212 . de l'impérialisme communiste au monde libre », observera justement Mac Arthur, qui ajoute : « La timidité engendre les conflits que le courage évite. » (Ce n'était nullement le premier défi, mais il faut comprendre le « premier » sous forme d'agression militaire.) Toutes les fautes commises alors par les Américains, qui assumaient presque seuls la charge de la défense pour le compte des Nations Unies, sautaient aux yeux bien avant la publication des Mémoires de Mac Arthur, toutes ces fautes donnèrent à la Chine cause quasi gagnée d'avance, lui permettant de chanter victoire sans contrepartie adverse et incitant Mao, plus tard, à moquer urbi et orbi le « tigre de papier ». Les conséquences de tant d'inconséquences n'ont pas fini de peser sur les événements ultérieurs. On sait par Mac Arthur dont suivent des citations de ses Mémoires, que le State Departrnent avait privé d'artillerie, de tanks et d'aviation la Corée du Sud pour « l'empêcher d' attaquer celle du Nord · ». Quand l'invasion se produisit au contraire du Nord au Sud, Poster Dulles pensa que « notre inaction pendant que la Corée est occupée à la suite d'une attaque non provoquée entraînerait une guerre mondiale ». Mais ensuite la conduite des opérations se ressentit constamment de cette obsession d'une guerre mondiale, propagée par des politiciens ignares à Londres et à Paris, partagée par des délégations non moins ignares aux Nations Unies qui inventèrent la notion insensée du « sanctuaire » garantissant aux Chinois l'impunité de leur intervention directe. « L'esprit de résolution et de courage montré tout d'abord par Truman en décidant de relever le gant et de combattre le communisme en Asie était progressivement battu en brèche par ceux qui donnaient des conseils de cynisme et de prudence »; dit Mac Arthur. Influencé de la sorte, Truman finit par interdire de faire la guerre « comme on doit la faire : pour vaincre ». Les précisions et citations fournies par Mac Arthur à cet égard sont irréfutables. De Washington. ordres et contre-ordres se succédaient, paralysant l'armée américaine, favorisant les armées ennemies déjà servies par les indiscrétions et les renseignements qui filtraient tant des Nations Unies que de Londres et d'ailleurs. « Il est certain que le commandement ennemi est informé des ordres que j'ai reçus, autrement il ne se serait jamais risqué en force sur les ponts du Yalu », écrivait confidentiellement Mac Arthur à son chef d'état-major, au plus fort du combat. Moscou et Pékin auraient payé cher les informations qui leur venaient gratis, en particulier des Nations Unies, sans parler de celles que recueilBibliotecaGino Bianco LE CONTRAT SOCIAL laient trop aisément leurs services « spéciaux ». Même sans faire la part des trahisons caractérisées, jamais guerre impliquant un enjeu de telle importance ne s'est livrée dans des conditions pareilles. « Un souci se fait jour de plus en plus aux Nations Unies quant à la possibilité d'une guerre générale qui pourrait résulter d'une bataille importante avec les forces communistes chinoises », télégraphiait ingénument le haut étatmajor américain à Mac Arthur. Un autre message officiel disait que « la Corée serait un terrain mal choisi pour nous embarquer dans une grande guerre » et qu'il fallait réserver des troupes « en face de la menace croissante d'une guerre mondiale ». Mac Arthur a eu mille fois raison de répondre sur ce point : « J'ai toujours · pensé que la décision des Soviets de provoquer ou non une guerre mondiale dépend uniquement de leur évaluation de l'équilibre des forces respectives et qu'aucun autre facteur n'influe sérieusement sur leur détermination. » Le lamentable Attlee fut comblé de félicitations par tous les défaitistes de France et d'Angleterre, manœuvrés par les agents de l'ennemi, comme ayant, par ses pressions sur Truman, épargné au monde une catastrophe nucléaire. Ces quelques rappels aussi brefs que possible montrent assez les effets irréparables du chantage à la troisième guerre mondiale, prouvent aussi le rôle néfaste des Nations Unies en ces circonstances comme en beaucoup d'autres. On ne peut rien comprendre à la situation internationale actuelle si l'on oublie les leçons de la guerre de Corée, laquelle était vue à Washington comme une simple « opération de police ». La Chine, note Mac Arthur, « a tué cent cinquante mille Américains et plusieurs fois ce nombre de Sud-Coréens. Que doit-on, dès lors, appeler guerre ? » Il remarque très . pertine.µiment : « Le gouvernement ne faisait rien pour renseigner l'opinion », réflexion toujours actuelle, et l'on ne saurait que souscrire à ses affirmations énoncées en pleine lutte, bien avant ses Mémoires, « que c'est ici que nous défendons l'Europe avec nos armes tandis que les diplomates le font encore avec des mots ; que si nous perdons la guerre contre le communisme eJ;J.Asie, la chute de l'Europe est inévitable ; que si nous la gagnons, l'Europe évitera probablement la guerre tout en préservant ·sa liberté. » A quoi il ajoutera dans ses Mémoires : « Les faits ont démontré qu'on ne remplace la victoire que par le compromis à tout prix. Une grande nation qui entre en guerre et ne mène pas cell~-ci jusqu'à la victoire subit en réalité
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