M. KO VALEVSKI l'économie politique de la bourgeoisie s'est trouvée vaincue par l'économie politique des classes laborieuses. » Le premier congrès de l'Association internationale des travailleurs fut convoqué à Genève le 3 septembre 1866. Marx, occupé par la préparation du premier tome du Capital, ne pouvait s'absenter de Londres. Dans une lettre à Kugelmann où il expliquait les raisons de son absence, il écrivit notamment : Je considère que le travail que je prépare actuellement est plus important pour la classe ouvrière que tout ce que je pourrais faire à un congrès, quel qu'il soit. L'absence de Marx fut mise à profit par ses adversaires de principe. Un profond désaccord opposa les délégués des pays romans et les Allemands sur la question du travail des femmes et des enfants. Les Allemands voulaient simplement qu'il soit réglementé, tandis que les autre_s ne voulaient même pas entendre parler de la possibilité, pour les femmes et les enfants, de quitter le foyer familial. Cette divergence ne fit que s'aggraver aux congrès suivants. Bakounine réussit à rassembler autour de lui un groupe de délégués qui se donnaient ouvertement pour tâche de faire campagne contre l'existence même de l'Etat et du pouvoir d'Etat. La scission éclata dans toute sa force au congrès de La Haye. Les attaques des bakouninistes contre le Conseil général de l'Internationale visaient surtout Marx. Elles furent repoussées. Le Congrès adopta la résolution suivante : dans leur lutte pour leur libération, les travailleurs doivent s'unir pour former un parti politique, et rompre avec tous les anciens partis ; jusqu'à présent, la concentration des forces s'est manifestée uniquement dans la lutte économique ; il faut maintenant qu'elle se manifeste aussi dans la lutte contre l'influence politique des propriétaires fonciers et des capitalistes. Le conflit se termina par l'exclusion de l'Internationale de Bakounine et de ses partisans, qui créèrent alors leur propre union, l'Alliance de la démocratie socialiste, et par le transfert de la direction centrale de l'Internationale à New York. Marx soutint cette proposition, tout en conservant l'espoir que des temps meilleurs viendraient bientôt et que l'Internationale aurait encore à jouer un rôle dirigeant dans les questions ouvrières du Vieux Monde. On peut dire que c'est à cette époque que Marx quitta la direction du mouvement ouvrier Biblioteca Gino Bianco 359 international. Il demeura en relation, cependant, avec les leaders du prolétariat allemand, et il continua à polémiser avec ardeur contre ses adversaires politiques et idéologiques. Utilisant des documents que lui avait fournis Nikolaï Outine, il écrivit avec Engels 3 un violent réquisitoire contre l'organisation de la jeunesse anarchiste des pays romans dans l'Alliance de la démocratie socialiste de Bakounine. Bien que le parti de Bakounine comptât quelques personnalités éminentes, comme Elisée Reclus, l'émigré français James Guillaume et notre compatriote P. Kropotkine, il était surtout dominé par la jeunesse intellectuelle révolutionnaire des péninsules Apennine et Ibérique, dont les liens avec le mouvement ouvrier étaient plutôt d'ordre idéal que matériel. Marx ne laissait pas non plus sans réplique les attaques lancées contre lui, du camp des socialistes, par des écrivains tels que Dühring, par exemple. La fameuse brochure d'Engels, M. Eugen Dühring bouleverse la science, « par un privat-dozent berlinois », a été sans aucun doute inspirée par Marx, dont elle reflète les vues. J'AI FAIT la connaissance de l'auteur du Capital au plus fort de cette polémique contre les bakouninistes et Dühring. Dès notre première rencontre, Marx me donna les deux brochures. De mes mains, elles sont pas- ~es dans celles du professeur Sieber, qui les utilisa pour une série d'articles publiés en partie dans le Messager juridique et, plus tard, dans la Revue critique que je dirigeais à Moscou, puis en partie dans les Annales de la patrie. Je dois d'avoir fait la connaissance de Marx à l'homme qui sauva la vie de son gendre, Charles Longuet, membre de la Commune de Paris. J'avais été recommandé par l'un des deux auteurs d'un récit de l'insurrection, intitulé La Révolution du 18 marr. Malgré cette recommandation, Marx, dans les premiers temps, fit preuve à mon égard d'une grande méfiance, tant il était prévenu contre les Russes depuis ce qu'il appelait la trahison de Bakounine. Nos premières conversations portèrent principalement sur la conduite de son ancien ami, qu'il avait lui-même introduit dans les cercles de l'émigration internationale à Londres et qui avait eu un moment l'intention de traduire en russe le premier tome du Capital. Cette tâche, comme on sait, fut 3. Et Paul Lafargue. - N.d.l.R.
RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==