370 - d'immigration de masse ni des millionnaires qui peuvent vivre partout où ils le désirent : ils pratiquent pour la plupart des professions libérales ou sont de petits entrepreneurs, qui trouveraient difficilement leur place dans l'économie strictement dirigée d'Israël, économie que le régime semble devoir maintenir dans l'avenir prévisible. Quant à se retirer tout simplement, comm~ en 1957, des régions libérées, ce serait la plus malencontreuse de toutes les solutions : elle ne ferait que rétablir la situation d'avant guerre et forcerait l'histoire à se répéter. Enfin, l'idée d'une « entité palestinienne », sous la forme d'un territoire « arabe » plus ou moins autonome mais fédéré avec Israël (et qui ne pourrait mener aucune politique qui lui soit propre), cela reviendrait, avec la meilleure des intentions, à créer un régime de vassalité qui inviterait les subversions de tous genres. De plus, ce serait imposer à la population une identité fausse : aucune nationalité « palestinienne » n'a jamais existé. La victoire d'Israël dans la guerre de Six Jours a été un succès remarquable ; mais cela n'a pas été, comme certains l'imaginent, un miracle. Si !'Israël de 1948, presque sans armes et sans organisation militaire, a pu battre les armées de l'Egypte, de la Transjordanie soutenue par l'Irak, de la Syrie et du Liban, l'Israë] de 1967 pouvait certainement le faire une fois de plus - et ses chefs militaires le savaient fort bien, alors que ses chefs politiques en doutaient. En fait, ces derniers n'ont jamafa compris le « problème arabe ». Leur conception d'un petit Etat juif noyé dans l'océan hostile d'une « nation arabe », ou d'un « monde arabe », n'est que mythologie. LE PANARABISME Certes, il existe dans un certain sens quelque chose que l'on peut dénommer le « monde arabe », ou plus exactement le monde de langue arabe. Il comprend des peuples qui diffèrent par l'origine, la religion, ou la secte - et la confession à l'intérieur même de l'islam; peuples qui parlent des dialectes arabes différents et vivent dans des conditions géographiques, démographiques et économiques différentes. L'étiquette d' « Arabe » ne peut qu'induire en erreur, car elle invite à une fausse comparaison avec des noms tels que « Français », « Espagnol », etc. En un certain sen~, « arabe·» est ici un terme comparable à celui de « latin », lorsque ce dernier est emBiblioteca Gino Bianco LE CONTRAT SOCIAL ployé dans une expression telle que « l' Amérique 'latine ». Mais plus exactement, le « monde arabe » ressemble à ce qu'a été l'Europe médiévale. Ce « monde arabe » est une abstraction de la même espèce que la « chrétienté » dans l'Europe du Moyen Age. C'est un. mot d'ordre commode pour tout potentat ambitieux qui veut dominer un conti nent, pour toute populace prête à piller et massacrer « hérétiques » et « infidèles ». Il n'est point question ici d'aucune infériorité innée - ainsi qu'il a été prouvé par les enfants d'immigrants de langue arabe dans les pays de l'Occident. Mais le « monde arabe » impose ses façons de penser aux individu~ : son attitude à l'égard de la femme, à l'égard du travail, de la tradition, des études, du passé et de l'avenir, tout cela est implanté dans l'enfant avant même qu'il n'aille à l'école pri · maire. Aucune des révolutions arabes dites « nationales » ou « socialistes » (mais en réa• lité impérialistes, fascistes ou seulement sectaires et partisanes) ne saurait transformer cette situation médiévale. En fait, le panarabisme est· un instrument impérialiste : pour la Syrie, c'est le moyen de réaliser son rêve du « Croissant fertile » ; pour l'Algérie, un prétexte de domination danc, tout le Maghreb; pour l'Egypte, une méthode pour arriver au « second cercle » de la doctrine nassérienne. De cette façon, le panarabisme devient l'ennemi de toute renaissance nationale véritable. Dans ce « monde arabe » médiéval, le progrès ne deviendrait possible, comme en Europe à la fin du Moyen Age, que s'il se produisait une consolidation en Etats nationaux, chacun avec son destin et sg culture, chacun avec sa langue fondée sur un dialecte local. Dans ce « monde arabe » médiéval, la seule possibilité d'existence et la seule justification d'Israël, c'est de préparer la renaissance de sa propre région ; de la libérer du cauchemar panarabe ainsi que des petitesses que lui impose son organisation en castes religieuses. Cela est réalisable en établissant une fédération du Levant : avant tout, avec le Djebel Druze et le Liban, en tant que noyau auquel viendront s'agglomérer toutes les forces constructives avoisinan~s. Afin de remplir sa fonction, -Israël doit se concevoir comme faisant partie de cette région où il vit, et non point comme un avant-poste de l'Occident, ou d'un mythique « judaïsme mondial », au milieu d'un « monde arabe » non moins anachronique. A cette fin, Israël doit s'élever au-dessus de toutes les dis-
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