382 . Le manuel édité chez Dunod 4 distingue bien les deux révolutions et montre qu'on peut être à la fois concis et parfaitement net : La deuxième révolution russe (octobre-novembre 1917) : Lénine, revenu en Russie le 16 avril, prép8re la révolution contre Kérenski. En juillet, une première insurrection bolchévique échoue. Le 7 novembre, la seconde triomphe et Kérenski s'enfuit. Le livre des Editions Nathan 5 montre, lui, l'inconvénient des ouvrages collectifs composés par simple juxtaposition. La partie « événementielle » est correcte, le chapitre s'intitule : « Les deux révolutions russes », avec trois paragraphes : « La première révolution : la chute du tsarisme » ; « L'intermède démocratique » ; enfin : « La révolution d'Octobre ». Le récit ne dissimule rien des procédés bolchévistes : L'épreuve de force allait avoir lieu (...). Kérenski avait convoqué un « Conseil de la République », sorte de pré-parlement qui avait pour but de donner au gouvernement l'appui de l'opinion et de préparer les élections à une Assemblée constituante. Les bolchéviks étaient décidés à empêcher la formation d'un régime de type parlementaire où ils seraient minoritaires (...). Lénine adressa le 1er novembre un appel au coup d'Etat (...). Les bolchéviks, maîtres également de Moscou le 14 novembre, avaient donc réussi leur coup d'Etat. Mais quand on en vient à la partie « civilisation», dans le second volume, le chapitre soviétique, dû à un M. Tersen 6, commence par les mots : « La Révolution d'Octobre 1917 » (on n'a pas lésiné sur les majuscules), et on y apprend qu'en 1917 « les éléments contre4. Histoire contemporaine, par M. Rouable (1962). 5. Histoire, classes terminales, par MM. Bodin, Duroselle, Faivre, Poirier et Tersen (1962). 6. Ce Terscn a été, en 1955, le héros d'un scandale peu ordinaire. Ayant commis une Histoire (sic) de Hongrie dans le style stalino-tchékiste pour les Presses Universitaires de France, maison grande ouverte à l'influence communiste au pire sens des termes, il avait écrit parmi les grossiers mensonges dont se compose son méprisable libelle : • En 1949, celui [le complot l préparé en collusion avec le gouvernement de Tito, par Rajk, membre de longue date du Parti communiste, pour une prise violente du pouvoir : Rajk et plusiéurs de ses complices furent exécutés, d'autres se dérobèrent par la fuite. • Ce tissu d'infamies n'était pas pire que le contexte. Mais sur ces entrefaites, Khrouchtchev et Boulganine se rendirent à Belgrade pour y rétracter les calomnies et les injures de Slaline à l'adresse de Tito (en les meltant mensongèrement au compte de Béria). Le loriquet stalinien Tersen dut s'aligner d'urgence et les Presses Universitaires de France (pourquoi : de France ?) osèrent se prêter à une opération sans précédent, du moins en France, car on ne doit pas oublier le procédé de la Grande Encyclopédie Soviétique, substituant une page sur le navigateur Bering, sur la mer et le détroit du même nom, à la biographie de Béria. Donc les Presses Universitaires de France (mais pourquoi : de France?) se permirent de remplacer la page 117 de ce Tersen pour escamoter le passage malheureux. Et ce, en faveur de Tito, non de « Rajk et plusieurs de ses complices •• torturés et suppliciés par des tersens hongrois, plus tard « réhabilités • (sic) par d'autres tersens. Détail tristement comique : des passages péjoratifs sur Bela Kun subsistaient, que l'auteur servile a dû. sam, doute supprimer après la •réhabilitation• (re-sic) tardive du personnage. · . . Décidément, une question se pose : que faut-il faire, dans la France actuelle, .pour être déshonoré ? - N.d.l.R. BibliotecaGino Bianco LE CONTRAT SOCIAL révolutionnaires sont nombreux et actifs, à partir des ·socialistes-révolutionnaires » (sic). C'est le contraire aux Editions Belin 7 • L'appréciation des faits est plus ou moins exacte dans la partie « civilisation » : . Le pouvoir a été saisi par le Parti communiste (...), soit une minorité infime (...), une dictature implacable qui n'a pas été la « dictature du prolétariat », mais · la dictature, au nom d'un prolétariat en voie de création, des chçfs communistes, · tandis que le récit est médiocre dans l'exposé des événements. On apprend, page 27, que « la Révolution russe éclate, en effet, en · mars 1917 » ; mais, page 43, « la Révolution russe » [il n'y en a toujours qu'une] est devenue celle d'Octobre, date à laquelle « une nouvelle vague révolutionnaire porte au pouvoir [malgré eux ? ] les bolchéviks », qui « font glisser la ville dans leurs mains» - on ne nous dit pas, malheureusement, de qui est cette belle formule émolliente. Et à la page 45, un « témoignage inédit» nous vaut un beau morceau d'histoire à la manière d'Alexandre Dumas: Quand Lénine arriva à la gare de Finlande (avril 1917) une foule de 5.000 personnes l'attendait. Au premier rang se trouvaient tous les membres du Comité central. Or, avant que le train ne se fût arrêté Lénfne cria de la portière : « Tout le pouvoir a~ Sov1ets! A bas le Gouvernement provisoire! » Toute la foule répéta son cri. Ovations pour Lénine. Le Comité central semble alors dérouté. Ses membres font quatre ou cinq pas en arrière. Et un beau Géorgien, qui se trouve à l'extrême droite de la délégati_on - Joseph Staline, - est tellement pâle et dérouté qu'il fait, quant à lui, quinze ou vingt pas en arrière et se perd dans la foule. Dernier exemple : le manuel de la Librairie I-Iatier ~, permet une intéressante comparaison entre deux éditions successives. L'ouvrag.e actuel est, en effet, pour la partie narrative, une adaptation du « Tapié-Genet » 1l qui avait le tort d'jntituler son chapitre : « La révolution russe », 'mais dont le récit détaillé permettait à chacun de se faire une opinion qui ne fût pas forcément celle des communistes. On y trouvait même une touche d'ironie : Un détail cependant reste à régler : une Constituante avait été convoquée pour le 8 janvier 1918.. Aux élections les bolchéviks n'ont pas - et de loin - la majorité [c'est l' « adhésion enthousiaste » dont parle un autre manuel] ; mais l'Assemblée est dissoute dès sa première réunion. 7. Le Monde actuel, par MM. Baille, Braudel et Philippe (1963). 8. Le Monde contemporain, classes terminales, par MM. Genet, Rémond, Chaunu, Marcet et Ki-Zerbo (1962). 9. Nouveau Cours d'histoire, publié sous la direction de Victor L. Tapié : L' Epoque contemporaine, par M. 'Genet (1947).
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