Le Contrat Social - anno XI - n. 6 - nov.-dic. 1967

QUELQUES LIVRES qu,elles ne se sont pas étendues à la région du Bashan (-entre le Golan et le Djebel Druze) ; elles auraient enfoncé un coin entre la Syrie et la Jordanie, en coupant ainsi la route aux saboteurs syriens qui s,infiltrent en Israël. Enfin Israël devrait essayer activement de f3ire entrer le Liban dans cette fédération, en déclarant entre-temps, sans ambages, que les forces israéliennes s,opposeraient à toute tentative égyptienne ou syrienne de subvertir le régime libanais. Si cette tentative se produisait (comme il serait prudent de s'y attendre), Israël considérerait le cessez-le-feu comme nul et non avenu. Cela signifierait en pratique que les forces israéliennes se porteraient sur Ja ligne du Litani, à titre de première précaution. CONDITIONS DE LA PAIX Mais la preuve véritable de la capaci t~ d'Israël d'établir et de maintenir une paix réelle consistera dans la façon dont seront traitées les populations dans les régions libé-- _rées. Certes, aucune tentative de subversio!1 ou de guérilla ne saurait être tolérée. Les spécialistes du meurtre doivent être détectés et jugés par des tribunaux militaires. Les éléments terroristes doivent être traités comme tels. Les gens qui, pour quelque raison que ce soit, ne veulent pas vivre sous régime israélien, doivent être autorisés à partir, et même assistés dans leur émigration. Mais les autres doivent être immédiatement incorporés à Israël, soumis aux lois israéliennes, intégrés dans l'économie israélienne, éduqués dans des institutions scolaires laïques d'Israël, communes à tous les citoyens (et non pas dans des écoles réservées aux minorités), afin qu'ils emploient l'hébreu en tant que langue nationale de la nation pour laquelle ils ont opté. Il ne faut pas répéter la faute de 1948 : les communautés non juives ne doivent pas être encouragées, ni même autorisées, à se développer en tant que minorités ethniques, car cela conduit nécessairement à la discrimination, malgré toutes les lois prévoyant théoriquement l'égalité parfaite. Cependant, et en dépit de tout, la minorité « arabe » d'Israël, quoique privée en pratique de tout espoir de véritable égalité, a démontré d'une façon remarquable sa loyauté au cours de la guerre de Six Jours. Cela ne veut pas dire qu,une administration militaire des territoires libérés n'est point indispensable tanL que les éléments hostiles ne sont pas éliminés. Mais entre-temps les restrictions doivent être atténuées peu à peu, jusqu,au jour de l'établissement d,un régime civil normal, avec égalité BibliotecaGino Bianco 369 complète devant la loi et unité véritable. 11 n'y a pas d'alternative, si Israël veut éviter de devoir toujours dépendre d'une aide étrangère. On pourrait objecter que cette façon de procéder n'est pas sans dangers ; mais vus de plus près, ces dangers n'existent que si l'on conçoit Israël comme un Etat « racialement » juif plutôt que nationalement hébreu. D'ailleurs, tout péril inhérent à l'existence d'une forte minorité .culturellement différente serait neutralisé par ce moyen éprouvé d'égalisation qu'est le service militaire. Bien entendu, ce dernier, parmi les minoritaires, ne devrait être au début que volontaire et sélectif. En n1ême temps, Israël devrait encourager l'immigration de tous éléments qui pourraier1t être utiles au pays - sans distinction de rel:- gion, d'origine, ou d'autres considérations étrangères au problème. L'appel devrait s'adresser avant tout à ceux qui ont quitté Israël et les régions avoisinantes au cours du siècle dernier pour émigrer au-delà des mers et qui n'ont pas perdu tout lien avec le pays de leurs ancêtres. De plus, Israël pourrait exploiter le fait qu'il est aujourd'hui l'un des rares pays capables d'attirer une jeunesse aventureuse : l'armée d'Israël devrait ouvrir ses rangs ~ux volontaires du monde entier ; ceux-ci deviendraient citoyens au terme de leur service militaire. La mesure la plus importante, toutefoi~, c'est d'encourager les familles nombreuses ; non plus, comme cela se produit aujourd'hui, parmi les « cas sociaux » à charge de la société, mais parmi la classe moyenne et les classes instruites. On peut s'attendre avec confiance à ce qu'en temps voulu les habitants de la Judée et de la Samarie, du Golan et de Gaza ne s'opposeront pas à faire partie d'un Israël égalitaire, national et laïque, dont la structure ne repo-• serait pas sur des communautés religieuses. En fait, dès maintenant, telle est l'aspiration d~ beaucoup de non-juifs en Israël. Quant à se débarrasser de la populatio~ non juive dans les régions libérées en « encou • rageant » son départ et en la remplaçant par des juifs venus du monde entier - ce qui est le programme de beaucoup de sionistes, - cela n'est qu'un mirage. Il a été amplement d~montré que les juifs ne viennent pas en nombre tant soit peu suffisant. Même les juif~ d'Algérie, lorsqu'ils ont eu à quitter leur pays, ont préféré s'installer en France, dans leur grande majorité. Après tout, la plupart des juifs ne sont ni des travailleurs non spécialis,, que l'on pourrait absorber pnr un processu:,

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