Entretiens politiques et litteraires - anno II - n. 16 - luglio 1891

- 28 - accapareurs. Nous nous plaignons de ce que vons ne Yous soyez pas prononcé; de ce que Yous n'ayez eu le courage ni de la bénédiction ni de l'anathème. Les paroles mêmes de la consolation chrétienne, ô pontife incrédule, expirent sur vos lèvres. Vous nous dites bien que nous sommes immortels, mais vous invoquez la raison pour le prouver (p. 21). La raison? Médiocre autorité pour inviter à c1·oi1e ceux à qui leur prédestination au malheur fait paraître irrationnel le monde entier. Dites-nous plutôt pourquoi nous avons été condamnés à vivre dans un monde qui ne vit lui-même que de notre mort et de la succion perpétuelle de la moëlle de nos os et de la substance de nos âmes. Vous nous nJfi1·mez,que la propriété est un droit naturel (p. 6 et 8), parce que l'homme est doué de 1·aison; parce que, différent en cela des animaux, il prévoit ses besoins futur;:; et qu'il use dès lors légitimement des moyens _qui lui paraissent les plus propres ,·l assurer son avenir. Or, rien ne l'assure mieux sans cloute qu'une bonne pro• priété dont la rente échoit à périodes fixes. Mais nous autres, sommes-nous donc des brutes que nous n'ayons le droit de rien posséder? Et pourquoi, si la propriété seule assUL·eune existence digne d'un être raisonnable, nous défendez-vous de la prendre lit où elle est, c'est-à-dire dans la poche des capitalistes? Je vous entends. Vous n:ius pt·èchez d'être sages; d'économiser sur notre salnire; et avec le pécule amassé à la longue d'acheter un petit champ que nous cultiverons nous-mêmes et dont nous vivrons jusqu'à la fin de nos jour:;. Et vous affirmez gravement que c'est là l'origine de toute propriété. 0 pontife facétieux, pourquoi pousser la plaisanteriej usque-là? pourquoi écrire l'histoire comme un économiste? Hothschild a-t-il jamais économisé sur son salaire? a-t-il jamais cultivé unpetitchamp? Autant dire que vous ~agnez le denier de saint Pierre, en bêchnnt YOtre jardin du vatican. Oui, il est bien vrai que le capital Yient de l'épargne, et même de l'épargne faite sur le salaire : mais c'est sur le salaire dù aux autres, et non sur Je salaire qu'on reçoit f!UC se font les économies qui enrichissent. Oui, le bourgeois pratique une merveilleuse abstinence, l'abstinence BibliotecaGino Bianco /

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