Le Contrat Social - anno IX - n. 4 - lug.-ago. 1965

230 Nous nous trouvons donc devant les procédés immuables de « discussions » auxquelles Lyssenko et sa clique nous ont habitués depuis trente ans. Ces procédés font partie intégrante d'une certaine mentalité, mais cette fois elles sont au service de la défense et non plus de l'attaque. Quant au persécuteur de Lébédéva, Sizov, il adressa à la Komsomolskaïa Pravda une longue réfutation des accusations de Doudintsev (cf. Contrat social, mars-avril 1965). Voici quelques extraits de la réponse du journal : Sizov affirme que les faits, exposés· par Doudintsev, ne correspondent pas à la réalité ou bien sont mal interprétés. Selon lui, notre journal ne comprend pas la tâche précise confiée à l'Institut de la culture des plantes (VIR) et exige que cet établissement s'occupe de ce qui ne le regarde pas. La polyploïdie et les autres problèmes de génétique ne constituent point la mission principale du VIR. Nombre d'autres établissements sont chargés de ces problèmes. Ils sont mieux adaptés à ce travail, mieux équipés et peuvent assurément beaucoup mieux remplir cette tâche. Sizov ne voit donc aucun mal à ce que le VIR soit déchu de son ancienne renommée de centre le plus important en matière de recherche génétique. Or Jes autres savants ne partagent nullement son point de vue. Le professeur M. E. Lobachov, qui occupe la chaire de génétique et de sélection à l'Université de Léningrad, nous déclare à ce sujet : « Il ne reste rien de l'ancien rôle dirigeant du VIR dans ma spécialité. Il faut maintenant faire un effort énorme pour surmonter le retard pris par cet institut dans son opposition à toute nouveauté. » Un ancien collaborateur de Vavilov, celui-là même qui avait assisté, en 1940, à l'arrestation de ce dernier, est du même avis : Le professeur F. Kh. Bakhtéev, docteur ès sciences biologiques et directeur du musée de botanique de l'Académie des sciences, nous dit : « La pression directe des anciens dirigeants de la VASKhNIL a fait perdre au VIR l'une des premières places au monde dans l'étude de la culture des plantes et l'a rabaissé à un niveau- tout à fait inférieur. Actuellement, dans cet institut, le pouvoir administratif est entre les mains d'hommes, Sizov en tête, qui étouffent systématiquement tout ce qui est vivant. Dans ces conditions, plusieurs grands savants âgés (S. M. Boukassov, N. R. Ivanov, etc.) ne pouvaient manifester entièrement leurs capacités. Le VIR avait perdu le meilleur de sa substance ( ...). En fait, cet institut doit renaître de ses cendres. » Sizov proteste ensuite : « L'article en question m'accuse d'être contre la polyploïdie (...). Mais quelle est la réalité? Les opinions et les répugnances d'un savant ne peuvent être déduites que de ses déclarations écrites ou orales. Or, je ne me suis jamais prononcé contre la polyploïdie. » Il s'agit, là encore, d'un mensonge flagrant, car un collaborateur scientifique du VIR nous déclare : « I. A. Sizov était un ennemi acharné de la polyploïdie. Prenez par exemple son discours à la réunion des militants du Parti de l'institut en 1963. Il y traitait de mendéliens et de morganistes tous ceux qui BibliotecaGino Bianco L'EXPÉRIENCE COMMUNISTE étudiaient la polyploïdie, qui s'occupaient de sottises ( ...).. 11 s'en prenait violemment à un biologiste de Léningrad qui venait de publier un ouvrage de génétique. Mais je dois à la vérité de dire que je n'ai connaissance d'aucun cas où Sizov ait interdit administrativement ces recherches. Point d'ordres écrits. Sa pression s'exerçait de manière indirecte. » Encore un mensonge : La « réfutation » de Sizov porte : « Doudintsev affirme que Lébédéva avait acheté en Allemagne, de ses propres deniers, plus de 200 espèces de plantes pour en faire cadeau au VIR. Or, en réalité, elle n'avait apporté qu'un seul échantillon de semences d'une plante décorative. On se demande bien où sont passés les 199 autres échantillons. En fait, ils n'ont jamais existé.» Pourtant les catalogues du VIR portent la mention de plus de 200 échantillons de plantes reçues de Lébédéva. Sizov affirme ensuite qu'il est injustement accusé d'avoir empêché l'entrée de Lébédéva au VIR : « Lébédéva ne m'avait adressé aucune demande d'admission écrite ou verbale », dit-il. Or, M. I. Sytchev, qui à l'époque était instructeur du comité régional du Parti à Léningrad, nous avait écrit ceci : « Quand j'ai reçu des attestations favorables concernant les travaux de Lébédéva, je me suis occupé de sa situation. Pendant un mois, je me suis entretenu à plusieurs reprises à son sujet avec le directeur du VIR, I. A. Sizov. Il refusait catégoriquement d'admettre Lébédéva, affirmant qu'il n'y avait aucune place disponible. » Pareille accumulation de mensonges obligea la rédaction du journal à charger son corr~spondant de Léningrad de demander des explications à Sizov. Voici quelques échantillons de l'entretien : « Dans votre réfutation, vous soµtenez que le directeur de l'institut de cytologie, A. S. Trochine, au lieu de chercher une place pour Lébédéva et de se plaindre du VIR, aurait mieux fait d'engager celle-ci à son propre institut. Pourtant vous savez certainement que cet établissement s'occupe de la cellule animale et ne dispose pas d'un centimètre carré de terrain. » Et Sizov de répondre à cela : « Eh bien, ils auraient tout de même pu trouver une plate-bande pour elle. » Vous écrivez aussi : « La variété de pomme de terre de Lébédéva, lors des essais faits en 1964 par la commission d'essais des variétés nouvelles sur le terrain de Gatchina, avait donné, sur un hectare, une récolte de 20 à 50 quintaux inférieure à celle de trois autres variétés essayées en même temps. » Or, les procès-verbaux du terrain de Gatchina affirment que les hybrides de Lébédéva donnèrent la plus forte récolte de toutes les variétés essayées. Comment expliquer cette entorse à la vérité par votre lettre ? » Réponse de Sizov : « On m'avait fourni des renseignements inexacts. J'ai été moi-même trompé et je vous ai induit en erreur. » Quant au VIR lui-même, le correspondant , . ecrit : • Les gens qui connaissent depuis longtemps le VIR affirment qu'une atmosphère faite de circonspection, d'inimitié mutuelle, de peur de toute franchise s'est installée très nettement depuis la nomination de Sizov au poste de directeur. De plus, l'ambiance qui règne au VIR ne contribue pas à favoriser la conscience scientifique. ..

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