Entretiens politiques et litteraires - anno II - n. 13 - aprile 1891

-130 - tyrannique qu'on ne le croit généralement - comme fit le regretté Fortuné du Boisgobey et comme je le fais moi-même. · - Ceci·est un principe qu'admettent tous les maitres du naturalisme, observai-je. , - C'est fort juste, aussi ce n'est pas sur le principe que ,nous différons M. Zola et moi, c'est sur son application. ;La manie d'expliquer Monsieur, est puérile, c'est une tendance de ce que j'appellerai l'esprit lyrique - le plus _détestable de tous les esprits. - Les écrivains, qui sont sujets à cette folie, me paraissent un peu semblables aux enfants qui éventrent les poupées pour en saisir le mécanisme, toujours inexistant. Pmsque l'enchainement des effets et des causes, nous est inaccessible - à supposer qu'il soit, et je ne vous cacherai pas que la loi de causalité ne me satisfait point - il quoi bon chercher à expliquer les êtres et les choses? Je sais que chez M. Zola, par exemple, l'explication est toujours rudimentaire, et je lui sais gré de s'en tenir à de simples raisons physiologiques, mais c'est encore trop. Nous autres artistes ne devons chercher qu'à rep1ésenter la vie, qui est la matière éternelle de tout art, or la vie est ill_ogique, la vie est absurde, il nous la faut donc reproduire strictement dans son illogisme, dans son absurdité. Voilà le vrai réalisme, le seul soutenable; chaque fois, qu'au contraire, l'on voudra coordonner des faits, les légitimer, on tombera dans le plus enfantin des lyrismes; or le lyrisme n'a jamais fait qu'affoler l'humanité et cela, au gré des cervelles qui le pratiquèrent, il est donc condamnable. Ces inconvénients, si fâcheux pour les peuples il est inutile de vous dire, Monsieur, qu'ils ne sont point it cl'aindre avec le naturalisme, tel que je lt, comprends ; ce naturalisme présentant les choses comme elles nous apparaissent, ne peut jamais être un ferment de trouble, puisque dans les ouvrages de ceux qui pratiquent celte doctrine, il est loisible à tous les contemporains de se retrouver. · - Pensez vous, mon cher maitre, que beaucoup partagent vos vues si curieuses sur l'art. , -Peu m'importe vous répondrai-je.Ayant peu fréquenté l~s brasseries, je n'ai pu constater d'une façon certaine BibliotecaGinoBianco

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