B. SOUVARINE une défaite. Le compromis peut arrêter les pertes sur le champ de bataille, mais il constitue l'abandon des motifs ayant justifié l'entrée en guerre. ,. ,,*.,,. V INGT ANS APRÈS les accords de Potsdam vite emportés par le vent d'Est, quinze ans après la guerre de Corée terminée sur le compromis que Mac Arthur identifie à une défaite, années de confusion et d'improvisations qui, dans ce monde prévu « safe for democracy » par Roosevelt, laissent intacts et même aggravés les vrais problèmes à résoudre pour instaurer un ordre et une paix durables, les Etats-Unis sont seuls à lutter sur les positions stratégiques que les principales nations occidentales s'étaient conjointement engagées à défendre. Eux seuls tiennent en respect les forces soviétiques derrière le mur de Berlin dont ils ont eu le tort de tolérer l'érection par crainte irraisonnée d'une nouvelle guerre mondiale : Anglais et Français ne figurent là que pour la frime. Eux seuls essaient d'endiguer et de refouler la marée chinoise en Asie orientale comme si, brusquement, n'existait plus de guerre mondiale en perspective, mais néanmoins avec des précautions qui décèlent la crainte antérieure. Partout ailleurs où la violence subversive se déchaîne, où les victimes et les destructions s'accumulent, que ce soit en Asie, en Afrique, en Amérique pseudolatine, partout où le sang coule en abondance et où d'innombrables innocents périssent, les communistes sont à l'œuvre. Ils ont recruté des alliés actifs dans le fanatisme musulman et l'impérialisme pseudo-arabe, avec l'aide desquels ils provoquent ou alimentent des troubles sauvages dans maintes régions, naguère paisibles, d'Asie et d'Afrique. Quand ils n'étaient pas à l'origine d'une grande tragédie politique ou sociale, ils s'y introduisent aussitôt, l'exploitent, l'enveniment, l'élargissent, l'orientent et s'en emparent. Ils fournissent en quantités leurs armes modernes à des pays arriérés, même à des peuplades primitives, dont le niveau technique limitait jusqu'à présent la capacité de nuire à leurs semblables. Depuis leur immixtion dans le monde islamique, vrais et faux Arabes s'entre-tuent sans cesse au Proche-Orient et s'entre-massacrent sans pitié au Yémen, tandis qu'en Afrique des tribus et des clans s'entr'égorgent, s'entre-dépècent et s'entre-dévorent au nom du droit des colonies à disposer d'ellesmêmes. Les horreurs indicibles du cannibalisme au Congo, entretenues et attisées par Moscou et Pékin en émulation sordide, n'ont été enrayées Biblioteca Gino Bianco 213 que par une action salutaire des Belges et des Britanniques, certes condamnée par les vociférations communistes et réprouvée par les faux « intellectuels de gauche » qui s'en prennent intempestivement aux Américains, en marge des Nations Unies aussi impuissantes en l'occurrence que lors des agressions chinoises au Tibet et contre l'Inde. Les soi-disant Nations Unies ne servent que les ambitions et les manigances de l'ennemi . . ,, communiste, paracommun1ste ou apparente communiste, quoi qu'en disent les aveugles qui traitent des couleurs, les sourds volontaires intéressés à ne rien entendre et aussi les optimistes invétérés qui accordent par acte de foi au « parlement international » quelques mérites minuscules tirés par les cheveux. « Aucun Etat ne respecte les principes de la Charte », reconnaît Raymond Aron dans le Figaro du 28 juin dernier, · « aucun Etat ne s'abstient d'user de la menace de la force, aucun ne s'interdit l'ingérence dans les affaires intérieures des autres( ...). Aucun même ne respecte ce que l'on appelle le droit international. » Au regard de cette faillite frauduleuse, qu'importent des avantages infimes, à les supposer réels ? A présent la guerre fait rage au Vietnam où les Etats-Unis, cette fois sans mandat des Nations Unies silencieuses, résistent aux assauts qui mettent en péril le présent et l'avenir de toute l'Asie sud-orientale à court terme, le sort de l'Europe à plus longue échéance. Si par hypothèse naissait le moindre doute quant à la légitimité de l'intervention américaine dans la péninsule indochinoise, il serait dissipé che~ les gens sérieux par la réaction furibonde de Moscou et de Pékin, de leurs alliés et complices, de leurs clients et mercenaires, pour qui la conquête communiste seule est licite. Mais outre la question de principe, il y a comme toujours celle des voies et moyens qui suscite plus que des doutes, une véritable réprobation de nombreux spectateurs de tous calibres, gouvernements et individus, associations publiques et commentateurs professionnels ou amateurs. Une fois de plus, les responsabilités sont grandes à Washington des autorités qualifiées qui possèdent les moyens matériels de vaincre et renoncent aux moyens intellectuels de convaincre. Un autre Mac Arthur pourrait répéter de nos jours : « Le gouvernement [américain] ne faisait rien pour renseigner !>opinion », cependant que l'ennemi déploie à travers le monde une propagande effrénée et efficace contre les défenseurs de l'Occident qui se font tuer aux avantpostes en Extrême-Orient.
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