Entretiens politiques et litteraires - anno II - n. 16 - luglio 1891

- B3 - Or, que préparés aux émotions esthétiques, nous pénétrions dans une salle de peinture, voyez quelle dérogation choquante! Lit, avant que de rencontrer des œuvres d'artistes nés, nous sommes condamnés à inspecter au moins sommairement, cent ou mille toiles issues de manieurs de pinceaux auxquels nous refusons absolument jusqu'au titre d'artiste, si prodigué de nos jours. Et, il résulte qu'étant entrés dans ce lieu, comme auparavant nous pénétrâmes en les salles de concert ou de lecture, pour y trou,·er notre joie, notre vue aussitôt est violée, notre confiance trahie, notre esthétique bafouée, nos affections ravalées, ternies. Chaque station devient une étape doulourem;e, -oh! les que tl'Opnais élèves des faux maitres! - car plus on poursuit l'examen de telles peintures, plus on y decouvre l'impitoyable réalisation de ce qui aurait dù être é\"ité. Et c'est après avoir lâché le cours d'une trop facile ironie sm· combien de paysages - avant l'horloge, sur combien de ces portraits dont on dit qu'ils sortent de la toile, - ne sera-ce donc jamais par derrière? - que courbatus et mélancoliques, nous tombons en arrêt sut· une œu \Te attirante. Or, que celle-ci triomphe de notre humeur, ablue notre œil des abjections subies, c'est bien : aussitôt nous nous plaçons au point, pour contempler, et l'œuvre se déYoile, qui chante la symphonie des couleurs, l'équilibre des lignes, qui nous révèle l'âme du peintre par l'âme de la peinture, d'un peintre ne subordonna.nt point sa conscience d'at'tiste au désir de plaire, d'une peinture tout ù la fois barbare et subtile où rien ne sent la fallacieuse audace de formules dérobées, où ce qui est considéré comme capital par le nombre, cledent secondaire, et vice versâ, où clans tout mariage de couleurs, en tout arrangement, en toute enveloppe des formes, perce une intelligence éprise d'idéal et non qu'un instinct de manœuvre. Mais à peine notre vue sourit-elle à ces fêtes ordonnées du ton et de la teinte, à peine savoure-t-elle la joie des courbes molles, des lignes serpentines, qu'une forme humaine ::;eplace entre la toile et nous, qu'une voix BibliotecaGino Bianco

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==