Entretiens politiques et litteraires - anno I - n. 8 - 1 novembre 1890

- 24.9 ùus tel aspect des types divins prend plus de relief quo tel autre. Le sens des mythes parait tan tût plw, matériel, tantûtplus moral, cadïdéal ne Y,lrie pas seulement d'une race il l'autl'e, il :;e transforme selon la nature des intelligences indi1·icl11elles. La foi naï,·e et spontanée des masses se contente du côté palpable et poétique des symboles; pour les esprits plus réfléchis, il faut une doctrine plus métaphysique; qu'ils prouYent leur force ctlcur courage en trarnrsant les épreU1·es imposées aux initiés, el ils pénètl'eront les mystères. Aux fêtes d'Apis, le peuple adorait le symbole vivant du travail, l'animal bienfaisant et fort qui l'aide à féconder la tene. Pour les prêtres et les sages, Apis était le ~il, le soleil, le taureau équinoxial, et pour les initiés, dans le sanctuaire du Sérapéon, c·était le principe créateur. Quand le peuple d'Athènes allait en pèlerinage au temple des deux grandes déesses d'Eleusis, les poètes lui racontaient l"enlhement de Persephoné pal' Hadès, la. douleur de sa mère et le retour de Persephoné à la lumière céleste. Celte légende suf!lsai t au peuple, qui se retirait en remerciant la mère bienfaisante à laquelle il devait le blé nourricier de l'homme. Elle suffisait aussi à Praxitèle qui, au lieu ù\1llerjusqu'au temple, s·arrêtait en route pour regarder Phryné se baignant dans la mer, et reYenait sculpter une .-\.phrodité anaclyomène. J\-Iaisil y a.mit alors comme aujourd"hui des esprits plus curieux de science que d'art. L'hiérophante leur expliquait que Persephatta, fille de Zeus et de Déméter, était la végétation, Jille de la terre et de l'air, enfermée pendant l"hiver dans les royaumes souterrains de Hadès, et renaissant au printemps pour charmer le ciel et consoler la terre. Il y arnit aussi des esprits inquiets de la destinée de l'homme. Persephoné leur apparaissait comme la nocturne Hécaté, reine des ombres, et leur réYélait les mystères de la vie et de la mort, la transmigration et r épuration successiYe des tunes. C'était la grande initiation : on s'y préparait par une vie pure, par la continence et par le jeùne. Aux jours de leur toute-puissance, les césars romains n'osaient braver ni les lois austères de Lycurgue, ni les anathèmes des prêtres d'Eleusis contre les profanes. Ce souvenir aurait dû suffire pour réfuter tant de sottes BibliotecaGino Bianco

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