Entretiens politiques et litteraires - anno II - n. 16 - luglio 1891

- 31 - honorer en trarnillant? et pourquoi Rothschild se refose-til à imiter Jésus-Christ? \. ous concluez que, si la société requiert des conditions inégales, cette inégalité mème tourne au profit de tous. Et assurément la société ne pourrait pas Yivre décemment s'il n'y aYait des décrotteurs pour cirer les bottes. ~fais ne serai t-il point juste que ces besognes si nécessaires fussent réparties entre plus de gens? Et y aurait-il moindre profit pour la société si :VI. de Rothschild, au lieu de faire citer ses boUes par son décrotteur, au contraire les lui cirait quelquefois, à peu près comme vous lavez vous-même, Saint-Père, les pieds de douze pauvres une fois l'an. ·Vous avez si bien lu les économistes bourgeois, que Yous leur avez emprnnté même l'imprudent aYeu qnc fit un jour le candide Adam Smith, lorsqu'il dit que le trarnil de l'ouvrier est la source de toute richesse. Vous convene;,;, Saint-Père, qu'il en est vraiment ainsi (p. 35); et vous consentez qu'il nous reYienne un peu de cette richesse que nous créons !out entière. Pourquoi donc nous refuser le seul moyen qui nous reste de défendre le salaire de ce traYail dont tout le monde vit grassement, excepté nous-mêmes ? Vous arme;,; le bras séculier contre nos grèves, vous glorifiez le militarisme (p. 35); Yous placez les hommes « qui administrent les choses de la guerre )> au nombre de ceux; qui « doivent avoir la prééminence dans toute société, et y tenir le premier rang. » · Ceux-là, dites-vous, << traYaillent directement au bien commun et d'une manière excellente, tandis que les hommes qui s'appliquent aux choses de l'industrie n'y peuvent concom·ir dans la même mesure. >> Croyez-vous tlonc, Saint-Père, que nous puissions jamais tenir pom· une parole divine une doctrine qui reconnait plus d'utilité à ceux qui tuent qu'à ceux qui font vivre? Ou, si c'est là une inspiration surnaturelle, s'il est vrai que l'essence dernière de la croyance catholique soit le dogme de_la force et le sang versé du misérable, aYouez-le franchement; bénissez ouvertement, comme fit un jour votre prédécesseur, les fusils d'invention nouYelle. Vous aurez rassuré beaucoup d'âmes inquiètes de bourgeois très croyants. Et quant à nous, nous saurons que nous n'avons pas-à compter, pour notré laborieuse œuvre d'émancipation, sur le concours d'un Dieu bourgeois qui nous hait et qui nous dégoùte. THÉODORE RA::s-DAL BibliotecaGino Bianco

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