Entretiens politiques et litteraires - anno I - n. 8 - 1 novembre 1890

- 250 - calomnies débitées depuis sur l'immoralité du paganisme. Mais les initiés doivent se garder de révéler les mystères : les artistes ne reconnaitraient plus leurs types rêvés, dans les abstractions de l'ontologie; le peuple perdrait sa foi sans trou,·ei· dans la mètaphysique une compensation aux croyances poétiques qu'il aurait perdues. Nul ne peut me voir face à face sans mourir, dit le Dieu de Moïse. Sémélé fut foudroyée pour avoir voulu voir Zeus dans sa gloire. ~falheur à ceux qui présument trop de leurs forces! Parmi les initiés quisortaientdel'antred' Hermès Trophonios, il y en eut qu'on ne qu'on ne vit plus jamais rire. Cependant les races vieillissent; alors l'esprit se sépare du corps, les mots se dédoublent, l'idée, pour se dégager, rejette l'image, la science brise l'urne du symbole où s'abreuvaient les peuples jeunes et forts En quittant leur enveloppe, les vérités d'intuition arrivent à la conscience d'elles-mêmes. Est-ce une mort, est-ce· une résurrection? Il n'est pas un bien au monde qui ne se mesure par un regret; mais potl\'ons-nous pleurer la mort de nos dieux et affirmer notre existence, nous, formes fugitives, incarnations passagères de leur éternelle pensée? Où étions-nous hier, où serons-nous demain? mais les forces di\·ines qui vi,·aient aYant nous renaitront après nous dans d'autres organes; les idées, qui se réYèlent aujour1l'hui en nous, écloront demain dans d'autres intelligences, comme ce flambeau qu'on se passait de main en main dans les mystères. Ainsi, chaque hiver, la terre prend le jeuil du soleil; mais, tant que ces sphères amoureuses poursuinont dans l'éther leurs éclipses divines, tanl que la terre épanouira ses feuilles et ses fleurs aux baisers du pl'intemps, tous les êtres chanteront en chœurla résurrection d'Adonis et le retour de l'agneau équinoxial. Si l'art doit disparaître du monde, comme au temps où les dieux de la Grèce furent chassés de leurs temples, ils vivront cependant d'une éternelle jeunesse tant que la beauté sera désirable, et qu'on n'aura pas arraché l'amour du cœur de l'homme. Et le Dieu crnci1ié du moyen ùge, fùt-il calomnié par les docteurs et les prêtres, bafoué par le peuple, abandonné par BrbliotecaGrnoBranco

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