QUELQUES LIVRES , de capital. Dans cette hypothèse, rien n'empêche le taux de plus-value de se maintenir, voire de s'accroître, sans que diminue le taux de profit. Cela dit, le point le plus faible de la doctrine de Marx consiste dans son refus de rattacher le profit au taux de production et à la demande effective. En somme, si la conception marxienne de la baisse tendancielle du taux de profit ne répond pas tout à fait aux besoins de l'analyse économique, c'est que son promoteur l'a enfermée dans des limites trop étroites. * * * L'exposé, par M. Gottheil, de la circulation et de l'accumulation, fondements de la loi marxienne du cycle de production capitaliste, est assez lucide. Il serre de près la formulation originale, en s'abstenant de la transcrire dans la notation mathématique employée de nos jours! L'auteur réussit notamment à introduire dans son analyse, à leur juste place, le taux de rotation ainsi que les schémas de la reproduction. Toutefois, à ce point de son exposé, c'est un peu en sous-main que M. Gottheil aborde le problème de la transformation. « Si Marx, nous dit-il à ce propos, avait transformé la valeur en notations de prix ( ...), l'équilibre du système n'aurait plus découlé, comme il le supposait, de son modèle de la reproduction simple. » On aurait pu penser que dans un ouvrage consacré à des prédictions économiques fondées sur un appareil technique aussi fragile, l'auteur se serait fait un devoir non seulement de les dénombrer, mais de les contrôler. Or il ne le fait que par-ci par-là, par exemple à propos des vues de Marx sur la guerre de Sécession ou sur l'effondrement inéluctable du capitalisme. Sauf exception donc, les cent cinquante-trois prédictions sont simplement relevées, énumérées et classées. Que Marx en ait fait tant que cela, il est utile, peut-être, de l'apprendre. 1v1ais le service rendu au lecteur serait plus grand encore si M. Gottheil avait pris le soin de préciser que seuls un certain nombre de ces pronostics - comme la baisse du taux de profit - présentaient pour Marx une importance réelle, alors qu'à d'autres il n'en attachait aucune, ou bien peu. Qui plus est, pourquoi l'auteur s'abstient-il de nous dire quelles sont, à son avis, les grandes questions soulevées par Marx, celles qui ont compté dans l'histoire? En effet, sur bien des plans, les économistes d'aujourd'hui peuvent reconnaître en Marx un précurseur. Pour ne citer, parmi ses idées maîtresses, que quelques exemples : celle du « proBiblioteca Gino Bianco 315 duire pour produire », au-delà de la demande raisonnable ; celle de l'incidence de cette demande sur l'investissement (idée proche du concept moderne d'accélération) ; celle du rôle fondamental de la technologie (qui met en lumière celui, prédominant, que jouent l'investissement et l'accumulation dans la transfor-- mation de l'économie). Se pencher encore et encore sur un vieux texte informe, pour toujours mieux le réfuter - n'est-ce pas, en un sens, lui rendre hommage ? Nos deux auteurs se plaisent à le reconnaître : on n'en a pas fini avec Le Capital, constate Wolfson, « même après avoir passé un siècle à perfectionner les techniques rivales » d'analyse économique. Le jeu toujours repris répondrait-il, en fin de compte, à un besoin ? Il est certain que par leur fallacieuse simplicité les formules marxiennes exercent un pouvoir durable de persuasion : à tel ou tel problème économique bien déterminé, elles promettent d'apporter la solution. Mais cette promesse, elles ne la tiennent pas, elles ne peuvent la tenir - incapacité qui découle de la nature même du système, de sa généralité, laquelle lui interdit d'entrer dans le détail des choses et de démêler les fils jusqu'au bout. Le marxisme n'en perd pas pour cela son attrait, ce qui laisse supposer que chaque génération nouvelle devra reprendre pour son propre compte l'examen du système et en redécouvrir les difficultés et les contradictions inhérentes. Dans ce sens, les deux ouvrages dont il est question ici présentent, malgré leur technicité, d'incontestables mérites. BEN B. SELIGMAN. (Traduit de l'anglais) Le Vietcong DouGLAS PrKE : Viet Cong : The Organization and Techniques of the National Front of South Vietnam. Cambridge, Massachusetts, Massachusetts Institute of Technology Press, 1966. LE RÉCENTOUVRAGdEe Douglas Pike vient à point. Il y a trop longtemps que le grand public des Etats-Unis et d'ailleurs, pressé de prendre parti pour ou contre la guerre du Vietnam, a renoncé à en dégager les données essentielles. Il se passera des années avant que personne puisse vraiment comprendre le conflit, mais voilà au moins un livre sérieusement documenté qui nous fait connaître l'une des parties belligérantes, en l'occurrence celle, san
RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==