Entretiens politiques et litteraires - anno II - n. 13 - aprile 1891

- 131 - quelles étaient les sympathies que je recueillais, ni dénombrer exactement les jeunes hommes qui font indubitablement partie de ma suite, mais je vous le repète, cela n'a aucune importance. Tout ce que je puis affirmer, et hautement, c'est que dans la littérature française, nul ne fit jamais une œuvre plus illogique et plus absurde que la mienne, ce que je dois proclamer c'est qu'à cause de cette manière si personnelle je suis le seul véritablement naturaliste. - Quelle est votre opinion, mon cher maître, sur les réalistes dissidents ? - C'est qu'ils sont de faux réalistes. - Mais leur talent? - C'est la postérité qui décidera. Nous lui appartenons tous, ajouta-t-il avec honté. -- Permettez-moi d'insister pour avoir votre opinion sur Emile Zola. - Si le lyrisme, quoique faible chez lui, il faut savoir lui rendre justice, ne l'avait perdu, il aurait pu être des nôtres. - Et Monsieur Alphonse Daudet? - Il a su éviter ces excès, mais pas complètement cependant, ce n'est pas encore ça, quoi qu'on puisse raisonnablement soutenir qu'il nous appartient. - En terminant, dites-moi votre sentiment sur M. Paul Alexis, qu'on m'a accoutumé à regarder comme un intransigeant du naturalisme, comme celui qui aurait approché le plus de la vérité. Je m'étais levé en prononçant ces paroles. M. de Montépin me reconduisit silencieusement jusqu'à la porte, et cornme je répétais ma question, il me frappa familièrement sur l'épaule, et, avec quelque dédain: - Celui-là, me dit-il, ce n'est qu'un Poète. BERNARD LAZARE. B1blloteca Gino Bianco

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