Entretiens politiques et litteraires - anno II - n. 17 - agosto 1891

- 58 - Parmi les barbares et les hordes qui n'ont ni capouliers, ni majoraux, se pressent en tumulte tous les Slarns, tous les Allemands, tous les Anglais, sauf Shakespeare (Shakespeare n'est autre, on le sait, que l'ltalien Baudello) : mais ces troupes désordonnées, entre autres recrues surprenantes, ont entraîné Mme Judith Gauthier et Leconte de Lisle. :\1lneJudith Gautier est« une Tartare n, voiltt qui est entendu désormais et les gens à qui telles pages de « La Sœur du Soleil », où les jeunes guerriers se parent de fleurs pour mourir, rappelaient les plus exquis souYenirs de la Hellas, ne connaissent rien à la littérature. Quant à Leconte de Lisle, qui appartient aux peuplades les plus féroces de la Réunion et est peut-être un Yolof affranchi, il ignore la grâce ionique et on lui attribue ù tort Hypatie, Les Erinnyes, et quelques autres poêmes où revit l'âme antique. Si les Romans se réduisaient ainsi aux Félibres, la querelle serait vite jugée: la littérature provençale est une littérature étrangère, au même titre que la littérature allemande ou la littérature espagnole, et, ce qui est plus graYe, la langue félibréenne est une langue morte. Les informes patois locaux parlés au Sud de la Loire n'ont rien de commun aYec l'idiome artificiel et savant de :Mistral et 11f.i1•eio est œuvre d'érudit aussi bien que la Chl'isliade de Vida, ou le de Partu Virginis de Sannazar. C'est une innocente et pieuse fantaisie de lettré que d'honorer les vocables défunts et les dieux abolis; mais le culte des ancêtres veut plus de discrétion et ceux des Félibres qui ont d'autres talents que de farandoler à Sceaux autour du buste de Florian suspendent mod~stement dans les Ai-- manas ces témoignages funéraires; ils n'en tirent point de vaine gloire et racontent en fran\ais la Chèvre cl'or et Jean des Figues, deux histoires imprégnées de charme, de grâce et d'élégance. M. Maurras, par politesse méridionale, feint bien de regretter la croisade de Simon de Montfort. Mais il faut se méfier : s'il ne prônait que les cigales, les tambourinaires et les félibres, il serait d'un honnête homme de sourire avec lui d'une délicate ironie, aussi inoffensive que les propos de table de M. Francisque Sarcey. l\lais il professe bientôt une hérésie beaucoup plus haïssable, quand BibliotecaGino Bianco

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