114 dans 37 pays. Des réunions se tinrent partout, et la presse de langue polonaise reproduisit les listes que nous avions diffusées:Simultanément, aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en France, en Allemagne, en Italie, des articles sur la situation des Polonais parurent dans la presse du monde libre. Le rapatriement SURPRISpar l'importance de cette campagne, les autorités communistes de Pologne gardèrent, au début, le silence le plus complet. Enfin, trois mois après la première émission de RadioEurope libre annonçant l'action en faveur des Polonais de Russie, le 3 octobre, Radio-Varsovie répondit : Ces derniers mois, un certain nombre de Polonais sont arrivés de Russie. Il s'agit d'hommes qui, ou bien étaient restés en U.R.S.S. après la guerre, ou bien y avaient été déportés à la suite de leurs crimes, et qui viennent d'être libérés avant expiration de leur peine. Quelques semaines plus tard, la même station ajoutait : Il y a plusieurs mois a commencé le _rapatriement des Polonais des territoires de l'Union soviétique. Nous sommes persuadés que leur nombre ira grandissant dans les jours à venir. Combien ce « rapatriement » concernait-il de gens, Radio-Varsovie ne le précisait pas. Elle n'explicitait pas davantage la formule vague selon laquelle « leur nombre ira grandissant dans les jours à venir ». On apprit par la suite que dès 1945, les gouvernements polonais et soviétique ont fixé, à plusieurs reprises, des dates pour le retour des Polonais. En vertu de ces accords, des centaines de milliers de personnes sont venues peupler les terres reconquises à l'Ouest du pays. Mais beaucoup laissèrent passer les délais prévus sans profiter ·des possibilités de retour en Pologne, bien que le gouvernement polonais ait demandé, et chaque fois obtenu, des prolongations. Bref, selon Radio-Varsovie, les gouvernements polonais et soviétique avaient fixé, à plusieurs reprises, des délais de rapatriement ignorés de tous, et ceux qui n'étaient pas revenus n'avaient qu'à s'en prendre à eux- " memes. Radio-Varsovie diffusait également des déclarations destinées à répondre à notre campagne exigeant la libération immédiate d~s Polonais retenus en Russie : Nous sqmmes persuadés qu'avec le développement de la situation génér.ale, ce genre de propagande mourra de sa be1le mort, sans jamais influencer les . . . BibliotecaGino Bianco L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE dééisions des Polonais, aussi bien à l'Est qu'à l'Ouest. Les agitateurs de l'émigration en Occident font du retour des Polonais d'U.R.S.S. le critère de la sinèérité de notre action pour le rapatriement en général. Mais voici que les Polonais reviennent <l'Union soviétique, et continueront de revenir. Les autorités ne donnaient aucune réponse quant au nombre de pe_rsonnes qui rentraient ou qui rentreraient. C'est seulement de décembre 1955 à mars 1956 que la radio polonaise donna des nouvelles sur le retour de nos compatriotes par petits groupes. . Le 15 février 1956, Jozef Mieszkowski, l'un de ceux qui, de retour en Pologne, passèrent au service du -régime, parla d'une amnistie soviétique, proclamée, selon lui, le 22 août 1955 : Nous sommes tous revenus en vertu d'un décret du Soviet suprême de !'U.R.S.S. remettant aux autorités polonaises les citoyens polonais vivant en " Union soviétique. Pourquoi les autorités communistes de Varsovie avaient-elles retardé pendant de si longs mois la publication de ce décret ? Elles espéraient sûrement que notre campagne ne durerait guère, qu'ellè « mourrait de sa belle mort » sans avoir rencontré d'écho, aussi bien en Pologne que dans le monde libre. Cet espoir fut vain. L'action entreprise pour la libération des Polonais de Russie ne. faiblit pas et, malgré l'interdiction gouvernementale, toutes nos informations furent captées et diffusées dans le pays. Car des milliers de citoyens de la République populaire étaient sans nouvelles de leurs parents ou de leurs amis déportés en Russie. On nous adressait des questions : « Sont-ils à Norylsk, en Sibérie septentrionale, au-delà du cercle polaire ? Peut-être à Vorkouta, ou dans la République des Komi, à trois cents kilomètres au nord-ouest de Vorkouta ? Ou bien à Sverdlovsk ou à Karaganda ? » Jamais les Polonais n'avaient considéré la carte de !'U.R.S.S. avec tant d'inquiétude êt d'intérêt que pendant les premiers mois de 1956. Cette carte était constellée de camps où les innombrables victimes des déportations ordonnées par Staline travaillaient et mourraient dans les pires conditions. L'émotion grandit en Pologne LE c~oc fut durement ressenti en Pologne. L'opposition au régime inféodé à Moscou croissait de jour en jour. Les ouvriers de Poznan descendirent dans la rue en juin pour exiger du pain et des libertés politiques. La Trybuna Ludu annonça alors qu'à la suite des appels
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