LE CONTRAT SOCIAL une fois de plus, à travers le brouillard et le tumulte, l'exaltation et la passion animale d'une grande révolution, la voix authentique d'un peuple réellement civilisé. Non seulement je veux le croire, mais il me semble que toute l'e~périence historique oblige chacun à le cro1re. » Ayant moqué une « prescience aussi lucideet rassurante», M. Sulzberger ne se gêne pas de remarquer que Lippinann « connaît. peu l'Asie et pas du tout le Vietnam», ce qui le qualifie vraiment pour pontifier hors de propos, entre autres quand il semble conseiller de laisser tomber la péninsule du Sud-Est asiatique sous la suzeraineté chinoise, avec les conséqu~nces que l'on devine pour l' Indonésie et la menace qui s'ensuivrait pour l'Australie et les Philippines. Ce sont ensuite deux sénateurs abusifs qui reçoivent leur paquet : un nommé Gruening dont les suggestions « nous feraient certainement singer le désastre de la France en Indochine jusque dans le détail», et Robert Kennedy dont la proposition d'inclure les communistes dans le gouvernement de Saïgon lui vaut cette observation qu'il n'a pas volée : « Il serait plus honnête de suggérer l'abandon du Vietnam sans même se soucier de négocier.>> Comme s'il voulait racheter d'un seul coup ses articles précédents, M. Sulzberger termine en ces termes : « Ce qui émerge jusqu'à présent de notre grand débat est un doute profond sur nous-mêmes et une ignorance profonde sur le monde que nous habitons. D'élégantes platitudes fondées sur un mythe, c'est ce que nous offrons au Président en guise de politique. Il y a un vieil adage chinois : " Si vous vous connaissez et si vous connaissez votre ennemi, vous gagnerez cent fois dans cent batailles. " Nous ne nous connaissons pas très bien nousmêmes et il est douteux que nous connaissions notre ennemi le moins du monde. » Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que de fallacieux« sondages d'opinion» aux EtatsUnis donnent des résultats burlesques comme celui qu'annonce un gros titre du Figaro le 16 mars : « 88 % des Américains en faveur de négociations avec le Vietcong », suivi de cette réserve en petites lettres : « si celui-ci accepte de s'y prêter». Comme le Vietcong pose la condition préalable que les Américains commencent par déguerpir, à quoi rime ce « sondage effectué par sept sociologues » de Stanford (lesquels?) qui auraient interrogé 1.474 personnes (où? quand? comment?) en formulant des questions absurdes? A supposer que ces 1.474 personnes existassent, on aimerait savoir leur réponse à une question ainsi posée : « Les Etats-Unis doivent-ils s'avouer vaincus par le Vietcong et le laisser perpétrer d'épouvantables massacres au Sud-Vietnam devenu base de départ pour la conquête communiste de tout le Sud-Est asiatique?» BibliotecaGino Bianco 127 _Un sondage aussi suspect que celui dont le Figaro fait état, (et aussi le Monde, et sans doute bien d'autres journaux) n'a pas plus de valeur que l'avis des 198 « experts » qui, le 20 mars, ont pressé !'Oncle Sam de s'aplatir devant l\1ao Tsé-toung; parmi eux figure en vedet~e un professeur John King Fairbank, complice avéré des communistes et compagnons de route del' lnstilule of Pacifie Relations dont les méfaits ont défrayé la chronique quand le State Department, en 1949, publia son livre blanc sur les Relations des Etals-Unis avec la Chine. A l'époque, les commentateurs de Washington les plus conformistes et optimistes durent admettre que, sous l'influence de tels ·« experts», leur pays avait essuyé en Chine un désastre sans précédent, le succès des communistes étant à proportion et même davantage. On n'ose croire que les Américains responsables du destin de notre civilisation se laissent encore abuser par les fauteurs de désastres. Un comble LES COMMUNISTEnS'ont jamais pris le pouvoir sous le drapeau du communisme. En Russie le coup d'Etat d'Octobre s'accomplit en promettant la paix à tous, la terre aux paysans et la convocation d'une Assemblée constituante. On sait ce qu'il en advint. En Chine, le pays fut conquis par une campagne militaire. En Europe centrale et orientale, ce sont les années soviétiques qui imposèrent les changements de régime. Nulle part, un peuple ne s'est prononcé librement pour le programme communiste. Incapables de poursuivre leurs conquêtes à moins de circonstances catastrophiques, les séquelles de Staline ont admis bourgeoise1nent que« l'on prend plus de mouches au miel qu'au vinaigre» et ils mettent en œuvre de nouveaux moyens pour arriver à leurs fins. En France et en Italie, notamment, ils s'affublent du masque de la démocratie, du libéralisme, de la tolérance. Et les résultats dépassent leurs espoirs, les mouches bourgeoises pullulent aulour du miel communiste. Déjà les pires crin1inels de guerre et de paix tiennent le haut du pavé politique, social et mondain, cependant qu'il paraît anachronique, voire intempestif, d'évoquer le sort de leurs victimes. Les scènes les plus scandaleuses peuvent désorn1ais se jouer impunément sur la place pu-· blique sans que réagissent les auditoires n1is en condition par la presse complaisante aux in1postures qui font 1narcher ses afTaires. C'est ainsi qu'un bateleur déshonoré de longue date a eu l'indécence de poser au défenseur de la justice, le 16 février dernier, à propos de la condan1na tion inique de deux écrivains ru es à Moscou, tout en redoublant de servilité à l'égard du régime slalino-soviéliqu . Il s'agit du si ur
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