126 nion publique, agissant sous divers camouflages pour le compte de Moscou et de Pékin. Dans le XXe Siècle de février, M. André Voisin n'a eu que trop raison de dénoncer« ce système dit de la conscience universelle», cette « mécanique internationale· qui, bien mise au point, tourne quand il le faut et toujours à sens unique», qui,« avec un cynisme incroyable, se rit des sentiments les plus nobles, des vertus les plus pures et les exploite à ses fins», pour conclure comme nous : « Jamais on ne dénoncera cette pourriture intellectuelle et morale avec assez de vigueur. » Le président Johnson, adressant au Congrès des Etats-Unis son message annuel sur l'état de l'Union, en janvier, répondait en ces termes aux défaitistes qui veulent livrer le Sud-Vietnam aux communistes : « Nous avons choisi de rester, parce qu'en Asie et à travers le monde, il y a des pays dont la liberté ne repose que sur leur confiance en la protection américaine. Reculer, au Vietnam, devant la violence, affaiblirait cette confiance, compromettrait la liberté de nombreux pays et exciterait l'appétit des agresseurs. Nous serions obligés d'intervenir dans un pays après l'autre ou d'abandonner à la domination communiste une grande partie de l'Asie. Et nous n'avons pas l'intention d'accepter l'asservissement de l'Asie. » Ce langage correspond exactement à celui que tenait le général de Lattre de Tassigny en septembre 1951 et que M. François-Poncet, seul en France dans la presse quotidienne à dire la vérité sur la guerre du Vietnam, rappelle dans le Figaro du 18 janvier : « La guerre déclenchée par le Viet-Minh n'a pas pour but réel l'indépendance, mais l'instauration du communisme; elle ne cherche qu'à asservir l'Indochine à la pire des dominations. Le masque du nationalisme a servi à duper beaucoup de Vietnamiens, de Français, d'Américains ( -~·). La perte du Sud-Est asiatique signifierait la mise à la disposition du communisme de matières premières stratégiques essentielles. Perdre l'Indochine, c'est perdre l'Asie entière. » Aucun zélateur du défaitisme ·occidental n'a tenté de réfuter ces paroles du général de Lattre ni l'approbation qu'en donne M. François-Poncet dans son commentaire. Les éditoriaux et d'autres rubriques du New York Times ne cessent de verser leur encre au moulin de la propagande communiste. Un numéro entier de la présente revue ne suffirait pas à en rendre compte. A titre d'exemples, citons d'abord l'article de M. Sulzberger (3 janvier) qui tend à accréditer les rodomontades chinoises et la sagesse soviétique, à certifier une communauté d'intérêts entre Moscou et Washington. Puis l'éditorial du 7 janvier, selon lequel« il y a deux raisons majeures d'espérer que la mission soviétique à Hanoï peut faire avancer la cause des négociations au Vietnam », mais tissé d'affirmations creuses que les lendemains démentent. Ensuite un autre article de M. SulzBibliotecaGino Bianco LE CONTRAT SOCIAL berger (17 janvier) qui définit les relations soviéto-américaines comme une alliance « tacite», impliquant une« harmonie implicite d'intentions», encore que les deux pays soient ennemis sans être en guerre ouverte. Peu après, un éditorial du 4 février s'intitule « Vers la paix au Vietnam » sous prétexte que le Vietnam figure incidemment à l'ordre du jour des Nations Unies. Un autre éditorial, le 19 février, exploite les propos inconsidérés des_plus notables politiciens et militaires à Washington pour conclure à l'impossibilité comme à l'inanité d'une victoire américaine au Vietnam. Singulière façon de conforter le moral d'un pays en guerre. L'idée de connivence tacite entre les bons communistes russes et les Américains contre les méchants communistes chinois est particulièrement chère au New York Times, qui influence toute la presse, notamment en France par l'in- ,, termédiaire du Monde (sous cette réserve que le Monde ne trouve pas que ceux de Chine soient plus méchants que d'autres). M. McNamara, secrétaire à la Défense, révélait le 21 janvier que les Etats-Unis ont perdu en deux ans plus de 400 avions et hélicoptères au Vietnam, abattus par des projectiles soviétiques, non par les criailleries chinoises; mais selon l'argument du Times new-yorkais, ces projectiles sont préférables aux chinoiseries impuissantes. Si les deux mille et quelques Américains tués au Vietnam (chiffre officiel publié le 11 février) pouvaient se prononcer, ils seraient sans doute d'un autre avis, mais qui se préoccupe vraiment des victimes ? Certainement pas les stratèges en chambre appelés à « témoigner» (expression plus que bizarre) devant la commission des Affaires étrangères du Sénat de Washington. En toute justice, on doit une mention spéciale à M. Sulzberger pour son article exceptionnel du 25 février qui malmène les « pundits » de l'espèce George Kennan, Walter Lippmann et Robert Kennedy, les « knownothing » et les « know-it-all », les sénateurs bavards et les publicistes incontinents qui prodiguent leurs encouragements reno_uvelés à Pékirt et à Hanoï. Il reconnaît que l'engagement militaire au Vietnam est sur la bonne voie du succès, mais pense que la bataille politique à Washington décèle « des signes inquiétants de désastre». Il répète ce qu'a dit le général Maxwell Taylor : « La France a perdu l'Indochine à Paris, non à Dien-BienPhu », nonobstant une réplique « insincère» de Mendès-France, et« les Etats-Unis peuvent perdre leur propre campagne d'Indochine à Washington ». Il incite. George Kennan à plus de modestie en lui rappelant ses lourdes bévues d'un récent passé, avant de s'en prendre à Walter Lippmann dont il cite une apologie d'Hitler en date du 19 mai 1933, écrite après un discours du Führer : « Nous avons entendu
RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==