E. DELIMARS ges publiés en 1953 et 1956. Son activité d'alors fournit d'ailleurs aux lyssenkoviens une nouvelle raison de brocarder Doubinine : « Drôle de généticien, qui ne s'occupe que de petits oiseaux chanteurs. » Mais le développement de l'industrie atomique et la première éclipse de Lyssenko permirent enfin le rappel de Doubinine. En 1955, il fut mis à la tête d'un laboratoire chargé d'étudier les répercussions génétiques de la radioactivité à l'institut de biophysique de l'Académie des sciences. Mais les ravages infligés par Lyssenko à la génétique soviétique étaient déjà tels qu'il était impossible de trouver une mouche drosophile dans un des nombreux laboratoires du pays. C'est l'académicien Artsimovitch, physicien délégué à un congrès international d'énergie atomique, qui rapporta enfin de l'étranger quelques spécimens de l'insecte, si nécessaire à Doubinine pour ses travaux. Quelque temps plus tard, l'Académie des sciences chargea ce dernier de créer l'institut de génétique et de cytologie près sa filiale sibérienne. On sait comment cette nomination fut accueillie par Khrouchtchev (cf. Contrat social, mars 1960, p. 88). En 1959, Doubinine dut, « de son propre gré », abandonner son poste de directeur du nouvel institut et regagner l'institut de biophysique où il travaille encore. Dans le climat antikhrouchtchévien d'aujourd'hui, la « direction collégiale » semble d'ailleurs disposée à accorder des réparations non seulement aux victimes de Lyssenko, mais à ses partisans qui eurent à souffrir des sautes d'humeur de Khrouchtchev. Ainsi P. A. Vlassiouk, lyssenkovien orthodoxe, mais qui fut pris violemment à partie par l'ex-premier secrétaire le 22 décembre 1963 et qui, de ce fait, avait perdu la présidence de l'Académie d'agriculture de l'Ukraine (cf. Contrat social, mars-avril 1964, p. 92), vient d'être décoré de l'ordre du Drapeau rouge du travail à l'occasion de son soixantième anniversaire (Izvestia, 21 mars 1965). On ignore encore le sort des académiciens Laptev et Démidov, exclus de la VASKhNIL par ordre de Khrouchtchev. •*,,. QUANT AUX CRÉATURES de Lyssenko, leur sort n'est guère enviable. C'est à leur tour de sentir les inconvénients d'un renversement de la vapeur dans la politique du Parti. Soumis à la discipline communiste, ils sont invités à faire leur mea-culpa et à professer les croyances du jour. Une nouvelle génération de marranes est en train de naître. Biblioteca Gino Bianco 229 Habitués depuis tant d'années à se poser en censeurs implacables de tous les non-mitchouriniens, d'écraser leurs adversaires sous une avalanche d'accusations, de leur reprocher de trahir le matérialisme dialectique, ils se trouvent aujourd'hui à leur tour en posture d'accusés. Ils s'indignent de ce que leurs adversaires usent des mêmes armes que les lyssenkoviens maniaient depuis 1948 au moins. Ainsi, pris à partie par la Komsomolskaïa Pravda à propos d'un certain Simionov, directeur d'un sovkhoze, qui avait réussi à créer une variété de froment à haut . rendement, mais à laquelle la VASKhNIL déniait toute valeur, Olchanski joue les victimes. Pendant l'été de 1964, il écrit : Il est lamentable de constater que certains savants substituent le mensonge aux libres discussions entre camarades, qui contribuent à la rolution des problèmes à l'ordre du jour, et remplacent les arguments et les preuves par de fausses allégations et par la calomnie. Leurs attaques ne constituent point des objections scientifiques sérieuses, où un fait est opposé à un autre fait et un argument réfuté par un argument contraire. Non, ça ne se passe pas ainsi. Au fond, tout se réduit à nier en bloc, de manière arbitraire, selon la méthode chère à ce personnage de Tchékhov qui affirmait : « Cela ne peut être car cela ne peut jamais se produire » ... Les attaques contre les mitchouriniens apportent de l'eau au moulin de ceux qui cherchent à affaiblir les positions matérialistes de la science soviétique. Une telle « critique » est grandement nuisible à l'éducation de la jeunesse (Komsomolskaïa Pravda) 19 nov. 1964). Une conférence s'était tenue le 24 juillet 1964 au ministère de !'Agriculture de !'U.R.S.S., pour discuter de l'affaire Simionov et en tirer toutes les conséquences logiques. Le vice-ministr~e l 'Agriculture, Nazarenko, y avait déclaré : La Komsomolskaïa Pravda avait calomnié les plus éminents savants soviétiques en les présentant comme des bureaucrates, comme des hommes durs, inhumains, insensibles (...). Les procédés de Simionov n,ont rien donné et l'opinion publique fut alertée à tort par ce journal (...). T. D. Lyssenko était depuis toujours au centre même de toutes les bagarres contre les morganistes. Or il faut voir en quels termes le dépeignait ce journal! Pourtant ses mérites devant le peuple et devant le pays sont connus de tous. Olchanski renchérissait à son tour : Je ne sais pas ce qu,il faut faire pour les savants enduits de suie par ce journal 1 • On a craché à la figure de Lyssenko et Morozov trouve que le malheur n'est pas bien grand (...). Si je suis calomnié, pourquoi mon détracteur devrait-il demeurer impuni ? ( J bid.) 3. Clicb6 courant en U.R.S.S., synonyme de « d6ahonorer ... Let paysans l'UIICII enduisaient de aoudron et de suie les portes d'un voisin dont la ftlle avait commia une « faute •·
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