330 à le ressusciter à Alger ou ailleurs, cela ne change rien aux réalités profondes et n'atteste que l'imitation de la théâtromanie verbeuse caractérisant le déclin de la civilisation occidentale. Leurs manifestations sont exclusivement négatives, pas même explicites : contre le colonialisme défunt dont ils dilapident l'héritage, contre un impérialisme abstrait dont nul ne sait ce que parler veut dire, contre l'Europe d'où ils tirent tout ce qui leur manque, contre les Etats-Unis qui les comblent de bienfaits, de surplus, de crédits, de dollars, contre cet Occident qui leur fournit des verges pour le battre et, i_nsensément, des armes pour se combattre. Autant en emporte le vent. Les dix principes (sic) de Bandoêng sont un chiffon de papier au même titre que la Déclaration universelle des Droits de l'Homme. Ils n'ont pas empêché Asiates et Africains de s'entre-tuer de plus belle, à l'exemple des Européens tout au long de leur histoire. La baudruche afro-asiatique conçue dans les couloirs des Nations Unies s'est dégonflée d'elle-même sans la moindre intervention de l'extérieur, _ce qui ne gêne pas ses manipulateurs cyniques d'en accuser un « impérialisme » imaginaire. Pourtant ces imposteurs trouvent des complices à foison en Europe et en Amérique. La théâtromanie implique une autre manie, celle d'ériger des vedettes : quand il n'y en a pas, on les invente. Nos charlatans de la presse, de l'édition, de la radio et de la politique s'y entendent, à l'instar des maquilleurs et costumiers habiles à farder et vêtir des actrices quelconques pour en faire des étoiles. Si l'on en juge sur les œuvres, que reste-t-il à l'actif des premiers rôles de Bandoeng, pour ne rien dire des comparses ? Nehru, contempteur du matérialisme occidental, en paroles, n'a cessé de solliciter l'aide matérielle américaine, en pratique ; admirateur du régime soviétique stalinisé, il n'a pu se tenir sur la corde raide du neutralisme et, lors des massacres de Budapest, il a penché du côté des massacreurs ; cependant que l'Inde ne progressait pas d'un mètre dans la voie qui lui épargnerait les famines. Soekarno, adepte éhonté d'Hitler, impudemment rallié à Mao, est en échec devant son armée qui lui interdit de ravaler l'Indonésie au rang d'un satellite de la Chine. Nasser, devenu Führer d'un vague nazisme égyptien dénommé socialisme arabe, avec le concours de nazis allemands et soviétiques, est à couteaux tirés avec tous ses « frères » musuimans et essuie une défaite Bib·liotecaGino Bianco LE CONTRAT SOCIAL ignuminieusè au Yémen. Chou En-lai, comédien de l'aménité souriante à Bandoeng, a dû montrer son visage grimaçant, menaçant et repoussant en maintes autres circonstances. Telles furent les principales vedettes qu'une littérature et une réclame écœurantes ont présentées au public· occidental comme des personnages de grande envergure historique devant lesquels les Européens dégénérés, battus et contents, devraient s'incliner bien bas. Cui prodest ? , Feu le mythe de Bandoeng n'est pas séparable d'un autre mythe qui a la vie dure, celui du « tiers monde », non moins factice et trompeur, inventé par des têtes de linottes occidentales, inséparable aussi d'une fiction absurde, celle des « deux blocs ». Les blocs en question n'ayant jamais existé, il s'ensuit que le " « tiers monde » n'existe pas non plus en tant que « tiers ». Les Etats-Unis auraient pu, après la guerre, constituer sous leur égide sinon un bloc, du moins un ensemble de nations liées par des intérêts communs ; il aurait fallu à cet effet instituer des rapports économiques durables entre pays industriels et pays agraires non sou1nis au communisme ; au lieu de quoi le plan Marshall, d'une générosité sans précédent, a relevé des nations qui tournent le dos à l'Amérique et pactisent avec l'ennemi. De bloc, point de trace. L'Union soviétique a exercé une ré~lle hégémonie sur les « nations captives », mais une hégémonie n'est pas un bloc, et la preuve en est dans la dislocation consécutive à la mort de Staline. Quant au reste du monde, il se compose d'Etats disparates, les uns solidaires de la civilisation occidentale; les autres du despotisme oriental, mais la plupart s'efforçant de tirer avantage matériel et politique des antagonismes entre grandes puissances. La vision du monde en deux blocs et un tiers ne répond donc à aucune téalité, ne sert qu'à berner les gens, ne dessert que la pacification des peuples. Au profit de quoi et de qui ? Un malheur ne vient jamais seul, un mythe non plus, ni les fictions qui leur font cortège. Le mythe du panarabisme, la fiction d'une « nation arabe » campée du golfe Persique à l'océan Atlantique, on en a déjà fait justice ici même. Le mythe du panafricanisme, la fiction de « l'unité africaine » n'ont pas plus de consistance : on en montrera l'inanité à loisir. Mais , à chaque jour suffit sa peine, et son mythe. B. Souv ARINE.
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