L 'Expérience communiste LE « HÉROS POSITIF » EN U.R.S.S. par E. MALGRÉ les moyens mis en œuvre, l'effort que depuis tant d'années le Parti fait pour éduquer le citoyen de !'U.R.S.S. afin de le transformer en un « ho_mmesoviétique » nouveau, édificateur passionné de la société communiste idéale, ne donne que des résultats insignifiants. La presse soviétique nous apporte presque quotidiennement des preuves de cet échec. Le pouvoir s'avère incapable d'améliorer d'une façon substantielle les conditions de vie de la population. Les multiples difficultés de chaque jour sapent le moral des citoyens et les frustrations répétées dans le domaine des biens de consommation ne font qu'exacerber le souci du bien-être personnel et l'esprit « petit-bourgeois » dans les masses. Constamment brimés par la réalité, les gens sont devenus indifférents aux slogans du Parti. Tel est le sens, par exemple, de l'appel lancé par Démitchev, secrétaire du Comité central du Parti, à ses électeurs moscovites : Les tâches grandioses qui nous sont imposées par les décisions du :XXIIJe Congrès du Parti inspirent l'enthousiasme à tout citoyen auquel sont chers les idéaux du communisme et nos rêves d'avenir. Pour aujourd'hui, l'essentiel est d'intensifier le labeur et la discipline du travail, la conscience et la responsabilité personnelles, l'esprit d'équipe des citoyens soviétiques. Tout dépend d'eux (Pravda, 29-5-66). Ces appels, invariablement les mêmes depuis un demi-siècle, ne sont plus en mesure de susciter le moindre enthousiasme. La propagande qui glorifie bruyamment des succès techniques, certes brillants et indiscutables, mais sans répercussion directe sur la vie quotidienne, qui s'efforce de convaincre les travailleurs que les progrès économiques et sociaux sont constants, est devenue inopérante Biblioteca Gino Bianco Delimars par son contraste navrant avec la réalité ambiante. La contradiction est ressentie surtout par les jeunes. Les dirigeants eux-mêmes reconnaissent depuis quelque temps l'échec flagrant en matière d'éducation, et ses effets désastreux sur le plan économique et moral. L'optimisme officiel de l'ère stalinienne et du temps de Khrouchtchev n'est plus de mise. Le même Démitchev avoue : Il existe encore malheureusement chez nous des gens qui violent la discipline du travail et commettent toutes sortes d'autres délits antisociaux. On entend aujourd'hui partout dans notre pays des voix qui réclament de plus en plus haut l'intensification et le durcissement de la lutte contre les phénomènes antisociaux. Cette lutte est l'affaire de la société tout entière et non pas seulement des services de l'Etat. Il ne s'agit pas, camarades, d'une campagne de courte durée, provoquée par quelques événements exceptionnels. La lutte contre les phénomènes négatifs doit être intimement liée à l'ensemble de notre travail éducatif, à la lutte pour élever la conscience et améliorer, dans la vie quotidienne, les rapports mutuels entre les citoyens. La conduite relâchée, la voyouterie, l'ivrognerie, la grossièreté et autres façons antisociales d'agir deviennent de plus en plus intolérables. La lutte doit être intensifiée sans aucun répit. Plus haut est le niveau culturel du peuple, plus énergique est sa réaction contre toutes les manifestations de mœurs qui lui répugnent. Les sociologues se permettent à présent, eux aussi, de mentionner ouvertement les éléments qui rendent intolérable la réalité quotidienne en U.R.S.S. : La nouvelle société est encore contaminée par les « survivances du passé », c'est-à-dire par les phénomènes de la conscience et du comportement étrangers à la nature du socialisme, tels que le sentiment religieux, les vestiges de l'idéologie, de la psychologie et de la morale bourgeoises, les traditions périmées, etc. Elle veut se débarrasser de ce lourd héritage. Mais le processus d'élimination de ces phénomènes traîne en
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