissance Romane se plaindraient peut-être que leur vraie pensée fùt dénaturée par un adYersaire de mauvaise foi. Je les entends dire: ce ne sont point des mots ni des tours de phrase que nous prétendons demander aux poètes d'autrefois; nous Youlons, plm; vieux de près de dix siècles, nous rajeunir l'imagination et retrouver dans les gestes héroïques et légendaires le secret des longs poèmes que nous arnns perdu (1). Ici, volontiers, je penserais comme eux. :Nouspourrions reconquérir notre hien tombé en déshérence et ne pas laisser les seuls Anglais et les seuls Allemands, comme Tennyssonn, Wieland et "\'Vagner, interpréter de nouveau les mythes créés par nos ancêtres. Je ne crois pas qu'à aucune époque et en aucun pays il y ait eu une plus belle floraison d'histoires merveilleuses qu'en France, du x1• au xv• siècle. Les hommes d'alors eurent vraiment « le don d'enfance )); ils se montrèrent dociles it toutes les fictions et, en récompense, ils ont vu des spectacles que nous ne verrons plus : les grands guerriers vêtus (1) Et que :i\I. Jean :\Ioréas n'a pas relrouYé. N. D. L. R. BibliotecaGino Biarico

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