Le Contrat Social - anno XI - n. 6 - nov.-dic. 1967

368 . Troisièmement, Israël doit être véritablement neutre dans le conflit Est-Ouest : ses intérêts ne sont liés à aucune des deux parties, et il n'y a point de raison pour qu'Israël n'envisage pas, à l'exemple de l'Iran, d'accepter une aide, y compris une aide militaire, de la part de l'Est aussi bien que de l'Ouest, - à condition toutefois qu'aucune condition ne s'y attache. LIEUX S~4INTS ET CANAL DE SUEZ Toutefois, il y a deux problèmes concernant Israël qui touchent aussi le monde en général : les Lieux saints et le libre passage dans le canal de Suez. Le premier n'est international qu'en apparence. Les Lieux saints sont et resteront accessibles à tous les croyants aussi longtemps qu'ils seront administrés par des Israéliens appartenant aux communautés religieuses intéressées. Point n'est besoin de modifier le statut des Lieux saints en les internationalisant ou en les rendant extra-territoriaux - ce qu'ils n'ont jamais été. Le libre• passage dans le canal de Suez est un droit, internationalement garanti, de toutes les nations, donc aussi un droit qui appartient à Israël. Toutefois, pour Israël la question n'est pas de faire reconnaître ce droit, mais de l'appliquer en pratique. Le moyen le plu$ simple serait peut-être d'occuper les deux rives du canal. ÉGYPTE D·E NASSER ET SYRIE DU BAAS L'Egypte n'est pas un Etat essentiellement arabe, et Israël n'a point de différend ave.:: l'Egypte en tant qne telle : il n'y a pas de domaine où les vrais intérêts israéliens et les intérêts authentique1nent égyptiens soient en conflit. Mais le conflit est entre Israël et l'ennemi numéro un de l'Egypte elle-même, le régime de Nasser avec son panarabisme qui vise à la domination du « monde arabe » tout entier. Avec ce régime, aucun traité de paix ni aucun accord ne sont possibles ; les seules conditions imaginables de coexistence sont celles d'une suspension d'hostilité~, garantie par la présence permanente d'une garnison israélienne au Sinaï. (Un « écran >; de troupes de l'O.N.U., ou toute autre « présence » internationale, s'est révélé inefficace, et à la longue intolérable pour les deux parties.) La situation n'est pas très différente en ce qui concerne la Syrie et sa junte baassiste. Elle a fait preuve d'une hostilité irréductible BibliotecaGino Bianco LE CONTRAT SOCIAL à l'égard d'Israël, et de plus elle est si insta• ble qu'aucun traité conclu avec elle n'aurait la moindre valeur. Là aussi, la seule solution est celle d'un cessez-le-feu, qu'Israël n'est tenu de respecter qu'aussi longtemps que l'adversaire le respecte aussi. HUSSEIN LE HACHÉMITE Le cas du roi Hussein de Jordanie est entièrement différent. Il semble vouloir vivre en paix avec Israël, si toutefois il pouvait se débarrasser des liens qui restreignent sa liberté d'action. D'ailleurs, l'une des principales causes qui l'ont empêché jusqu'ici de faire la paix, à savoir la population de la « rive occidentale >~, est désormais sous la responsabilité d'Israël - sans .doute au soulagement secret de Hussein lui-même. De plus, la Jordanie n'a jamais pu exister qu'en s'appuyant sur une armée payée et équipée par les puissances occidentales ; et d'autre part, à la condition tacite, mais fondamentale, qu'Israël ne tolérerait aucune tentative de la part d'aucun Etat arabe pour renverser le régime existant en Jordanie. Un traité militaire et économique sincè~ement offert par Israël à la Jordanie serait dans l'intérêt bien compris des deux Etats ; car Israëi ne peut permettre à la longue la présence à ses frontières d'une armée à la solde de l'étranger. Mais tout cela ne concerne que la sécurité immédiate d'Israël. Les conditions d'une paix véritable exigent qu'on regarde plus loin - et plus près de chez soi. LA FÉDÉRATION DU LEVANT Israël fait partie essentiellement de sa propre région géographique, dont il partage le destin. Une paix durable n'est possible que sur la base d'une fédération israélo-druzo-libanaise, qui formerait le noyau d'une combinaison des tprces constructives dans cette partie du monde : elle seule pourrait mettre fin à l'hystérie de Damas et au cauchemar du panarabisme. Les forces israéliennes auraient pu facilement libérer la région druze de la Syrie · comme elles ont libéré le plateau du Golan. Si elles ne l'ont pas fait, c'est parce que les chefs poli~ques israéliens n'ont pas con;ipric: qu'il s'agit là de populations avec lesquelles Israël est destiné à vivre pour toujours. Il faut espérer que la réalité elle-même induira un jour les gens du Djebel Druze à faire appel à Israël. D'autre part, les opérations dans le Nord ont tourné court également en ce sens •

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