Le Contrat Social - anno XI - n. 6 - nov.-dic. 1967

QUELQUES LIVRES Après juin YoNATHANRATOSH: 1967 - Et ensuite? (en hébreu). Tel-Aviv 1967, Ed. Hermon, 124 pp. Au Proche-Orient méditerranéen, au début de juin dernier, une « guerre de Six Jours » ayant mis en déroute les armées conjointes de l'Egypte, de la Syrie et de la Jordanie plus ou moins soutenues par des forces venues de l'Irak et de l'Algérie, il s'ensuit dans les pays qui se mêlent de ce qui ne les regarde pas des controverses interminables sur les voies et moyens d'établir une paix réelle et durable dans ces régions que l'immixtion soviéto-communiste vient de mettre et menace encore de mette à feu et à sang. Bien que l'obstruction du canal de Suez décrétée par le matamore hitléroïde du Caire en désespoir de cause n'intéresse pas seulement les riverains de cette grande voie de communication internationale, il importe surtout de connaître les vues des principaux intéressés eux-mêmes, donc des Israéliens, créateurs de la nation hébraïque en devenir, intéressés au premier chef puisqu'il n'est question que de leur mort dans ce chapitre d'histoire. Alors que toutes sortes de thèses officielles ou officieuses auxquelles font cortège de multiples gloses partisanes de tous bords emplissent les colonnes de la presse, un petit livre paru récemment à Tel-Aviv en hébreu expose des vues et préconise une conception d'ensemble qui, à notre connaissance, n'ont pas trouvé jusqu'à présent leur expression en Occident où il semblerait pourtant _que tout ait été dit, et plusieurs fois plutôt qu'une. L'article ci-après d'un collaborateur de longue date analyse et résume les idées de M. Yonathan Ratosh à l'intention des lecteurs qui tiennent à s'instruire davantage en la matière, mais qui n'ont pas l'heur de savoir la langue des Ecritures. Il ne s'agit pas là uniquement du destin d'Israël, car les entreprises de l'impérialisme soviétique allié au panarabisme pour occuper les deux issues de la mer Rouge sont à présent d'une évidence indéniable. M. YoNATHANRATOSH n'est pas un nouveau venu sur la scène politique israélienne, quoique dernièrement il s'en soit tenu surtout à la poésie, aux traductions littéraires et à la Biblioteca Gino Bia'nco linguistique hébraïque. Dans les années 30, Yonathan Ratosh avait été peut-être le premier à affirmer publiquement qu'un État hébreu indépendant ne pouvait surgir qu'en expulsant les occupants britanniques et leur régime dit « mandataire ». Dans les années 40, Ratosh fonda le mouvement Jeune Hébreu, connu plus généralement sous le nom de « les Cananéens », car ces jeunes gens cherchaient leur inspiration dans l'ancienne civilisation méditerranéenne indigène au Levant, plutôt que dans le judaïsme. Leur façon de voir a influencé des milieux bien plus étendus qu'on ne le pense communément. Dans 1967 - Et ensuite? Ratosh tâche de définir les méthodes par lesquelles l'État d'Israël pourrait transformer la victoire de son armée et de son peuple en une paix véritable, au lieu de semer les germes de nouvelles guerres, point nécessairement victorieuses - ainsi que semble le faire son gouvernement. GUERRE LOCALE, PAIX LOCALE Premièrement, il faut bien se rendre compte que la guerre des Six Jours, malgré tous les facteurs internationaux qui l'influencèrent, n'a pas affecté et n'affecte pas la question de la paix mondiale. Par conséquent, Israël doit établir sa propre paix, une paix locale, dans les conditions qui lui sont propres et qui sont strictement locales, sans permettre aucune ingérence ni médiation étrangères. Deuxièmement, il devrait être parfaitement clair que les présentes frontières sont permanentes et ne peuvent faire l'objet d'aucun marchandage. Ainsi que l'enseigne l'histoire, on ne négocie pas, on se bat pour des frontières ; et une paix fondée sur des frontières dépourvues de sécurité n'est qu'un chiffon de . papier.

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==