T. KATELBACH et les prisons. Ils indiquèrent leurs noms, leurs prénoms, leur âge, leur dernier lieu de séjour connu, parfois leur signalement et leur profession. C'est ce moment ·(l'été de 1955) que choisirent les autorités de Varsovie pour lancer une grande campagne pour le retour des Polonais ... d'Occident. L'argent afflua pour la propagande. On publia des revues destinées aux émigrés, on fonda des organisations spécialisées. Une station de radio, « le Pays », fut créée. Elle inaugura ses émissions par un grand manifeste adressé à l'émigration. Simultanément, les dignitaires du régime d'alors multipliaient les invitations au retour. Boleslaw Bierut déclarait : Tous ceux qui éprouvent une nostalgie pour leur terre natale, tous ceux qui désirent peuvent tranquillement, et sans la moindre revenir dans leur pays. . ' s1ncere rentrer, crainte, Le vice-président du Conseil, Zénon Nowak, qui occupe aujourd'hui encore le même poste, affirmait : La place des Polonais en émigration est dans leur pays, à côté de leurs familles, et non sur une terre étrangère. Le vice-ministre de la Défense, le général Casimir Witaszewski, actuellement directeur de la section administrative du Comité central du Parti, proclamait : La Pologne aime tous ses enfants, comme une mère. La place de chaque Polonais honnête est dans son pays. Radio-Europe libre répondit par une campagne pour le retour des Polonais de Russie. Celle-ci commença par un discours de Jan Nowak, diffusé le 31 juillet 1955 : Voici quelques semaines, des images de Vienne sont passées sur les écrans des salles de cinéma : le retour des prisonniers autrichiens de Russie soviétique. Quelle amertume dans notre cœur, lorsque nous pensons aux milliers, aux dizaines de milliers de nos hommes qui, dix ans après la guerre, périssent encore dans des camps disséminés par toute la ~ussie. Des Allemands, des Autrichiens, des Italiens reviennent, tous anciens soldats de l'armée ennemie et vaincue. Mais les Polonais restent au çœur de la Russie, car personne ne se souvient d'eux. A l'heure où les communistes mettent en œuvre une intense propagande pour attirer les ressortissants polonais de l'Occident, notre radio décide de rassembler et de diffuser toutes les informations concernant les Polonais déportés. Nous lançons notre S.O.S. à toute la presse libre. Nous exigeons le retour des Polonais des prisons et des camps soviétiques. Ils souffrent et meurent pour un seul crime : avoir lutté pour l'indépendance ! La radio et l'émigration A LA SUITE de cette déclaration, Radio-Europe libre diffusa des programmes consacrés à nos compatriotes en captivité en U.R.S.S. Dans Biblioteca Gino Bianco 113 la seule période du 31 juillet 19 55 au 12 mars 1956, 45 émissions furent transmises. En tout, 630 minutes. Chaque émission était précédée de la déclaration suivante : Les premiers à devoir rentrer sont les Polonais de Russie. Nous diffusons aujourd'hui une liste supplémentaire des noms de prisonniers polonais dont la _présence a été constatée dans des camps soviétiques en 1955. Nous vous indiquons les noms des camps où sont signalés des Polonais. Nous tenons nos informations de gens revenus en Occident des prisons soviétiques. Les annonceurs de Radio-Europe libre, jour après jour, lurent des listes de Polonais déportés. Exemples parmi d'autres : Walenty Kucharski, Walenty Kucharski, trente ans, né à Sosnowiec, lieutenant de l'armée polonaise, déporté à Vorkouta après la guerre. Mine n° 29. Docteur Raube, cinquante-cinq ans, soldat de l'armée de la Résistance. Travaillait après la guerre à l'hôpital du camp de Sangorodok, à quelques kilomètres de Vorkouta. Stefan Szymanski, vingt-six ans, de Lwow, arrêté après la guerre, en 1945, à l'âge de seize ans. Szymanski est resté au camp n° 3, boîte postale 5110/36, région de Vorkouta. « Les premiers à devoir rentrer sont les Polonais de Russie. » Cet appel souleva immédiatement toute l'émigration polonaise du monde libre. La presse polonaise de l'Occident publia des lettres de Polonais de Russie, qui furent lues à notre radio. Le Dziennik Polski de Londres écrivait en octobre 19 55 : C'est à l'émigration de prendre la défense de nos compatriotes victimes de l'impérialisme soviétique. Telle fut l'idée directrice du grand meeting du St. Pancras Hall. Le général Bor-Komorowski y déclara : Alors que les prisonniers allemands eux-mêmes sortent des prisons soviétiques, on ne voit pas que les Polonais soient libérés. Combien hypocrite apparaît, sous cet éclairage, la propagande communiste pour le retour à Varsovie ... C'est à l'émigration de prendre en main la cause des déportés polonais et de mener une action internationale. La réunion de St. Pancras Hall fut le signal d'une campagne menée auprès de tous les Polonais de Grande-Bretagne. Dans la salle bondét de Belle-Vue, à Manchester, eut lieu une n1anifestation d'une dignité mémorable : 7 .000 Polonais, réunis à cette occasion, écoutèrent deux discours, celui du général Anders, et celui du grand écrivain Zygmunt Nowakowski, mort voici moins de deux ans. La campagne lancée par notre radio à la fin de juillet 1955 atteignit rapidement les Polonais d'Amérique et les milieux de l'émigration
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