116 plus haut point à !'U.R.S.S. en diminuant le potentiel de production de l'Etat. Dans de nombreuses localités, les autorités ont déconseillé le retour en Pologne. La nouvelle direction du Parti ouvrier polonais, avec Gomulka à sa tête, comprit qu'elle devait satisfaire les exigences du peuple unanime. La radio officielle diffusa, le 14 décembre 1956, cette information rassurante : « Le nombre de rapatriés <l'Union soviétique a considérablement augmenté ces dernières semaines. » Les paroles et les faits LA Zycie Warszawy écrivit le 5 janvier 1.957 : Le rapatriement des prisonniers doit encore faire l'objet d'un examen par le Soviet suprême de !'U.R.S.S., examen lié à la conclusion d'une convention particulière qui doit être signée très prochainement. Enfin, le 25 mars 1957, le Soviet suprême de !'U.R.S.S. ratifia la convention polono-so~étique sur le rapatriement, qui accordait le droit de retour à tous les citoyens ayant possédé la nationalité polonaise en septembre 1939. L'application de la convention était confiée à trois organismes : le ministère des Affaires étrangères en la personne d'un délégué aux rapatriés, la Croix-Rouge polonaise, le Comité polonais d'aide aux rapatriés. Deux missions étaient confiées à la Croix-Rouge : rechercher les candidats éventuels au rapatriement et leur faciliter l'accomplissement des formalités, puis organiser des convois. Dans quelles conditions ce travail fut-il accompli ? Il le fut malheureusement par l'intermédiaire de l'administration soviétique, aussi bien au centre qu'à l'échelon local, d'où d'innombrables difficultés. Les fonctionnaires, de toute évidence peu favorables au rapatriement, opposèrent des obstacles partout où ils le purent. En outre, la convention sur le rapatriement ne fut pas portée à la connaissance de tous les Polonais, bien qu'elle ait été publiée dans la presse soviétique. Des demandes de rapatriement restèrent sans réponse, en particulier celles formulées par les jeunes. Une propagande très nette fut mise en œuvre contre le retour des Polonais dans leur pays, ainsi que le racontèrent de nombreux réfugiés arrivés de Biélorussie : Les représentants de l'administration locale mettaient en garde contre la· situation en Pologne ceux qui manifestaient leur volonté de partir : « Là-bas aussi, disaient-ils, il y a des kolkhozes où il faut travailler, même si les journaux polonais n'en parlent pas. Après la guerre, la vie a été difficile en Biélorussie, mais maintenant, tout va de mieux en mieux. » On alla même jusqu'à prétendre que la Voix de la, Pologne libre avait pris position contre le rapatrie-~ ment. , Biblioteca Gino B·ianco L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE Qui a pu profiter du rapatriement effectué dans de pareilles conditions ? Tout d'abord, les Polonais d'au-delà du Boug, qui s'étaient trouvés à l'intérieur des frontières de !'U.R.S.S. après que celle-ci eut annexé les territoires orientaux de la République, et qui vivaient dans la partie européenne de la Russie. On savait à l'avance que seul un pourcentage minime de Polonais déportés en Sibérie pendant et après la guerre rentreraient dans leur pays en vertu de la convention. Dès le début, nous avons attiré l'attention sur ce fait. Nous avons également signalé qu'au moment de l'application de la convention, il n'y avait presque plus de .citoyens polonais, mais beaucoup de « citoyens soviétiques d'origine polonaise ». C'était la porte ouverte à de nombreux abus et à une interprétation arbitraire de la notion de citoyenneté polonaise. Notre opinion fut partagée par les organismes ,. communistes chargés du rapatriement. Le bureau du délégué du gouvernement polonais aux rapatriés à Moscou ne cacha pas que ses possibilités d'intervention étaient fort limitées. Chaque demande de restitution de la nationalité polonaise était examinée indivi• duellement, et personne n'était en mesure de prévoir la décision du ministère de l'Intérieur . , . sov1et1que. Combien en· reste-t-il ? EN QUELS TERMES la Croix-Rouge polonaise a-t-elle évalué les résultats de son action ? A la fin de la période couverte par l'accord, en mars 1959, 15 % à peine des rapatriés venaient de Russie même ou de Sibérie. Les autres étaient tous des Polonais de la région du Boug. La ·plupart devaient leur salut au hasard, comme le montre l'exemple d'un convoi ·de prisonniers du camp de Kalouga : Sans doute par manque d'informations pré~ cises, les autorités locales se conformèrent au principe du rapatriement et mirent en route un convoi de 2.500 personnes. L'arrivée à Brest-Litovsk fit sensation. Aucun de ceux qui y assistèrent n'avait vu de sa vie pareil rassemblement de misérables en haillons, de malades, d'hommes épuisés, affamés et à moitié sauvages. Avant d'indiquer combien de déportés sont rentrés, et combien sont demeurés en Russie à la fin 'de la période de rapatriement, examinons le bilan des statistiques officielles : Le Przeglad Kulturalny de mars 1959 a publié un article de Bohdan Czeszko : « Les résultats du rapatriement ». Selon l'auteur,
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