372 3. Avec la Jordanie, la paix ne peut se fonder que sur une alliance militaire et économique, laquelle empêchera son prince bédouin et son armée bédouine de prendre le parti des ennemis d'Israël. Là aussi, la conclusion de la paix présuppose une reconnaissance formelle d'Israël - ainsi que d'ailleurs un arrangement raisonnable des frontières avec l'Arabie Saoudite du côté oriental du golfe d'Eilath (golfe d'Akaba). 4. Le Liban, allié naturel d'Israël, devrait recevoir l'offre d'une alliance fédérale. (Quant aux Druzes, voir ci-dessus.) 5. Pour les réfugiés, voir également cidessus. Tous les autres habitants des nouveaux territoires doivent, après une période de transition relativement brève, recevoir une citoyenneté sans restriction, avec égalité de droits et de devoirs. 6. Israël doit cesser d'être un ghetto juif et devenir un Etat libre, égalitaire et laïque, sans discrimination aucune quant à la confession, à l'origine ou à la communauté religieuse, et avec service militaire universel. * * * Telles sont donc les vues exposées et la conception d'ensemble préconisée par Yonathan Ratosh dans son livre appelé à susciter de chaudes discussions en Israël et d'utiles réflexions chez tous ceux qui, dans le monde, prennent le sujet à cœur. · A. G. HoRoN. Marxisme et marginalisme MURRAY WoLFSON : A Reappraisal of Marxian Economies. New York, Columbia University Press, 1966. FRED M. GoTTHEIL : Marx)s Economie Predictions. Evanston, Illinois, Northwestern University Press, 1966. L'UN DES JEUXles plus fascinants auxquels se con1plaisent les économistes consiste à mettre en cause et à réfuter les théories de Marx. Lancé par Wicksteed, aimable théologien-économiste du XIXesiècle, le jeu a été notamment repris par Pareto, puis par Bohm-Bawerk, enfin, de nos jours, par l'éminent théoricien du Massachusetts Institute of Technology, Paul Samuelson. Les ouvrages qui font l'objet de la présente chronique peuvent donc être considérés comme issus d'une longue et honorable tradition. Biblioteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL Presque invariablement, les critiques des_ théories économiques de Marx ont mis l'accent sur l'insuffisance de l'appareil technique qui leur sert de fondement. Les professeurs Wolf- .son et Gottheil abordent eux aussi la question sous cet angle, mais en introduisant dans le thème principal certaines variations. On,- sait qu'à la théorie de la valeur-travail (roseau bien faible, soit dit en passant), il est d'usage d'opposer la notion d'utilité marginale; à celle de la paupérisation croissante, l'amélioration incontestable du niveau d'existence des pays occidentaux ; à l'idée en.fin de l'aggravation inexorable des crises économiques, l'accroissement ininterrompu du produit national brut. Comment récuser de pareils arguments? Comment nier la faillite d'une théorie incapable de rendre compte des faits et de les prédire scientifiquement? Reste à s'interroger sur le pourquoi de cette faillite. Pour M. Wolfson, qui enseigne l'économie politique à l'Université de l'Oregon, les choses sont claires : si Marx a échoué, c'est qu'il était rationaliste, ce qui lui interdisait dès l'abord de composer une théorie valable : partant de prémisses fausses, toutes ses analyses étaient nécessairement viciées au départ. M. Wolfson consacre tout le premier chapitre de son ouvrage à l'exploration de ces fondements philosophiques fallacieux et conclut que le contenu empirique des théories économiques de Marx est pratiquement nul. D'où l'impossibilité de déduire de celles-ci des « données positives particulières » (singular factual data). En outre, le rationalisme de Marx était du type dialec- . tique - ressortissant ainsi, aux yeux de M. Wolfson, d'une forme de discours singulière, pratiquée au XIXesiècle, qui permet d'échapper à la contradiction entre les conclusions et les faits. Or la dialectique prend le contre-pied du positivisme scientifique, système logique qui . . . , , . , . exige que toute propos1t1on enoncee soit vert- /table. (Précisons que chez certains logiciens ·contemporains, tel Karl Popper, cette condition est inversée : pour être valable, un énoncé doit être réfutable.) Ainsi la dialectique marxienne permet de construire le système sans se préoccuper de l'intervention éventuelle de « falsificateurs », c'est-à-dire sans se soucier de la vérifiabilité de ses énoncés. Bref, selon M. Wolfson, rien n'empêche une théorie rationaliste d'englober des éléments hétérogènes et même contradictoires ; et au marxisme en particulier, de gagner sur tous les tableaux. Le propos majeur du professeur Gottheil, de l'Université de l'Illinois, est d'un autre ordre. Il a voulu présenter un relevé complet des prédictions que l'on peut extraire de l'œuvre·
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